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Coup du cœur – On a vu pour vous …. Au service de la France saison 2

Quasiment 3 ans depuis la diffusion de la première saison. Au service de la France saison 2 se sera faite attendre mais ça en valait le coup tant cette seconde salve est un petit bijou.

C’est quoi Au service de la France saison 2 ? Le Service est plongé dans la modernité et la guerre froide et tous les mythes de la France gaullienne en ressortent joyeusement pulvérisés. Depuis le faux enterrement d’André Merlaux à la fin de la première saison, le jeune agent secret et son ancien chef Moïse n’ont qu’un but : se venger du colonel Mercaillon, “collabo” et traître à la France.

Une montée en puissance à tous les niveaux

Il y a maintenant presque 3 ans que Arte présentait au Festival de la Fiction TV de la Rochelle la saison 1 de Au service de la France. Fiction très attendue, le visionnage des premiers épisodes avait quelque peu refroidit les festivaliers, donnant parfois l’impression de pas savoir ce qu’elle voulait. Pourtant déjà, à mesure qu’on avançait dans la saison, la narration s’affinait, se faisait plus adulte et le jeu des comédiens se densifiait. Si beaucoup de séries (y compris aux Etats-Unis) ratent le passage de la saison 2, ce n’est assurément pas le cas ici. Clairement, Au service de la France saison 2 est sortie de sa chrysalide pour devenir une série adulte, intelligente, fine et aboutie. Les références se multiplient (on a du Tintin, du Philippe de Broca avec L’homme de Rio, mais aussi des allusions à des fictions comme Mannix), l’écriture devient d’une finesse extrême avec un sens de l’à-propos saisissant, la réalisation classieuse au possible (signée Alexis Charrier), la musique (pourtant identique à la saison 1) s’insert à la perfection avec l’intrigue et la distribution tout simplement remarquable (remarquable travail de Nicolas Godin).

Au service de la France : vraie série d’aventure ou satire politique ?

On a envie de répondre les deux. Plus que jamais, les auteurs jouent avec les codes de la fiction en multipliant les intrigues, les rebondissements, densifiant l’histoire, emmenant les personnages aux quatre coins du monde … sans jamais perdre le fil de l’intrigue. Si certaines histoires sont parfois un peu vite achevées (le final par exemple), l’ensemble se tient parfaitement, mélangeant l’histoire bouclée de l’épisode avec le fil rouge de la saison. Côté casting, on aime la classe intégrale de Hugo Becker, le jeu passant de la caricature à l’émotion pure de Wilfred Bellaïche (Mercaillon), le sens du comique de l’excellent Antoine Gouy (Schmid), le charme saisissant de Marie Julie Baup (Marie-Jo) et l’incroyable prestation de notre coup de cœur Jean Edouard Bodziak (Calot) dont l’arche en URSS avec ses collègues espions constitue un des sommets de ces nouveaux épisodes. Définitivement série chorale, Au service de la France emmène ses personnages dans un tourbillon d’émotions, allant du rire aux larmes en passant par le grand suspense.

Mais la série s’inscrit également dans la satire politique d’une époque qui dit aussi beaucoup de notre temps présent. En poussant très loin les curseurs, en franchissement allègrement la ligne du politiquement incorrect intelligent, Au service de la France jette un regard acide sur notre Histoire, sans faux semblants, en ne négligeant aucune facette et en étant jamais manichéenne. La part sombre de la décolonisation, de la France-Afrique, nos vieux travers, notre arrogance, rien n’est laissé au hasard mais toujours écrit avec une grande intelligence qui permet de toujours rester attaché à nos personnages. Cet équilibre précaire très casse gueule est toujours maîtrisé, la marque des grands auteurs.


A écouter aussi : Au service de la France saison 1 dans La loi des séries #41


LE MOMENT ÉMOTION DE LA SAISON : quand l’un des personnages de la série fait son coming out. Une fois rentré chez lui (on ne veut pas vous de qui il s’agit), seul sur son canapé, il s’écroule. Un moment bouleversant qui tranche avec l’humour, avec l’absurde, avec le grotesque des situations.

« Je voulais absolument en parler car c’est une problématique qui anime la société française à cette époque. En 1960, l’amendement Mirguet, voté à l’Assemblée nationale, considérait l’homosexualité comme un fléau social au même titre que la drogue ou l’alcool. Maurice Papon, alors préfet de police de Paris, avait mis en œuvre des sortes de rafles dans des bars homosexuels, prétendument pour arrêter des prostitués et des gigolos. Nous avons tourné deux scènes dans l’un de ces bars, Le César, que nous avons reconstitué. » (Jean-François Halin)

Au service de la France saison 2 est un petit bijou, une de ses œuvres dont on savoure chaque instant et où l’on retarde au maximum le visionnage du dernier épisode comme pour ne pas voir l’histoire se terminer. Mais la série prouve aussi qu’il n’est rien de plus que utile que la comédie, et la caricature pour dépeindre notre société et regarder dans le rétroviseur notre Histoire sans me pincer le nez, ni nier ce qui est arrivé.
Arte a entre les mains une petite pépite. Faisons en sorte que l’aventure se poursuive vite. Très vite. 

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Rédacteur en chef du pôle séries, animateur de La loi des séries et spécialiste de la fiction française
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