Reconnu coupable et condamné à six mois de prison avec sursis pour « non dénonciation d’abus sexuels », le Cardinal Barbarin a annoncé son intention « remettre sa démission au Pape François ».
Séisme dans l’Église de France. Ce jeudi, vers 13h, le cardinal Barbarin a annoncé sa démission lors d’une déclaration à la presse. « J’ai décidé d’aller voir le Saint-Père pour lui remettre ma démission », a annoncé le prélat. Une déclaration qui intervient quelques heures après sa condamnation à six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé les agressions pédophiles dans son diocèse.
Déclaration du cardinal Philippe Barbarin – 7 mars 2019 à Lyon. pic.twitter.com/hitI4PmGtv
— Cardinal Barbarin (@CardBarbarin) 7 mars 2019
« Indépendamment de mon sort personnel, je tiens à redire toute ma compassion pour les victimes », a déclaré Mgr Barbarin. C’est la troisième fois qu’un évêque est condamné en France pour ne pas avoir dénoncé des abus sexuels. Les faits concernent les agressions supposées du père Preynat – pas encore été jugé – à l’encontre de jeunes scouts dans les années 70 et 80. Philippe Barbarin continue de clamer son innocence et ses avocats vont faire appel.
Une mauvaise gestion pointée par le jugement
Le jugement pointe les mauvaises décisions du Cardinal et sa responsabilité. « Philippe Barbarin a fait le choix en conscience, pour préserver l’institution à laquelle il appartient, de ne pas transmettre les faits à la justice ». Pour la justice, « en voulant éviter le scandale », Mgr Barbarin « a préféré prendre le risque d’empêcher la découverte de très nombreuses victimes d’abus sexuels par la justice, et d’interdire l’expression de leur douleur ».
La défense du Cardinal Barbarin conteste la décision du tribunal. Son avocat Jean-Félix Luciani estime que « la motivation du tribunal ne me convainc pas. Nous allons contester cette décision par toutes les voies de droit utiles ». Si Mgr Barbarin jure n’avoir appris les faits qu’en 2014, quand une victime se confie à lui, son avocat estime qu’il « était difficile de résister à une telle pression avec des documentaires, un film… ».
Maintenant, que va-t-il se passer ?
La démission est entre les mains du Pape François qui doit accepter cette « renonciation » comme on dit dans le langage du Vatican. La « renonciation » est encadrée par l’article 401, paragraphe 2 du Code de droit canonique. Il prévoit que « l’évêque diocésain qui, pour une raison de santé ou pour toute autre cause grave, ne pourrait plus remplir convenablement son office, est instamment prié de présenter la renonciation à cet office ».
Que va devenir le cardinal Barbarin, lui qui est à 7 ans de la retraite officielle ? L’article 402 du code de droit canonique précise, dans son paragraphe 1, que « l’évêque dont la renonciation à l’office a été acceptée garde le titre d’évêque émérite de son diocèse et, s’il le désire, conserve sa résidence dans le diocèse, à moins que, dans certains cas et en raison de circonstances particulières, le siège apostolique n’y pourvoie autrement ».