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Cette presse que personne ne lit

Raillée, déconsidérée et méconnue, la presse spécialisée reçoit les foudres moqueuses des habitués des kiosques. Zoom sur le vilain petit canard des médias, dont les lecteurs se comptent sur les doigts d’une mai… Non, même pas.

Le jour se lève, mais le kiosquier est déjà debout. Devant sa petite boutique-vert cuivré, il attend la livraison de ses petits trésors. L’Express, Le Point, Le Nouvel Observateur seront disposés en tête de gondole. Les magasines sportifs, musicaux, et cinématographiques auront le droit, eux aussi, à une place de choix. Mais avez-vous déjà pris le temps de gratter la surface, et de fouiller derrière cette presse appréciée du grand public ? Avez-vous déjà été curieux au point de feuilleter ces magasines, dont on aperçoit habituellement que les reliures ?

Porc Magasine et  L’Eleveur de lapins

Au cœur de l’indifférence, la presse professionnelle et technique, communément appelée « presse ultra-spécialisée ». Par définition, elle s’adresse à   un public bien précis, et offre à son maigre public des reportages très pointus, souvent traités sous des angles incroyables.

Mais les journalistes de cette antichambre de la presse culturelle souffrent-ils de ce manque de considération ? Lorsque l’on écrit pour Questions  Boulange, ou Viande Mag, il vaut mieux très vite intégrer le fait que l’on sera (très) peu lu. Véronique, journaliste pour Référence Carrelage, admet même que ses proches « n’achètent pas le magasine ».

Mais pire que l’indifférence, il y a la moquerie. « Ah, c’est sur que quand je dis que je suis journaliste pour Réussir Porc, ça fait marrer tout le monde, avoue Claudine Gérard pour le magasine Bikini. Les gens se demandent comment on peut faire cinquante pages tous les mois sur le porc. Mais entre le côté économique, technique, environnemental, génétique et nutritionnel, c’est un sujet dont on ne verra jamais le bout ». Tout est bon dans le cochon.

Journalistes ou spécialistes ?

Une fois sorti de l’école de journalisme, les dents du jeune diplômé rayent le parquet. Il s’imagine se voir octroyer rapidement le statut de Grand Reporter, ou présenter le journal télévisé des plus grandes chaînes françaises. Ceux qui s’orientent vers la presse spécialisée dès le début de leur carrière font figure d’exception. En fait, la plupart des rédacteurs qui officient aujourd’hui au sein de ces médias marginalisés n’ont pas suivi des formations de journalistes. Pour la grande majorité d’entre eux, ils sont des spécialistes réorientés vers la presse : « notre rédaction, c’est avant tout des techniciens et des ingénieurs reconvertis, précise Claudia Gérard. La patronne de Réussir Porc reconnait même que la crédibilité technique prime sur la plume : « C’est clair qu’on n’est pas Libé. Quand on écrit, c’est sujet/verbe/complément. Pour les photos, idem, on n’est pas Géo. Mais quand je dois faire un article sur la vermification des truies ou la semence des verrats, ce n’est pas le style que je recherche ».

Sur ce, je vous laisse, un article sur Les spécificités de l’appareil digestif du nasique m’attend.

*Citations tirées du magasine Bikini (N°10)

 

 

 

 

 

 

 

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