Créée il y a désormais 45 ans, la comédie musicale Starmania continue de fasciner le public à travers plusieurs générations. Mais de quoi parle-t-elle ?
En 1979, Michel Berger et Luc Plamondon imaginent un spectacle inédit : un opéra-rock francophone mêlant musique pop, scénographie futuriste et récit dystopique. À l’époque, c’est une proposition audacieuse dans le paysage musical français. Starmania impose immédiatement une identité forte grâce à des titres devenus légendaires : Le Blues du businessman, Quand on arrive en ville, Le Monde est stone et un univers qui se situe dans une métropole futuriste frappée par le chaos social.
Pensée comme une critique du monde moderne, la comédie musicale connaît un succès immédiat et ne cessera d’être réinventée à travers de nouvelles mises en scène, jusqu’à celle actuellement en tournée. Mais de quoi parle réellement Starmania ?
Une société en crise : Monopolis
Au cœur de Starmania se trouve Monopolis, une ville futuriste où la violence et les inégalités dominent. Des gangs terrorisent la population, la politique est dirigée par des personnalités médiatiques et la quête de célébrité est devenue l’ultime obsession. Dans ce décor inspiré des préoccupations sociales des années 1970, mais toujours d’actualité, se croisent les destins de plusieurs personnages emblématiques.
Johnny Rockfort et les Étoiles Noires : la rébellion sous tension
À la tête des Étoiles Noires, une bande de rebelles, Johnny Rockfort incarne la tension d’une jeunesse prête à tout pour bousculer l’ordre établi. Mais leur rébellion flirte avec la violence, le nihilisme, et la soif de reconnaissance. Il est l’un des personnages au centre de l’histoire de Starmania.
Sadia : la figure insoumise et troublante
Sadia, une étudiante issue de la haute société, rejoint les Étoiles Noires. Son personnage ambigu dans Starmania, contestataire, provocateur, transgressif. Elle incarne la révolte d’une génération en rupture. La dualité de son identité renforce le propos de l’œuvre sur le genre, la liberté et la marginalité.
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Zéro Janvier : le magnat devenu candidat à la présidence
Zéro Janvier, milliardaire et homme d’affaires, incarne l’arrogance du pouvoir, la manipulation médiatique et la montée du populisme. En quête de domination, il se présente comme le sauveur de Monopolis, promettant ordre, sécurité et « nouveau monde atomique« . Il est l’antagoniste principal de l’opéra.
Marie‑Jeanne, la serveuse automate, et Ziggy : le désespoir ordinaire
Marie-Jeanne, serveuse dans un café souterrain nommé Underground Café, représente la classe populaire broyée par le système. Dans Starmania, elle rêve de s’échapper, de retrouver la nature, mais semble condamnée à une existence grise. Ziggy, son ami, incarne la jeunesse perdue, désabusée.
Stella Spotlight et Cristal, la gloire, le vide, la désillusion
Stella Spotlight, ancienne star, incarne la gloire déchue, le narcissisme consumé et l’ennui existentiel. Cristal, animatrice médiatique, incarne l’obsession de l’image, du show-business, même dans ce monde en ruines. Le contraste entre popularité et vide intérieur est l’un des fils rouges de Starmania.
Starmania : une narration toujours actuelle
Dans Starmania, la tension monte autour d’un enlèvement-interview clandestin. Cristal, animatrice d’une émission télé, est sollicitée par Sadia pour interviewer en secret le leader des rebelles, Johnny Rockfort. Lors de la rencontre, Cristal et Johnny tombent amoureux. Un choc qui bouleverse l’équilibre du groupe rebelle, les Étoiles Noires. Cristal décide alors d’abandonner sa vie médiatique pour rejoindre la cause, devenant « visage » du mouvement et utilisant la télévision pour diffuser des messages de rébellion.
De son côté, Sadia, perdant son emprise et rongée par la jalousie, trahit le plan des rebelles, ce qui conduit, selon les versions, à la mort tragique de Cristal et au renversement brutal des ambitions révolutionnaires.
Thèmes universels : Starmania, une dystopie toujours brûlante
Starmania n’est pas qu’un simple spectacle : c’est un miroir tendu à nos sociétés. À travers Monopolis, l’œuvre aborde des thèmes profonds, le terrorisme, la montée du populisme, la dictature des médias, la quête de célébrité, l’aliénation sociale, l’écologie, le désespoir de la jeunesse.
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Quand on écoute des tubes comme Quand on arrive en ville, Le Monde est stone, ou Le Blues du businessman, on entend bien plus que des chansons : on entend les cris d’une génération, la révolte d’un peuple, le malaise d’un monde en crise.