
Depuis quelque temps, un nouveau type de contenu très particulier est visible sur les réseaux sociaux. Et pourtant, il s’est répandu à une vitesse folle.
L’origine du terme
Nommé mot de l’année 2024 par l’Oxford University Press, le terme brainrot trouve pourtant son origine au XIXe siècle, en 1854 pour être plus précis, dans le livre Walden de l’auteur américain Henry David Thoreau. Il fait son apparition sur internet pour la première fois en 2004, et est par la suite utilisé à de multiples reprises, notamment sur Twitter, pour faire référence aux jeux télévisés de rencontre. Ce n’est réellement qu’en 2023 que l’expression explose et que le brainrot se démocratise.
Illustrer le tourbillon mental
Est-ce que ça vous est déjà arrivé de rire à une blague très nulle ou juste complètement absurde ? De sentir tant de débilité au centimètre carré que vos neurones se désintègrent et s’effondrent sur eux-mêmes, tels des étoiles en fin de vie ? Eh bien c’est ça, le brainrot. C’est un contenu complètement absurde, où plus rien n’a de sens. Il n’y a absolument aucune – mais alors vraiment aucune – réflexion. C’est l’humour d’internet à son paroxysme. Non pas parce qu’il n’y a pas de réflection, mais parce que la réalité, sur les réseaux sociaux, peut maintenant, grâce à l’IA, être complètement détournée, modifiée, manipulée.
Le brainrot, ce n’est ni plus ni moins que l’illustration de ce qui se passe dans notre cerveau. Comme les autres formes d’expression graphique, c’est le reflet du tourbillon mental qui anime certains.
Alors d’accord, il est difficile d’admettre qu’on peut comparer Tralalelo Tralala et Le Cri, d’Edvard Munch. Et pourtant, les deux illustrent un ressenti. Le Cri, celui de l’horreur, de la panique, et Tralalelo Tralala, celui de l’absurde, de la fatigue mentale, de la perte de repères.
Parce que c’est ça, finalement, le brainrot : c’est illustrer les effets psychologiques que les réseaux sociaux ont sur leurs utilisateurs. C’est, en quelque sorte, cathartique de pouvoir en rire, puisque cela rappelle la fatigue qu’on ressent, lorsqu’on doomscrolle comme un zombie pendant des heures.
Ça permet finalement de prendre un peu de recul. Et en ayant quelque chose d’activement, et indubitablement, absurde et irréaliste, on établit un repère. Quelque chose de non contestable. Et ce repère permet de prendre de la distance : on sait désormais de quoi on veut s’éloigner, quand on veut prendre de la distance avec les réseaux.