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Centrafrique : En-quoi les exactions de la milice Wagner aggravent la situation ?

Passages à tabac, meurtres, tortures… Un rapport de l’ONG Human Rights Watch accuse les mercenaires russes de la milice Wagner de crimes contre la population centrafricaine.

Dans un rapport publié mardi 3 mai, l’ONG Human Rights Watch accuse des paramilitaires russes de « graves abus » sur des civils en Centrafrique. Ces mercenaires appartiendraient à la compagnie de sécurité privée Wagner et soutiennent le pouvoir en place. Depuis 2013, ce pays parmi les plus pauvres du monde est en guerre civile. Arrivés en 2018 pour aider le président Faustin Archange Touadéra, de nouveaux mercenaires russes rejoignent le pays d’Afrique pour contrer une offensive rebelle fin 2020 à la demande du président auprès de Moscou. Grâce à cette milice Wagner, les groupes armés ont été chassés d’une majorité des territoires qu’ils occupaient.

Des accusations graves

Ida Sawyer, directrice de la division Crises et Conflits à Human Rights Watch, accuse ces paramilitaires de commettre des crimes contre la population centrafricaine. Dans son rapport de 13 pages s’appuyant sur des témoignages de victimes et proches, l’ONG accuse « des forces identifiées par des témoins comme étant russes qui semblent avoir sommairement exécuté, torturé et battu des civils depuis 2019 ». Le rapport détaille dans un texte glaçant l’exécution par des douze hommes non armés qui se tenaient à un barrage routier près de Bossangoa, à 300 km de la capitale. Après un passage à tabac, tous sont tués d’une balle dans la tête. Pour HRW, des liens existent manifestement entre ces mercenaires et le gouvernement russe. De son côté, Moscou affirme que ces paramilitaires russes ne sont pas armés et sont envoyés pour former les soldats centrafricains. Le ministère russe des Affaires étrangères et le gouvernement centrafricain n’ont pas répondu aux sollicitations de Human Rights Watch.

La Centrafrique, instable depuis 2003

La situation en Centrafrique est très tendue depuis le début des années 2000. En 2003, François Bozizé fait un coup d’état et s’empare du pouvoir. En 2004, une rébellion se forme autour de Michel Djotodia. L’Union des forces démocratiques pour le rassemblement lance son premier raid en novembre 2004 sur la ville de Birao. Le 30 octobre 2006, la rébellion prend le contrôle de la ville avant de s’emparer de Sam-Ouandja. L’armée française stoppe son avancée. En 2007, un accord de paix est signé mais la tension reste maximum. Un nouveau gouvernement d’union nationale est formé en 2010, mais les combats reprennent en 2012. La nouvelle coalition rebelle de Séléka prend le contrôle de plusieurs villes dans le pays. Les rebelles attaquent Bangui le 23 mars 2013, chassent François Bozizé du palais et reprennent le pouvoir. Michel Djotodia s’auto-proclame président.

L’ONU apporte son aide

L’Etat ne parvient pas à faire régner l’ordre et les combats continuent. Les massacres se multiplient contre les civils musulmans ou chrétiens. Le conflit devient confessionnel. Entre mars et juin 2013, la milice musulmane Séléka détruit 34 villages. Des dizaines de civils, dont des enfants, sont abattus. Le 7 septembre, Michel Djotodia déclare dissoudre la Seleka après le meurtre de 2 membres d’une ONG française mais les miliciens refusent de poser les armes. Dans le même temps, des villageois montent des milices d’auto-défense : les anti-balaka. Le pays bascule totalement dans la guerre civile. La situation est extrêmement critique et l’ONU autorise le 5 décembre 2013 « le déploiement de la Mission Internationale de Soutien à la Centrafrique (MISCA) » pour mettre fin à « la faillite totale de l’ordre publique. » Cette mission est soutenue par des forces françaises avec l’envoi de 1200 soldats. Le 10 janvier 2014, Michel Djotodia et son premier ministre démissionnent. Catherine Samba-Panza le remplace. Les massacres continuent au début de l’année 2013. Les anti-balaka et les Séléka tuent des centaines de civils musulmans et chrétiens jusqu’en juin 2014.

Tentatives de cesser les combats

Le 23 juillet, un accord de cessation des hostilités est signé. Après 3 jours de négociations, les Séléka, les anti-balaka et d’autres délégués approuvent le texte à Brazzaville. Mais 2 factions des Séléka refusent l’accord et le général Joseph Zoundéko réclame la partition de la République centrafricaine. Le 10 mai 2015, après plusieurs mois de négociations, la Seleka et les anti-balaka signent un accord de désarmement, de démobilisation et de réinsertion. Le pays n’est officiellement plus en guerre mais les violences se poursuivent pourtant en aout, avec notamment 2 soldats français morts au combat. Les violences diminuent à partir de septembre mais le pays est, encore aujourd’hui, toujours très instable.

A lire aussi : C’est quoi exactement cette mystérieuse « milice Wagner », proche du pouvoir russe ? | VL Média (vl-media.fr)

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