Le plus long blocus de l’histoire contemporaine touche à sa fin ! Le 17 décembre 2014, les présidents Barack Obama et Raul Castro annonçaient le rétablissement des relations diplomatiques entre leurs deux pays respectifs. Une décision qui fait chaud au cœur, applaudie et saluée par la communauté internationale et par le Pape. Désormais, Raul Castro a officiellement confirmé cette reprise de la diplomatie pour la date du 20 juillet dans une lettre adressée au président Obama qu’il a lue en direct de la télévision cubaine et internationale. Retour sur une décision historique qui marque la fin de 54 ans de relations glaciales entre les Etats-Unis et Cuba.
Le 20 juillet annonce d’ores et déjà une grosse canicule qui viendra balayer le barrage glacé qui régnait entre les Etats-Unis et Cuba depuis plus de 54 ans. Le président cubain a confirmé cette vague de chaleur saluée par toute la communauté internationale dans une lettre adressée au président Obama dans laquelle il officialise la reprise des relations diplomatiques.
On se souvient tous, brièvement ou non, de l’épisode de la Baie des Cochons et encore de la Crise des missiles à Cuba évoqués dans nos livres d’Histoire. Comment le monde avait échappé de peu à une guerre nucléaire ou encore à une troisième Guerre Mondiale. Il semblerait que désormais, tout cela se transforme rapidement en « private joke » entre Obama et Castro. Mais revenons avant tout à l’origine des relations conflictuelles entre les deux pays afin de mieux comprendre la décision de ces dirigeants de les surmonter aujourd’hui.
Révolution cubaine : premier point de discorde avec les Etats-Unis
1959, oui c’est loin et vous n’étiez probablement pas né. Mais c’est cette date qui marque le début de l’éloignement Etats-Unis – Cuba. Cette année souligne la révolution cubaine ou plutôt le Coup d’Etat du général Castro, Fidel de son prénom, afin de déloger du pouvoir le dictateur pro-américain Fulgencio Batista. Les Etats-Unis reconnaissent alors immédiatement la révolution cubaine par l’arrivée au pouvoir de Manuel Urrutia, stratégie de la CIA pour contrer la révolution de Fidel Castro. A partir de cette date, les relations entre les deux états se sont rapidement détériorées. La banque américaine refuse un crédit sollicité par la Banque Nationale de Cuba.
L’arrivée de Fidel Castro au pouvoir et sa relation avec l’URSS met le feu aux poudres. Dans un contexte de Guerre Froide, les accords commerciaux et la politique communiste de Cuba avec l’URSS est perçue d’un mauvais œil par les Etats-Unis. A partir de 1960, les Américains décident de restreindre leurs accords économiques avec Cuba en appelant les multinationales de pétrole au boycott des exportations de combustibles vers Cuba. La même année, ils refusent de se fournir en canne à sucre pour l’équivalent de 700 000 tonnes acquises en temps normal et vitales pour l’économie cubaine. La politique menée par Fidel Castro nationalise les productions locales et renvoie les étrangers et les investisseurs chez eux. C’est le début de la fin.
La Baie des Cochons et la Crise des missiles, événements déterminants de la promulgation de l’embargo
Ces deux événements ont marqué considérablement l’histoire des relations entre Cuba et les Etats-Unis. La Baie des Cochons en 1961 est un échec cuisant qui consistait au débarquement de 1 400 exilés cubains dans leur terre d’origine et formés par la CIA afin de renverser le pouvoir en place. J’accepte que cet événement soit légèrement flou dans vos mémoires. Aussi, il vous est offert la possibilité de pouvoir vous la raconter un peu si vous manquez de sujets de conversation avec vos homologues étrangers. Reprenons.
En toute violation des conventions internationales, les Etats-Unis envoient six bombardiers repeint aux couleurs vives de Cuba afin d’attaquer les bases aériennes de La Havane et de Santiago. Beaucoup d’appareils se retrouvent pulvérisés et sept personnes meurent dans les bombardements. Les avions qui ont survécu aux missiles vont contre-attaquer et rapidement dérouter l’ennemi avec l’aide de la milice et du non soutien des populations aux opposants du régime castriste. Ils sont arrêtés rapidement aux alentours de la Baie des Cochons. La tentative de John Fitzgerald Kennedy, président américain à cette époque, est réprimandée par plusieurs gouvernements et sa réputation se ternit.
Crise des missiles à Cuba ou comment le monde a frôlé une guerre nucléaire
Comme deuxième rappel historique on retrouve la crise des missiles à Cuba. Vous savez, celui qui a mené à failli apporter une monde une troisième Guerre Mondiale. Mais si, faites un effort, la Guerre Froide, cela vous évoque quelque chose ? Bon, pour vous rafraîchir la mémoire, la crise des missiles intervient en 1962. Toujours rien ? Je dois avouer que c’est loin pour certains, mais pour les bacheliers cela reste assez frais, non ?
Alors, pour résumer, l’URSS, allié de Cuba décide de positionner ses missiles dans les bases cubaines afin de devenir une réelle menace pour les Etats-Unis. Les deux pays étant voisins, un missile aurait pu avoir des conséquences catastrophiques si jamais son lancement avait été ordonné par l’URSS à cette époque. Nikita Khrouchtchev, premier secrétaire du Parti Communiste, avait envoyé un bon nombre de soldats et de bombes nucléaires pour soutenir Cuba et empêcher que les Etats-Unis les envahissent.
La CIA remarque un important flot de navires russes en direction de l’île et décide d’envoyer des commandos afin d’espionner les bases navales. Ils découvrent l’emplacement des missiles et menacent de bombardements s’il ne refuse pas de déloger leurs missiles. L’embargo d’abord mis en place par les Etats-Unis concerne un arrêt d’approvisionnement d’armes pour Cuba. Ils parviennent, non sans effort, à un accord et Khrouchtchev retire ses troupes. On frôle une guerre nucléaire in extremis. La même année, l’embargo définitif est adopté par les Etats-Unis : ils coupent toute relation commerciale ou financière avec l’île. Kennedy va jusqu’à réduire les voyages en direction de Cuba.
Quels changements à venir pour les deux nations ?
La reprise des relations diplomatiques entre les deux pays va changer considérablement l’économie de Cuba et ses relations avec le monde. L’Europe, comme beaucoup de pays, s’était positionnée contre l’embargo qui entravait ses propres relations commerciales avec Cuba. Les mesures prises par les deux présidents et qui seront appliquées dans les mois qui suivent concernent divers secteurs d’activité tant la communication que la finance.
La première décision est celle de la réinsertion d’une ambassade américaine dans la ville La Havane. Cette mesure symbolique marquera la reprise des communications entre les deux nations. Le secrétaire d’état, John Kerry se penchera sur le statut de « soutien au terrorisme » associé à Cuba. Une entente américano-cubaine est prévue pour régler des dossiers tels que lutte contre le trafic de drogue, l’immigration et la protection de l’environnement.
Par la suite, concernant les voyages des assouplissements seront établis. Cependant les voyages touristiques des américains resteront interdits tant que le Congrès n’aura pas décidé ce qu’il en adviendrait. En outre, le commerce avec les entreprises privées cubaines reprendra dans quelques secteurs. Parmi eux, celui de la construction ainsi que celui des équipements industriels et agricoles.
Côté finance, les banques américaines pourront désormais ouvrir des comptes dans des banques cubaines. Ceci facilitera les transactions commerciales et financières entre les deux pays. L’humanitaire y gagne également. Les ressortissants américains sont désormais autorisés à envoyer jusqu’à 2 000 dollars par trimestre à des associations humanitaires cubaines ou directement à des cubains. Enfin, dans le domaine de la télécommunication, les services commerciaux de téléphonie et d’internet seront proposés aux opérateurs à Cuba. Les prisonniers politiques dans les deux pays ont également été libérés et retournés dans leur pays d’origine.
Tournant historique mais la route reste longue
Tout comme il y a six mois, on ne parle pas encore réellement de levée d’embargo mais plutôt d’un assouplissement de celui-ci. Bien sûr, ce dernier risque de prendre du temps à réellement se défaire. Le Congrès des Etats-Unis étant la seule instance à pouvoir décider du sort de l’embargo contre Cuba, le seul à pouvoir décider de l’abroger. Le Pape a salué les efforts des deux pays et y a même fortement contribué en ayant encouragé la reprise de la diplomatie par l’envoi d’une lettre à chacun des présidents respectifs, en décembre dernier.
Le secrétaire d’état américain, John Kerry, se rendra sur place pour l’inauguration officielle de l’ambassade des Etats-Unis à Cuba le 20 juillet. Le monde s’en réjouit, excepté Israël, allié historique des Etats-Unis dans la mise en place de cet embargo. D’après un responsable politique israélien, la Maison Blanche n’aurait pas « pris la peine » de les avertir de la décision de se réconcilier avec Cuba. N’en déplaise à quelques uns, bienvenue au XXIe siècle !