On a tous un ami un peu déjanté, pur opposé de nous-même, qu’un hasard ou un contexte incongru à amener sur notre route. Il est agréable de penser que nos amitiés se diversifient selon nos voyages, nos études… pourtant, une récente étude américaine prouve que nous choisissons nos amis selon certaines ressemblances génétiques.
Cette recherche se base sur les données du Framingham Heart Study dans l’Etat du Massachusetts, qui comprend près d’1,5 million de marqueurs génétiques de personnes et de leurs connaissances.
Les gens ayant tendance à choisir des amis génétiquement proches, les personnes d’un même cercle social peuvent être aussi proches que des cousins au quatrième degré.
Pour étudier ce cas, des scientifiques se sont basés sur un groupe de 1932 individus, comparant des couple d’amis à des personnes étrangères entre elles. Les individus partageant le même cercle social, le même groupe d’amis, partagent environ 1% de gènes similaires. Cela peut sembler peu, mais en comparaison avec des personnes n’ayant aucun lien d’amitié, ces similarités entre amis sont à noter.
Des bases génétiques qui s’étendent à notre recherche de l’âme soeur
Cette étude parue dans les Comptes rendus de l’Académie nationale des Sciences semble assez cocasse ! Pourtant, selon une étude qui avait débuté en 1995, il avait été prouvé scientifiquement que les couples se formaient également selon certaines similarités. Ou justement, selon des différences génétiques. La sélection des meilleurs partenaires pourrait se faire, en partie, par le biais des odeurs corporelles. Cette étude, dirigée par Maria da Graça Bicalho de l’Université de Paranà au Brésil, s’était intéressée au complexe majeur d’histocompatibilité, c’est-à-dire un ensemble de gènes du chromosome 6 qui jouent un rôle dans les réponses du système immunitaire et dans la reproduction.
Si les parents montrent moins de ressemblance dans les gènes de leur complexe majeur d’histocompatibilité (CMH), les enfants pourraient posséder une plus grande richesse génétique dans cette zone, et par conséquent lutter plus efficacement contre les maladies. La recherche de l’équipe brésilienne consistait donc à comparer les gènes du CMH chez 90 couples mariés, et à comparer ces résultats avec 152 « couples virtuels » générés aléatoirement par ordinateur.
Comme il était raisonnable de le soupçonner, les chercheurs ont noté une différence significative dans la génétique de ces deux groupes. En effet, les couples mariés montrent davantage de différences dans leur CMH que les « non couples », ce qui suggère que cette zone génétique joue un rôle dans la sélection des partenaires.
« Bien qu’il soit tentant de penser que les humains choisissent leur partenaire à cause de leurs similitudes, notre recherche montre clairement que ce sont les différences qui font que la reproduction est effective et que le désir inconscient d’avoir des enfants en santé est important dans la sélection d’un partenaire », explique Maria da Graça Bicalho.
D’après Maria da Graça Bicalho, cet effet pourrait être une stratégie de l’évolution pour éviter un appauvrissement génétique et augmenter les chances de survie. Les chercheurs reconnaissent évidemment que des aspects culturels et sociaux, notamment, influencent la sélection du partenaire, mais estiment que ces facteurs génétiques ne doivent pas être négligés.
Ainsi, si certains gènes sont pris en compte dans le choix d’un partenaire, pourquoi cette théorie ne s’appliquerait-elle pas aussi aux cercles d’amis ?
Nicholas Christakis, professeur de sociologie, de biologie de l’évolution et de médecine à l’Université de Yale, s’est exprimé par rapport à ces 1% de gènes en commun. « D’une certaine manière, nous parvenons, parmi une myriade de possibilités, à choisir comme amis des gens qui ressemblent à notre famille. »
Selon les chercheurs, les études ont montré que ces similarités allaient au delà de simples ressemblances venant de mêmes ancêtres ou de groupes ethniques. Ainsi, serions-nous dictés par nos gènes dans le choix de nos amis et de nos relations ? Bien sur, nous nous basons sur des préférences psychologiques, physiques, morales et sociétales, mais serions nous, malgré nous, poussé par notre génétique dans le choix de notre entourage ?