François Fillon, éternel second de la droite, se prépare au premier tour de la primaire de la droite et du centre. Si l’ancien Premier ministre doit rivaliser avec les favoris de la primaire, il se dit « sûr de passer le premier tour » et prêt à affronter le second tour.
Fillon souhaite se démarquer tant de Nicolas Sarkozy, dont le programme « n’est pas à la hauteur du temps », que d’Alain Juppé, dont les propositions « ne permettront pas de redresser le pays » rapidement. Sarkozy représenterait un « retour en arrière », Juppé a été défini comme « de la tisane », Hollande n’a pas été « assez courageux ». L’ancien Premier ministre, qui cherche à s’imposer et à obtenir de la visibilité face à ses rivaux, a publié en septembre dernier Vaincre le totalitarisme islamique, essai sur les problématiques de radicalisation à l’origine de la vague d’attentats qui ont frappé la France. Mais quelles sont les propositions de Fillon pour la course à l’Elysée ?
Sa carrière politique en 5 dates
- 1981 : François Fillon commence sa carrière politique très jeune et devient député de la Sarthe à l’âge de 27 ans.
- 1993 : il entre pour la première fois au gouvernement : il est le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche dans le gouvernement Balladur.
- 1995 : Fillon continue à jouer un rôle important au sein des gouvernements de droite : il est ministre des Technologies de l’information et de la Poste et devient ministre de l’Education nationale.
- printemps 2007 : suite à la victoire de Nicolas Sarkozy, qu’il a ardemment soutenu pendant toute sa campagne, il est nommé Premier ministre.
- novembre 2007 : Fillon, qui vit dans l’ombre du président de la République, est souvent critiqué par celui-ci. Sarkozy déclare, lors d’une rencontre avec la presse, que « le Premier ministre est un collaborateur, le patron, c’est moi ».
Ses forces
La principale force de Fillon est sans aucun doute son programme économique : ses propositions sont raisonnées et pondérées, les mesures sont concrètes et sérieuses. L’ancien Premier ministre propose également des mesures strictes, afin de redresser le pays et le ramener à une situation économique stable et à la croissance. Il s’agit d’objectifs concrets : Fillon compte « atteindre un taux de chômage inférieur à 7% en 5 ans ». Il propose également un programme plus général de modernisation de l’économie française, pour que le pays soit à nouveau compétitif sur la scène internationale.
En ce qui concerne les questions identitaires, Fillon peut rassembler autour de la lutte au terrorisme. Le candidat à la primaire de la droite parle de « totalitarisme islamique » dans son nouveau livre, et définit l’« invasion sanglante de l’islamisme » comme un danger qui menace le monde occidental. Selon lui, les dirigeants européens n’ont pas pris conscience de la gravité des conséquences que la déstabilisation du Moyen-Orient peut avoir sur le vieux continent.
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Ses faiblesses
Aux yeux de nombre d’électeurs, Fillon reste le « collaborateur » de Sarkozy : si l’ancien Premier ministre s’est laissé faire lorsqu’il était au gouvernement, comment pourra-t-il s’imposer à l’Elysée ? D’ailleurs, ceux parmi les sympathisants de la droite qui n’aiment pas Sarkozy pourraient difficilement voter pour une figure politique qui a été l’un de ses alliés les plus convaincus.
François Fillon, considéré par les électeurs comme un homme politique sérieux et cohérent, inspire confiance aux Français grâce à son programme économique raisonné. Il lui manque cependant l’élan nécessaire pour convaincre un grand pourcentage d’électeurs : ses propos sont moins percutants que ceux de Nicolas Sarkozy et il tend à disparaître dans l’ombre de l’« hyper-président ».
L’ancien Premier ministre, beaucoup moins présent dans les médias par rapport à ses principaux concurrents, ne parle pas aux jeunes, qui n’arrivent pas à se reconnaître dans son programme austère et dans son manque de charisme.
Ses principales propositions
La priorité de François Fillon est le redressement économique de la France, qui passe à travers une modernisation et une inévitable précarisation du marché du travail. En s’inspirant des modèles de l’Allemagne et du Royaume-Uni, Fillon veut atteindre le « plein emploi » en 5 ans, avec un taux de chômage inférieur à 7%. Le candidat à la primaire propose également de déplacer l’âge de la retraite à 65 ans, une mesure considérée nécessaire pour redresser le pays.
Si l’emploi est l’enjeu principal, le combat contre le terrorisme est également un des points clés de son programme. Fidèle à ses propos, il propose, dans son livre, d’éliminer la menace terroriste grâce aux mesures déjà existantes dans le Code pénal et à des dispositions supplémentaires en cas de nouveaux attentats.
François Fillon s’engage aussi sur un autre thème qui lui tient à cœur : la Manif pour tous. Si l’ancien Premier ministre ne souhaite pas revenir sur le principe des unions homosexuelles, il considère nécessaire une réforme de la filiation, afin de « tenir compte de la modification de l’institution du mariage ». En clair, le candidat s’oppose aux adoptions par des couples homosexuels, ainsi qu’aux pratiques de GPA.
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Que peut-il espérer de cette primaire ?
François Fillon cherche sans doute à obtenir la confiance des Français, grâce à son programme économique et à son pragmatisme politique. Cependant, il doit surtout regagner en visibilité : l’éternel second de la droite n’a pas l’arrogance des propos frappants de Nicolas Sarkozy, ni la force du « renouveau » de Le Maire, ni la capacité de rassembler au-delà des clivages politiques de Juppé. S’il veut avoir des chances de passer le premier tour, François Fillon devra se démarquer de ses rivaux et trouver une ligne qui lui corresponde et qui l’identifie clairement pour émerger.
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