Avant même d’avoir commencé, la coupe de la Ligue saison 2016-2017 a déjà beaucoup fait parler d’elle dans le petit monde du football. Finale délocalisée en province, prolongations supprimées, rachat par Canal+ : tout est fait tout pour rendre la compétition plus attractive. Ce sera difficile, la coupe de la Ligue ayant toujours eu une place peu enviable dans le football français.
22 ans après son apparition, elle a toujours un goût d’artificiel. Deux tours préliminaires, des « 16e de finale » qui ne comportent en fait que 10 matches, et une protection des clubs qui jouent les coupes d’Europe. Ceci est un résumé assez fidèle de la coupe de la Ligue. Loin de la légendaire coupe de France, avec ses innombrables épopées de clubs amateurs qui dominent les plus professionnels, et son système on ne peut plus simple d’élimination directe, tour à tour. En face, la coupe de la Ligue, enfant de la Ligue de football professionnel (LFP), n’a toujours pas trouvé son public.
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Avant d’apparaître dans sa forme actuelle en 1994, la compétition a existé sous diverses formes dans les années 60 et 80, à chaque fois sans véritable succès. Alors, pour rapporter plus d’argent, la LFP décide de faire jouer plus de rencontres aux clubs professionnels (Ligue 1, Ligue 2 et National la saison suivant la descente de Ligue 2). L’argent, il vient de l’explosion des droits de diffusion qui suit le cours de la nouvelle compétition. Si la coupe de la Ligue est un succès financier certain, son succès populaire est loin des attentes de la LFP.
Le pari manqué du copiage de l’Angleterre
La « CDL », c’est d’abord vu comme une surexposition des clubs bankables, c’est-à-dire qui jouent les compétitions européennes. Ceux-ci ne disputent pas les 16e de finale, et n’ont que quatre matches à gagner pour disputer la Ligue Europa. À la fois raccourci pour l’Europe et surpoids dans le calendrier des clubs, la coupe de la Ligue possède encore un statut bâtard dans la saison footballistique. Alors bien sûr, il y a la comparaison avec les autres coupes de la Ligue en Europe, comme en Angleterre. Là-bas, où elle existe depuis 1961 (et sans discontinuité), elle se nomme Capital One Cup. Mais là-bas, elle a su se nicher entre la Premier League et la FA Cup (équivalent de la coupe de France), ce qui n’est pas du tout le cas en France.
Mais dans le même temps, impossible pour les clubs français de la boycotter, tellement elle leur rapporte d’argent. Alors pour sortir de cette oligarchie de la « CDL », que n’aide pas le Paris Saint-Germain en écrasant la compétition depuis trois ans, la LFP a sorti les grands moyens, en supprimant les prolongations, sauf celles de la finale. Le but : rendre les matches plus attractifs et dynamisants. À voir. Il peut aussi biaiser les matches, comme le journaliste Julien Choquet le souligne dans le tweet ci-dessus. Il y aussi la délocalisation dans une ville de province (Bordeaux, Lille et Lyon sont en course). Vu le peu d’intérêt que ce trophée suscite, remplir le stade Pierre-Mauroy ou le Matmut Atlantique ne devrait cependant pas poser de problème. Après, tout ce n’est jamais que du foot !
Photo de Une : © Cyril Moreau/Bestimage