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Claude Lanzmann : décès d’un cinéaste engagé

Une nouvelle grande figure du cinéma français nous a quitté ce jeudi 5 juillet. Le coeur de Claude Lanzmann a cessé de battre ce matin. Il avait consacré sa carrière à la cause juive, notamment avec son film documentaire « Shoah« .

Le ciel compte une nouvelle étoile. Le cinéaste et journaliste Claude Lanzmann est décédé ce jeudi à l’âge de 92 ans. Originaire d’une famille juive immigrée en France, sa carrière journalistique et ses oeuvres cinématographiques engagées resteront dans l’histoire. Retour sur la vie de celui qui en avait cent.

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Son engagement se ressent dès le plus jeune âge. À 18 ans, il s’investit auprès du parti communiste au cours de la Seconde Guerre mondiale. Il transporte, à l’occasion, des armes et combat dans les maquis en Haute-Loire. Mais c’est au sein de la résistance que le jeune Claude jouera un important rôle dans le conflit. Il ne le sait peut-être pas encore, mais cela influencera le reste de sa carrière. À la fin de la guerre, Claude Lanzmann a 20 ans. Aventurier aguerri, c’est à présent dans le journalisme qu’il va exceller. Il fait ses premiers reportages pour le Monde en Allemagne. De retour en France, il rejoint le comité de la revue les Temps modernes, fondée par Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir.

Un amour fou

De cette collaboration professionnelle est née une histoire d’amour de cinq ans avec de Beauvoir. Le « Petit Lanzmann » est le seul homme a emménager chez le « Castor« . Claude Lanzman a d’ailleurs raconté leur histoire passionnelle dans un numéro spécial des Temps modernes en 2008 pour fêter le centenaire de Simone de Beauvoir. Il écrit : «Le Castor et moi étions entrés ensemble, cœur battant dans ce logis – le premier et le seul dont elle fut jamais propriétaire – et y avions fait une très amoureuse pendaison de crémaillère… […] J’en avais passé le seuil avec elle, j’y avais vécu cinq années cruciales de mon existence et, même après notre séparation, je le franchissais au moins deux soirs par semaine, car nous restâmes, jusqu’à la fin, unis par une indestructible amitié, relation égalitaire, nouée d’amour.»

Simone de Beauvoir / ©Wikimedia Commons

Journaliste engagé

Jusqu’en 1970, Claude Lanzmann allie deux types de journalisme. D’un côté, on a l’intellectualisme des Temps modernes, et de l’autre le journalisme people chez Elle. En 1962, il rédige un très beau portrait du comédien Sami Frey : «Juif polonais, il n’a parlé que la langue de ses pères, le yiddish, jusqu’à l’âge de 6 ans. Puis, pendant deux ans, on lui a ordonné de se taire, sous peine de mort. Sa voix l’aurait trahi, l’aurait désigné comme bête à abattre. Il s’est tu donc et “depuis”, la communication lui est douleur.» La mère de Sami Frey est morte en déportation à l’âge de 25 ans. Cet article lance publiquement son engagement pour la cause israélienne.

« Shoah » : le film d’une vie

12. C’est le nombre d’années que Claude Lanzmann a passé à travailler sur Shoah. Trois cent cinquante heures de rushs, d’interviews dans les camps, en Pologne et partout dans le monde où subsistent des survivants, pour créer un documentaire de 9h30 dont les images ont fait le tour du globe. Simone de Beauvoir écrit la préface au livre publié avec le film : «Malgré toutes nos connaissances, l’affreuse expérience restait à distance de nous. Pour la première fois, nous la vivons, dans notre tête, notre cœur, notre chair. Elle devient la nôtre.» 

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Ce film est comme un enfant pour Lanzmann. Il passera le reste de son existence à le défendre envers et contre tout. Il n’hésitera pas à mener une croisade contre Steven Spielberg qui a osé traiter du sujet sous forme de fiction avec la Liste de Schindler. Lanzmann s’est toujours interdit de fonctionnaliser l’Holocauste. Selon lui, il n’y a pas d’autres films à faire sur le génocide après Shoah et les films qui l’ont complété. C’est d’ailleurs l’un des films de référence aujourd’hui au lycée dans les programmes d’histoire.

En 2013, il reçoit un Ours d’or d’honneur pour l’ensemble de son oeuvre et est fait grand officier de l’ordre national de la Légion d’honneur en juillet 2011. Ce jeudi matin, Claude Lanzmann s’est éteint, mais ses actions resteront gravé dans l’histoire pendant encore de nombreuses années.

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