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C’était quoi le scandale de chlordécone qui a frappé les Antilles ?

La chlordécone est un pesticide qui avait été utilisé de 1972 à 1993 pour préserver les bananiers, or les risques liés à cet agent étaient connus depuis les années 80

La chlordécone est un pesticide qui permet de lutter contre le charançon du bananier, un coléoptère en provenance d’Asie du sud-est. Ce puissant pesticide a été responsable de nombreux cancers à l’époque. Des commissions avaient établis des rapports quant à la dangerosité de ce produit, mais alors qu’en 2008 une enquête judiciaire a été ouverte, il n’existe bizarrement plus aucune trace des propos tenus en commission des toxiques entre 1972 et 1989. En 2019, une partie de ces documents est enfin retrouvée, mais huit ans d’archives (entre 1972 et 1989) restent introuvables. Enfin, concernant cette enquête, un non-lieu a finalement été prononcé en janvier 2023.

Un produit toxique connu

Depuis l’utilisation de ce produit, on enregistre en Guadeloupe et en Martinique parmi les plus hauts taux de cancer au monde, notamment le cancer de la prostate qui atteint des chiffres records. Le problème est que cet agent toxique surtout présent au sein des travailleurs des bananeraies, a infiltré les eaux et les sols pour plusieurs siècles (1 à 7 siècles). On estime que 90 % de la population a des traces de ce pesticide dans le sang. Pourtant, les scientifiques alertaient déjà sur les risques de cancer depuis les années 80. L’OMS l’avait classé comme cancérigène possible pour l’humain en 1981.

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Des lobbyistes derrière ce produit ?

A l’époque les juges avaient reconnu l’existence d’un scandale sanitaire, qualifiant même le chlordécone de « monstre chimique ». Cependant Harry Durimel, l’avocat historique des parties civiles relève que « Les découvertes de la cellule investigation de Radio France montrent que des industriels ont bien siégé dans la commission« . Des analyses des rapports restant ont bien prouvé que des membres de l’Union de l’industrie des produits pesticides étaient présents durant les comptes rendus scientifiques. Auraient-ils pu orienter le débat ? C’est probable sachant qu’à l’époque, les intérêts économiques étaient bien supérieurs aux enjeux sanitaires ou environnementaux.

Malgré la connaissance des pouvoirs publics dés 1981 sur la dangerosité de ce produit, le chlordécone a pourtant été autorisé dans les bananeraies jusqu’en 1993. De plus, des échantillons de légumes contaminés puis analysés par la répression des fraudes ont été détruits en 2005. Tout comme le rapport d’analyse de l’eau potable au sein de la DDASS (la direction départementale des Affaires sanitaires et sociales), jamais retrouvé.

Une affaire bien trouble, qui continue de faire des victimes, notamment là-bas dans les plantations de bananes, où les cancers détruisent des familles depuis les années 80. Cette affaire fait écho au film de Frédéric Tellier, Goliath, s’inspirant de l’affaire Monsanto relative au glyphosate. Le film traite de la nocivité d’un certain pesticide, mettant en opposition une victime (Emmanuelle Bercot en ouvrière activiste) et un oppresseur (Pierre Niney en lobbyiste agro-chimique).

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