Au mois d’octobre, la France a connu une nouvelle hausse du chômage. Cette tendance devrait se prolonger jusqu’à la fin 2014 et même au-delà, en 2015.
Encore un (mauvais) record pour la France en matière de chômage. Avec 27 300 personnes en plus, le nombre de chômeurs de catégorie A (n’exerçant aucune activité), au mois d’octobre, atteint 3,7 millions, départements d’outre-mer compris. Si l’on prend en compte les chômeurs ayant une activité réduite (catégories A, B et C), ce sont au total 5 457 400 personnes qui sont inscrites à Pôle Emploi. Le taux de chômage s’élève à 10,2% de la population active au deuxième trimestre 2014. Ce nombre est en hausse de 0,5% sur un mois (+26 000) et de 5,6% sur un an (+274 800).
Une croissance trop faible
François Rebsamen, ministre du Travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social, annonce pourtant un « retournement mi-2015 » de l’emploi. Mais les prévisions des institutions économiques ne sont pas aussi optimistes… L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) indique que le chômage ne baissera pas en France avant 2016. Pourquoi ? Parce que la croissance ne repart pas. La France va normalement finir l’année 2014 avec une croissance de 0,4% du PIB, selon l’OCDE. Pour 2015, le Fonds monétaire international table sur 1% de croissance en France, tandis que l’OCDE prévoit plutôt 0,8%. Or, de tels taux de croissance ne suffiraient pas à enclencher une baisse durable de la courbe du chômage. Pour l’Observatoire français des conjonctures économiques et plusieurs économistes, il existe un seuil de 1,5% de croissance au-dessus duquel l’activité économique peut créer de l’emploi. Au-dessous de ce seuil le nombre de demandeurs d’emploi ne peut qu’augmenter. C’est ainsi que l’Unedic, l’organisme qui gère l’assurance chômage, prévoit quelques 96 000 chômeurs de plus en 2015.
Réformes ou politiques d’emploi ?
Reste qu’il est possible d’agir sur ce seuil si des réformes structurelles ou des politiques de l’emploi sont mises en place. Par réformes structurelles, on entend par exemple réduire le coût du travail. Ce que souhaitent faire François Hollande et le gouvernement avec le pacte de responsabilité, qui promet de réduire les charges sur le travail en contrepartie de plus d’embauches par les entreprises. Sauf qu’on ne sait pas très bien encore quand cela sera effectif… Les politiques de l’emploi, elles, désignent principalement le système des « emplois aidés », c’est-à-dire des emplois subventionnés par l’Etat. Emplois d’avenir, contrats de génération ou encore contrats d’insertion, ces dispositifs sont souvent utilisés par les gouvernements. En 2014, l’exécutif a signé 495 000 contrats aidés et en a prévu 445 000 pour l’année prochaine. Pour un coût de près de 3 milliards d’euros par an, « ça n’amène pas de solutions à moyen long terme, mais à court terme, ça permet de limiter la hausse du chômage », selon l’économiste Eric Heyer interrogé sur France 2. Une solution qui a permis de réduire le chômage des jeunes de 1,82% en 2014 mais qui montre ses limites pour une reprise forte et durable.