Sans cesse renouvelée, la comédie de mariage à grosses ficelles fascine le public Américain. Indémodable, elle s’accorde aujourd’hui avec un paradoxe : la Foi.
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Il y a toujours un côté rassurant dans le mariage : quels que soient les retournements de situation, les péripéties finissent toujours par se refermer sur cette union, symbole suprême du conte de fées. Un symbole qui a du mal à s’allier à Hollywood, et sa tendance à inter-changer les amants au sein d’un même groupe. Ici, le grand défi est de rassembler une famille recomposée.
Alejandro Griffin (Ben Barnes), Colombien adopté par Don (Robert de Niro) et Ellie (Diane Keaton), prépare son mariage avec Missy (Amanda Seyfried) dans la demeure familiale. Outre le frère Jared (Topher Grace) et Lily (Katherine Heigl), Alejandro a invité sa mère biologique Madonna, fervente catholique qui n’est pas au courant que les Griffin se sont séparés il y a une dizaine d’années, ou que Don est en concubinage avec Bebe (Susan Sarandon).
«Le prêtre te demande si tes enfants seront baptisés ? Tu réponds oui en croisant les doigts derrière ton dos !» C’est donc le prix à payer pour être dans les règles, faire croire au prêtre son intention d’être un catholique pratiquant. Le mariage à l’Américaine s’est toujours comporté comme plus puritain qu’en Europe, il n’en reste pas moins un véritable business et un enchaînement d’arrangements sous la table, et plus si affinités.
Chaque membre du clan Griffin a un problème : tous transgressent la règle des rapports sexuels hors-mariage. Scandale ! Hérésie ! Dans une société où l’athéisme ambiant règne sur un puritanisme de façade, c’est assez osé. Balayé, le ‘Heigl movie’ qui suppose que Lizzie de Grey’s Anatomy fasse la moue et se retrouve au centre des attentions après avoir fait une syncope (on a cependant droit à ladite syncope). Balayé, l’échange culturel de la mondialisation avec les personnages de Madonna et sa fille Nuria, stéréotypes des étrangères hispanophones dévotes ou sans culottes.
Les amants jouent à cache-cache, les situations extrêmes se multiplient, tout nous pousse à croire qu’il vaut mieux être jeune et célibataire, comme le jeune Jared qui ne voit pas d’inconvénient à désirer… sa sœur par adoption. Même Susan Sarandon, l’éternelle femme forte, se fait avoir au jeu de qui a couché avec qui. Une grande mascarade qui se donnerait le nom de pure lorsque tous les personnages arborent des habits blanc crémeux dans un jardin trop bien entretenu, perdu au milieu des croyances populaires et de la liberté sexuelle.
En même temps, lorsque le prêtre est joué par Robin Williams, il fallait s’attendre au moins à une grande farce. Une farce sans localisation précise : la maison des Griffin est au milieu d’une grande forêt. Pour un événement social aussi important que le mariage, le détacher de toute géographie ajoute à son côté expérimental, parodie des telenovelas, d’après les termes de Madonna. De Niro vieillit, Keaton rayonne, Seyfried s’affadit. La performance sera vite oubliée. Le message, désabusé, donne un côté gênant au rire d’une comédie qui a trop forcé sur le champagne.
Crédits photo : Metropolitan Filmexport