Alors qu’une mission parlementaire doit rendre aujourd’hui un rapport sur la légalisation du cannabis, le député François-Michel Lambert a illustré son discours pro-légalisation en brandissant, hier, un joint en plein hémicycle.
Membre du groupe Libertés et Territoires, le député François-Michel Lambert s’exprimait hier sur la situation légale du cannabis en France. Ce dernier estime que la politique actuelle est un échec total et dénonce une « politique de l’autruche ». En louant les pays qui « ont fait le choix d’affronter le problème », le député prône la légalisation du cannabis. Cela « permettrait de garantir aux consommateurs des produits contrôlés» ainsi que «d’assécher les trafics». Il appuie ses propos en sortant un joint, provoquant la colère du président de l’Assemblée Nationale Richard Ferrand et du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Une politique ultra-répressive
Contrairement à plusieurs de ses voisins européens, la France et le gouvernement Macron a fait le choix d’une politique ultra-répressive. Entre 2012 et 2018, le budget alloué à la gendarmerie et aux douanes pour la lutte contre la drogue a doublé pour atteindre 1,08 milliards d’euros annuels.
De plus, depuis septembre, une amende de 200 euros est mise en place pour la consommation de cannabis.
Le rapport dénonce le comportement de l’État, qui « assiste de manière impuissante à la banalisation du cannabis chez les jeunes et à la détérioration de la sécurité ». La légalisation permettrait de reprendre le contrôle face aux trafiquants, afin de mieux protéger les mineurs. En effet, ce sont ces derniers qui sont le plus vulnérables face au cannabis. Plus l’on fume jeune, plus le risque de troubles schizophrène, anxieux et dépressifs.
« Une légalisation régulée, c’est le meilleur moyen de reprendre le contrôle et de protéger les français », résume Caroline Janvier, la députée LREM qui a coordonné ce travail.
Surtout que la France est le pays européen qui consomme le plus de cannabis. On compte 5 millions d’usagers annuels et 900 000 usagers quotidiens. De plus, la part des mineurs consommateurs est deux fois supérieure à la moyenne.
Ces politiques de prohibition totale sont donc vouées à l’échec. Ce sont d’ailleurs les consommateurs qui sont le plus pénalisés. Sur 160 000 infractions sur les stupéfiants en 2020, 81% concernent l’usage. Le rapport fait aussi état des défis posés par une légalisation du cannabis. Moins dangereux que l’alcool et le tabac pour les adultes, ce sont les mineurs qu’il faut protéger de toute urgence.
Selon les estimations du rapport, la légalisation permettrait de faire 2 milliards d’euros de recettes fiscales. Cela permettrait de financer une réelle « politique de réduction des risques et d’arrêter de faire la guerre à l’usager pour réorienter réellement la police vers la lutte contre les trafics », ajoute Caroline Janvier.