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C’était il y a 35 ans : la mort de Malik Oussekine

Disney va lancer sa série sur l’histoire tragique de Malik Oussekine. Mais que s’est-il passé dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986 ?

Dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, les émeutes font rage à Paris. En effet, nous sommes en pleine période de contestation étudiante contre le projet de réforme universitaire Devaquet. Ce soir là, le jeune Malik Oussekine se promène dans Paris et rentre chez lui, il sort d’un club de jazz. Sur le trajet, il est pris en chasse par des CRS sur une moto. Affolé, il tentera de se réfugier dans le hall d’un immeuble mais les CRS le retrouveront et le frapperont avec une violence inouïe. Malik décédera sous les coups de ses assaillants, à seulement 22 ans.

Un contexte extrêmement tendu

En 1986, le ministre de l’enseignement supérieur de l’époque Alain Devaquet présente un projet de loi visant à réformer les universités françaises. Ce projet de loi très controversé prévoyait notamment plus d’autonomie pour les universités, notamment en matière de sélection des étudiants. L’un des objectifs était de sélectionner les étudiants à l’entrée des universités, afin de les mettre en concurrence. En fait, le projet donnait la possibilité aux université de définir elles-mêmes les conditions d’entrée à leurs différentes formations, de fixer librement les frais d’inscription, de choisir leurs propres méthodes de formation mais aussi de choisir elles-mêmes les diplômes qu’elles souhaitaient décerner.

 » Dans l’enseignement supérieur, le principe d’autonomie doit être définitivement concrétisé tant à l’entrée — au moment de la sélection des étudiants — qu’à la sortie — au moment de la délivrance des diplômes. « 

Déclaration du premier ministre Jacques Chirac, dans un discours devant l’Assemblée National le 9 avril 1986

 » L’autonomie doit aller de pair avec un allègement des structures universitaires. Cette rénovation de l’Université suppose l’engagement sans réticences de tous les enseignants et chercheurs de l’enseignement supérieur  » ajoutait également Jacques Chirac dans son discours présentant l’objectif de ce projet. Problème, ce projet de loi se focalisait entièrement sur le rôle des enseignants et chercheurs de l’université et semblait oublier la situation des étudiants. Se sentant relativement délaissés par ces nouvelles réformes, une grande partie des étudiants se sont donc profondément révoltés contre celles-ci.

Ce projet de loi a donc été très mal reçu par les étudiants et a donné lieu à des manifestations de grande ampleur en novembre et décembre 1986. Il a finalement été retiré le 8 décembre 1986, même si la sélection dans les études supérieures et la concurrence entre les universités a finalement été instauré progressivement au fil du temps…

Malik Oussekine, victime d’une spirale de la violence

D’origine algérienne et né le 16 octobre 1964, Malik Oussekine avait perdu son père en 1978, un homme qui avait combattu dans les troupes françaises durant la seconde guerre mondiale. Etudiant dans l’immobilier au moment du drame, le jeune de 22 ans avait aussi pour projet de devenir prêtre.   » Il voulait devenir prêtre jésuite et il avait toujours sa Bible sur lui  » expliquait sa soeur Sarah Nassera. Par ailleurs, le jeune garçon avait également des problèmes de santé, il souffrait d’insuffisance rénale et recevait donc régulièrement une dialyse à l’hôpital. Passionné de musique mais aussi amateur de sport, Malik aimait jouer au basket-ball et adorait jouer de la guitare. Il a d’ailleurs longtemps voulu faire sa vie dans la musique.

Justement, le soir des faits, Malik Oussekine revenait d’un club de jazz qu’il avait souvent l’habitude de fréquenter. Dans le même temps, les CRS avaient reçu l’ordre d’évacuer vers une heure du matin des étudiants qui dormaient à l’intérieur de la Sorbonne. En seulement 20 minutes, les étudiants étaient sortis de la Sorbonne et n’avaient manifesté aucun signe de rébellion. Cependant, un autre ordre avait été donné à une unité spéciale, les  » voltigeurs motocyclistes « , pour chasser des  » casseurs  » au Quartier latin et  » nettoyer  » les rues. Ces policiers faisaient partie du peloton de voltigeurs motoportés, une brigade de policiers à moto créée après mai 68 pour remettre de l’ordre dans les manifestations. Ensuite, ces voltigeurs avaient été remis en service par Robert Pandraud, ministre délégué à la Sécurité auprès du ministre de l’Intérieur, Charles Pasqua.

En pleine rue, trois de ces voltigeurs en moto ont donc repéré Malik Oussekine et ont décidé de le pourchasser. En panique, le jeune homme a cherché un moyen de se réfugier et a croisé Paul Bayzelon, 26 ans, fonctionnaire au ministère des Finances, qui rentrait chez lui. Ce dernier lui a donc ouvert la porte de son hall d’immeuble et a tenté de bloquer le passage aux policiers qui tentaient de forcer la porte. Néanmoins, le fonctionnaire n’avait pas la force nécessaire pour protéger Malik et ce dernier s’est donc retrouvé pris au piège. Avec une violence dévastatrice, les policiers ont donc frappé et matraqué Malik Oussekine à de nombreuses reprises. Emmené ensuite à l’hôpital, Malik a été annoncé décédé officiellement à 3h20. On découvrira finalement que le jeune homme était déjà mort avant de partir à l’hôpital, décédé sous les coups de ses assaillants. Il avait notamment reçu un choc très violent à la tête.

Le lendemain du décès, des étudiants ont été reçus au ministère de l’Intérieur et ont organisé une marche silencieuse. De son côté, le ministre délégué Alain Devaquet a finalement présenté sa démission.

Deux jours après, le projet de loi Devaquet était retiré. Concernant les policiers auteurs des coups, d’eux d’entre eux seront condamnés mais ne recevront pas de prison ferme. Ils seront également sanctionnés professionnellement.

Une affaire retentissante qui aura profondément bouleversé la société française. Un drame à ne jamais oublier.

A lire aussi : Les Etats-Unis vont boycotter les JO d’hiver en Chine

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