Thomas Gibson, star d’Esprits Criminels depuis 2005, est au Festival de Monte-Carlo cette semaine. L’occasion de se pencher sur son parcours et de revenir sur les séries qui l’ont propulsées sur le devant de la scène.
La raison pour laquelle Thomas Gibson nous est familier ne tient pas uniquement à sa présence en tête d’affiche d’Esprits Criminels depuis 11 saisons dans le rôle de Aaron Hotchner. Certes c’est le rôle où l’acteur aura le plus eu le temps de s’épanouir et de montrer les facettes de son talent, mais Thomas Gibson est un comédien moins coincé que ne pourrait le laisser penser son jeu plein de rectitude et d’intériorisation qui sied à merveille à un personnage tourmenté, hanté par les images qu’il voit chaque jour et aux prises avec les abîmes vertigineuses de l’âme humaine. Avant de devenir Hotch, Gibson a étoffé un CV intéressant tant au cinéma qu’à la télévision. Elève de la prestigieuse école d’Art dramatique Julliard School, c’est tout d’abord au théâtre qu’il s’illustre avant de débuter à la télévision où il joue entre 1987 et 1990 dans trois daytime soap très célèbres, Haine et Passion d’abord, As the world Turns ensuite puis Another World. Ecole de la rigueur et de la rapidité pour de très nombreux comédiens, les daytime sont depuis longtemps les places fortes pour s’aguerrir. Au sortir de ces expériences l’acteur intègre la distribution du film Horizons lointains réalisé par Ron Howard avec le couple Tom Cruise-Nicole Kidman en 1992 puis dans Le temps de l’Innocence de Martin Scorsese l’année d’après. De très belles auspices à une carrière grandiose sur grand écran mais ces deux rôles ne sont pas suffisamment étoffés pour susciter la gourmandise des directeurs de casting.
En 1993, pour la télévision, il est également dans Les Chroniques de San Francisco d’après les best-sellers d’Armistead Maupin (il sera aussi en 1998 dans Les Nouvelles Chroniques de San Francisco) mais son premier grand rôle dans un drama d’envergure, il le trouve en 1994 lorsqu’il intègre la distribution chorale de Chicago Hope (La vie à tout prix) où il joue le rôle du Docteur Daniel Nyland, médecin talentueux et arrogant. Lancée en même temps qu’Urgences, Chicago Hope n’a pas connu le succès en France, mais elle durera six saisons aux Etats-Unis. Remarquable dans son traitement de la médecine, la précision chirurgicale (difficile de résister au jeu de mots) et l’intensité de ses scénarios et sur les thématiques abordées (la médecine de pointe, l’éthique…), Chicago Hope cornaquée par David E. Kelley permet à Thomas Gibson de faire son trou au milieu d’un casting hétéroclite entre comédiens confirmés (E.G Marshall, Adam Arkin, Hector Helizondo…) et jeunes pousses prometteurs (Peter Berg, Christine Lahti, Jayne Brook…) C’est aussi dans cette série que Gibson est amené à travailler pour la première fois avec Mandy Patinkin plus de dix ans avant qu’ils ne se retrouvent sur Esprits Criminels. Gibson restera dans la série durant trois saisons et à l’automne suivant il décroche son nouveau hit avec une sitcom réjouissante : Dharma & Greg.
Dans Dharma & Greg, Thomas Gibson a pour partenaire la très belle et pétillante Jenna Elfman. Dans cette comédie co-créée par Chuck Lorre (Mon oncle Charlie), il interprète Greg Montgomery, un procureur issu d’un milieu très conservateur et bourgeois, qui rencontre Dharma une fille de hippies, professeur de yoga fantasque. Ils tombent instantanément amoureux et se marient le jour-même de leur rencontre. Si un couple aussi dissemblable ne peut faire que des étincelles, c’est sans compter également sur la confrontation entre les parents des deux tourtereaux dont les conceptions sur TOUT sont diamétralement opposées, ce qui nous vaut de réjouissants numéros de comédie. Drôle et virevoltante, Gibson prouve qu’il peut tout à fait être à l’aise dans la comédie et qu’il est un acteur plus nuancé qu’il n’y parait de prime abord. Dharma & Greg durera 5 saisons pour 119 épisodes et l’acteur s’illustrera à deux reprises comme réalisateur. Durant la production de la série, Thomas Gibson est embauché par le géant Stanley Kubrick pour être en 1999 dans son dernier film Eyes Wide Shut, où il retrouve le couple Cruise-Kidman rencontré sur Horizons lointains. Ce sera son dernier rôle véritablement notable au grand écran jusqu’à aujourd’hui, les autres films dans lesquels il apparaît ne marquant pas vraiment les mémoires.
En 2005, il est embauché dans Esprits Criminels qui devient son plus grand succès. Si c’est Mandy Patinkin, (qu’il retrouve après leur expérience commune sur Chicago Hope) qui est sensé être la star de la série, le départ précipité de l’acteur au bout de deux saisons va quelque peu modifier la donne. En effet, Patinkin (dont Gibson a tancé publiquement le peu d’élégance dans sa façon de quitter le show) est remplacé par Joe Montegna qui ne déméritera pas mais Thomas Gibson va peu à peu devenir la figure de proue du navire Esprits Criminels dans lequel il s’investit grandement et où il continue de prouver à 53 ans, que sa carrière à la télévision n’a rien d’un parcours par défaut. Autant dire que sa venue à Monte-Carlo et l’enthousiasme des fans à son apparition sont des preuves supplémentaires que l’acteur est au zénith d’une popularité sans failles.