Le 1er Juin, la présidente du parti annonçait les résultats. Le Front National devient officiellement le Rassemblement National. Mais pourquoi un tel changement? Le parti était-il réellement unanime? Christophe Boudot, responsable de la fédération du Rhône au Rassemblement National témoigne au micro d’Audran Demierre.
Le Front se transforme en Rassemblement, mais pourquoi un tel changement ?
Il semblerait que « Front » sonne un peu trop seventies, pour ne pas dire désuet, au goût du parti. « Un vocable daté » qui n’est plus au goût du jour, rappelant peut-être un peu trop la figure patriarcale emblématique de la famille Le Pen. « Rassemblement » au contraire, évoque pour Christophe Boudout « le rassemblement des énergies au-delà des partis politiques ». Un nom somme toute plus tonique, qui devrait donner un coup de jeune au parti vieux de 46 ans. Mais il était primordial pour bon nombre d’adhérents, dont Christophe Boudot, de conserver dans ce nouveau nom le mot « National ». Car la dimension nationaliste du parti, elle, est immuable. « Rassemblement National » donc, pour apporter un caractère jeune et énergique à un parti qui ne renie pas pour autant ses valeurs nationalistes.
Pour le « Rassemblement National », un nouveau nom ne signifie pas une nouvelle ligne politique…
Car le parti ne compte pas abandonner ses idéologies passées, bien au contraire. « Changer de nom ne dit pas changer d’idées ni changer de convictions! » affirme le conseiller municipal à VL. Cependant, le parti accueille aujourd’hui de nouvelles formations, « d’autres cadres politiques », qui l’incitent à se renouveler quelque peu. Ainsi sont pris en considération de nouveaux enjeux, de nouvelles thématiques sociales et sociétales, telles que l’environnement, l’économie ou l’entreprise. Cependant, qu’on se rassure, « le corpus doctrinal de base n’a pas changé » nous affirme M.Boudot.
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…Mais une nouvelle image
Mais si ce changement ne survient pas à la suite d’une modification idéologique du parti, alors pourquoi changer sa dénomination? Avant tout pour en montrer un visage rajeuni, qui évolue et qui vit dans son temps. Mais aussi pour briser ce tabou autour du Front National, ce gros mot qui « pouvait faire peur ». Le parti entend ainsi tourner une page avec ce changement de nom. En adoptant une appellation moins connotée, le Rassemblement National espère faire tomber les préjugés des réticents. Cette décision a pour but de renouveler la base électorale, d’attirer « des personnes qui n’auraient peut-être jamais voté Front National mais qui voteront Rassemblement National. » Ce changement de nom participe donc à la politique de « dédiabolisation » entreprise par Marine Le Pen depuis son arrivée à la tête du parti.
Mais ce changement de nom est-il bien reçu ou risque-t-il de créer un blocage chez les Français?
Pour ce qui est de la diffusion du nouveau nom, le Rassemblement National, déjà, a tout prévu. Désormais « toute la communication est faite au nom du Rassemblement National ». Et les médias ne sont pas en reste, se faisant déjà le relais de ce changement de nom. « A partir de là, tout est très rapide » affirme M.Boudot. « Dans quelques semaines, plus personne ne fera la confusion ». De plus, ce nom n’est pas totalement nouveau, puisque le groupe parlementaire frontiste qui existait à l’Assemblée Nationale de 1986 à 1988 se nommait déjà « Front National-Rassemblement National ». Le conseiller municipal Lyonnais lui-même n’était pourtant pas favorable à ce changement de nom, et il ne semble pas être un cas à part. Jean-Marie Le Pen quant à lui, qualifie ce changement « d’assassinat politique » remettant en cause l’âme du parti qu’il avait fondé.
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Le Front National aurait pu devenir « Les Nationaux »
A l’annonce de cette volonté de changer de nom, tous les adhérents ne sont pas tombés immédiatement d’accord sur l’appellation de « Rassemblement National ». D’autres bruits circulaient en effet, Christophe Boudot parle en particulier du nom « Les Nationaux ». Ce nouveau nom aurait été pensé comme une comparaison aux « Républicains » et aux « Insoumis », mais aussi « pour faire pendant aux Patriotes ». « Les Patriotes » étant le nouveau parti de droite créé par Florian Philippot après son retrait du parti de Marine Le Pen. « Les Nationaux » aurait été une sorte de réponse à ce nouveau parti créé par l’ancien membre du FN, dont les relations avec sa présidente s’étaient dégradées, et qui entend attirer une base électorale bien similaire à celle du nouveau « Rassemblement National ». Cette proposition n’enchantait pas le conseiller régional du Rassemblement National, qui se dit pour l’heure satisfait du choix pris par les membres de son parti.