Chaque année en France, l’UNEDIC (association chargée par délégation de service public de la gestion de l’assurance chômage en France) perd 3 à 4 milliards d’euros et cumule une dette record de 26 milliards d’euros. Fin 2016, cette dette pourrait frôler les 30 milliards. Pour réduire cette dette, la ministre du travail Myriam El Khomri a indiqué dimanche soir que « toutes les pistes devaient être étudiées (…), y compris la dégressivité les allocations. » Cette déclaration de Mme El Khomri intervient deux semaines avant la renégociation entre syndicats et patronat des règles d’assurance chômage. Envisagée de longue date par le patronat, cette dégressivité d’allocations risque d’être rejetée par les syndicats, alors que la France comptait en décembre 3.590.600 chômeurs. Incitation pour les chômeurs à trouver un emploi ou mesure punitive insupportable ? Radio VL a interrogé des gens qui ont livré leurs différents points de vue.
« On a trop habitué les Français à tout avoir »
Hasnae a 25 ans. Elle est de nationalité marocaine et elle réside à Paris où elle exerce le métier de représentante commmerciale chez la marque L’Oréal. Elle a réussi à décrocher cet emploi juste après ses études. Pour elle, la dégressivité des allocations chômage inciterait plus de gens à trouver du travail.
« Dans une période où le travail se fait rare, on n’a pas le droit de refuser des offres d’emploi, pense-t-elle. Certaines personnes profitent des allocations chômage pour partir en vacances sur le dos des gens qui travaillent. La France bénéficie d’un très bon système social, mais les Français sont trop habitués à tout avoir. »
Pour autant, réduire les allocations des chômeurs dans la durée ne suffit pas selon Hasnae pour faire reculer le chômage en France. « Il faut rendre le marché du travail plus flexible. Dans ma promo d’école, nous sommes 10 sur 30 à avoir trouvé un CDI. Parque que les entreprises ne savent pas si l’activité va suivre. Et pourtant les besoins sont là. Dans toutes les boîtes où j’ai travaillé, on était en sous-effectif mais les patrons préféraient rester sur un modèle où ils était sûrs de pouvoir se débarrasser des gens. »
« Des gens cherchent activement du travail mais n’en trouvent pas »
Pour Margot, jeune étudiante de 19 ans en BTS assistant manager, la dégressivité des aides aux chômeurs n’est pas une solution. « Je connais des personnes de plus de 50 ans qui cherchent activement du travail mais qui n’en trouvent pas à cause de leur âge, explique-t-elle. Pour les jeunes de ma génération c’est difficile également. Certes beaucoup de gens ne font pas grand chose pour trouver un emploi. Mais ils représentent une minorité. »
La mesure a déjà été testée en France entre 1992 et 2001, à une période où le chômage de masse existait déjà. Mais il a été abandonné depuis, sans avoir démontré son efficacité sur le retour de l’emploi.
*Image en Une : lexpress.fr