Le premier ministre, Edouard Philippe, a présenté le plan du gouvernement pour un déconfinement progressif de la population à partir du 11 mai. Ce plan doit désormais faire l’objet d’un débat puis d’un vote à l’Assemblée nationale.
« Voilà donc le moment où nous devons dire à la France comment notre vie va reprendre », débute Edouard Philippe devant un hémicycle au trois quarts vide pour cause de distanciation sociale. Il salue les effets positifs du confinement : « Depuis le 8 avril, le nombre de cas Covid-19 en réanimation diminue, la décrue est engagée, elle est lente mais régulière. »
Mais un prolongement « aurait pour la nation des conséquences gravissimes » pour l’économie, l’éducation et les libertés individuelles, poursuit le Premier ministre. Il est donc temps d’annoncer un « déconfinement aussi attendu que risqué » alors même que l’on sait que « l’immunité collective n’est pas suffisante » : « Il nous faudra donc apprendre à vivre avec le Covid-19 et à s’en protéger. ».
Le Premier ministre a affirmé que « le confinement aura permis d’éviter 62 000 décès sur un mois ».
Concernant les modalités de déconfinement, une date importante a été donnée : le 2 juin. « Si les indicateurs ne sont pas au rendez-vous nous ne déconfinerons pas ou nous le ferons plus strictement », a asséné le Premier ministre. Cela signifie que, si un plan de déconfinement est en cours de préparation, il n’est pas assuré à 100 % qu’il soit mis en place le 11 mai. « S’il apparaissait que le nouveau nombre de cas journaliers n’étaient pas dans la fourchette prévue, nous devrons en tirer les conséquences. »
Concernant le sport, « la saison 2019-2020 de sports professionnels, notamment celle de football, ne pourra pas reprendre » et « il ne sera possible ni de pratiquer du sport dans des lieux couverts, ni des sports collectifs ou de contact », a annoncé le premier ministre. Ce qui va aussi conduire à l’arrêt du championnat de rugby.
Les tests, maintenant : Au moins 700 000 tests virologiques par semaine, au 11 mai. Cela englobera les nouveaux cas ainsi que leurs contacts. « Nous avons fait sauter les verrous des labos collectifs et vétérinaires », dit-il. Cela garantira un accès de proximité aux prélèvements. La prise en charge de ses tests sera à 100% par l’Assurance maladie.
Une personne positive sera identifiée et tous ceux qui auront eu un contact avec cette personne seront testées et invitées à s’isoler. « Cela requiert des moyens considérables. Les médecins libéraux seront mobilisés et accompagnés. L’Assurance Maladie assurera la démultiplication des cas contact. Des brigades chargées de faire remonter ces cas s’assureront des tests et l’application de la doctrine nationale (…) Cela permettra de casser les chaines de transmission », estime Edouard Philippe.
« La Direction Générale de la santé a établi 3 ensembles de critères pour les départements où le déconfinement doit prendre une forme plus stricte », a expliqué Édouard Philippe : Si les cas de contamination sur 7 jours restent élevés, si les capacités régionales en réanimation restent tendues et si le système local de tests et de détection des chaînes n’est pas prêt.
C’est à partir du 7 mai que les régions seront classées en fonction de ces critères, sur une carte, pour savoir lesquelles pourront bénéficier d’une « circulation élevée » ou « circulation limitée ». Si les trois points ci-dessus ne sont pas remplis, un département sera considéré comme « rouge » et devra être en « circulation limitée ». Sinon, il sera « vert ».
Déconfinement et retour à l’école : une réouverture sur la base du volontariat
Pour l’école. « Nous proposons une réouverture progressive des maternelles et élémentaires sur le territoire et sur la base du volontariat ». A compter du 18 mai, « nous ouvrirons les collèges avec les 6e et 5e ». Début juin, ce sera au tour des lycées professionnels. Sous réserve du feu vers des trois critères de déconfinement cités précédemment.
Pas plus de 15 élèves par classe, une vie scolaire autour des gestes barrières. Les enseignements recevront des masques dès lors qu’ils ne pourront les respecter la distanciation. Pour les enfants, des masques pédiatriques seront à disposition pour les enfants qui ont des symptômes. Des masques seront fournis aux collégiens : il sera obligatoire.
Le port du masque sera rendu obligatoire dans tous les transports en commun, et les gestes barrières devront être respectés, « même dans le métro parisien », a souligné Édouard Philippe. Des démarcations pourront être utilisées au sol, et un siège sur deux condamnés, par exemple. « Nous ferons baisser la demande : il faut considérer que les transports aux heures de pointe soient réservés à ceux qui travaillent ». Pour les bus scolaires, il y aura aussi obligation de port du masque pour les chauffeurs et les écoliers (à partir du collège). Ce sera la même chose pour les VTC et les taxis sans séparation en plexiglas. « Nous exigeons une réservation obligatoire dans tous les trains pour limiter les déplacements entre départements », a insisté le Premier ministre.
« La question des masques a suscité la colère des Français », a admis le Premier ministre, faisant mention des ruptures de stocks, « comme tous les pays européens », a-t-il insisté.
Depuis plusieurs semaines, des enquêtes ont montré que la pénurie de masques avait été cachée par le gouvernement. Édouard Philippe dit « assumer » la décision de ne pas avoir communiqué sur les inquiétudes d’un manque possible de masques pour tous.
« Nous recevons désormais plus de 100 millions de masques chirurgicaux par semaine et recevrons 20 millions de masques lavables civils », a-t-il assuré.
Les pharmacies et établissements de grande distribution « seront invités à vendre des masques jetables ou lavables », a-t-il précisé, tout en encourageant les particuliers à se « confectionner des masques dans les conditions recommandées par l’AFNOR. »
Comme l’avait souligné BFMTV quelques minutes avant le début de l’allocution, le gouvernement n’a finalement pas souhaité aborder dans son « package » de mesures la question de l’application StopCovid, extrêmement floue. Elle sera visiblement mise en discussion et au débat à un autre moment. Ce qui est certain, c’est que celle-ci ne sera pas mise au cœur du processus de déconfinement voulu par l’État.
Les commerces pourront rouvrir dès le 11 mai : « Les commerces devront respecter un cahier des charges strict, en organisant les flux et en veillant à la protection de son personnel. » Les centres commerciaux de plus de 40 000 mètres carrés pourront en revanche ne pas rouvrir, en fonction des décisions des préfets. Les médiathèques, bibliothèques, petits musées pourront rouvrir dès le 11 mai, tout comme les cimetières. À l’inverse, la possibilité d’une réouverture des cafés et restaurants sera abordée fin mai, pas avant. Les plages resteront inaccessibles au public au moins jusqu’au 1er juin. Tous les événements rassemblant plus de 5 000 personnes ne pourront se tenir avant septembre.
Enfin, l’état d’urgence sanitaire, qui avait été instauré en mars et devait prendre fin le 26 mai sera prolongé. Le télétravail doit être maintenu au maximum pour toutes les entreprisses qui le peuvent, ce qui permettra d’avoir moins de salariés dans les transports en commun.
À compter du 11 mai, il n’y aura plus besoin d’attestation de déplacement pour sortir dans la rue. Pour les déplacements à plus de 100 km du domicile en revanche, il en faudra toujours : il faudra justifier de l’importance du déplacement impérieux. Les rassemblements, que ce soit dans les lieux privés ou publics devront être limités à dix personnes maximum.