En déplacement aux Philippines, le président de la République, François Hollande s’est exprimé sur la rencontre de quatre parlementaires français à Bachar Al-Assad. Et il n’est pas le seul en colère dans les plus hautes sphères de l’Etat.
François Hollande déplore l’initiative des quatre députés français et « la condamne parce qu’il s’agit d’une rencontre entre des parlementaires français qui n’ont été mandatés que par eux-mêmes avec un dictateur qui est à l’origine d’une des plus graves guerres civiles de ces dernières années, qui a fait 200.000 morts. 200.000 !« . Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement qualifie cette visite comme « une initiative en aucun cas officielle et diplomatique de la France« .
Quant au premier ministre Manuel Valls, il s’est exprimé peu avant le chef de l’Etat et réprouve fortement ce déplacement qu’il qualifie de « faute morale« . « Les parlementaires peuvent se déplacer. Mais je veux condamner cette initiative avec la plus grande vigueur. Ils ne sont pas allés voir n’importe qui ! Ils sont allés rencontrer Bachar el-Assad, responsable de plusieurs dizaines de milliers de morts. Les parlementaires représentent la souveraineté nationale. » a-t’il déclaré sur la chaîne d’informations en continu BFM TV.
Gérard Bapt risque l’exclusion du Parti socialiste.
Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du Parti socialiste s’est indigné sur les ondes de RTL. Pour lui, « Assad n’est pas un dictateur autoritaire, c’est un boucher« . Cette visite en terre syrienne auprès de Bachar Al-Assad n’a pas du tout été appréciée par le parti majoritaire puisque sur les quatre parlementaires, l’un est un élu socialiste. Gérard Bapt, ce député socialiste est aussi le président du groupe amitié France-Syrie à l’Assemblée Nationale et a justifié ce déplacement comme une « mission personnelle« .
Pas sûr que cette mission lui sera d’un grand secours puisque Jean-Christophe Cambadélis a d’ores et déjà annoncé que l’élu sera sanctionné et devra comparaître devant la Haute autorité du Parti socialiste, la commission de discipline du parti. Il risque l’exclusion du parti pour avoir outrepassé les statuts du PS.
Un déplacement critiqué à gauche mais salué par l’opposition.
Il est, pourtant, le seul à ne pas avoir rencontré Bachar Al-Assad, à l’inverse du député UMP Jacques Myard, du sénateur UMP Jean-Pierre Vial et du sénateur UDI François Zocchetto. « Nous avons rencontré Bachar Al-Assad pendant une bonne heure. Ca s’est très bien passé. Nous ferons rapport à qui de droit » a indiqué à l’Agence France-Presse Jacques Myard sans pour autant préciser la teneur des échanges.
Au sein de l’opposition, Florian Philippot, a regretté, au micro de France Inter, que « l’initiative des quatre parlementaires en Syrie est une bonne chose. J’aurais aimé que le gouvernement français les appuie ». Jean-Frédéric Poisson, le député des Yvelines et président du Parti Chrétien-Démocrate a appuyé la démarches de ses collègues dans un tweet « j’apporte mon soutien à mes 4 collègues parlementaires partis échanger avec #BacharElAssad », tout comme Claude Guéant (UMP).
La droite française globalement favorable à cette visite en Syrie.
L’ancien ministre de l’Intérieur s’est exprimé sur Europe 1 et dit « qu’il n’est pas contre » une telle initiative. S’il affirme que « ce qui s’est passé en Syrie est inacceptable (…) je crois que les choses, depuis trois ou quatre ans, ont évolué de telle façon qu’il y a, pour nous, plus dangereux que Bachar Al-Assad ». Il reconnait que ses propos sont « terribles » car Al-Assad « a été très dangereux pour son peuple mais le risque que l’Etat islamique représente pour l’ensemble de la région et pour l’Europe est encore plus important. »
De plus, pour l’ex-patron de la place Beauvau, Claude Guéant, les parlementaires « sont des gens libres et responsables (…) qui représentent une large palette de la représentation nationale » et il est « utile de réinsérer (Assad) d’une façon ou d’une autre dans le jeu » diplomatique.
Les parlementaires peuvent donc s’appuyer sur le soutien total de Guéant, mais aussi de Thierry Mariani (UMP) qui considère que « le dialogue doit reprendre pour lutter contre l’islamisme radical ». Alain Marsaud, lé député UMP des Français de l’étranger a, toutefois, refusé de se joindre aux quatre élus car il savait « qu’Assad nous piègerait en nous rencontrant, cherchant une reconnaissance officielle de la France ».
Ce déplacement des élus de la République est la première en Syrie depuis la fermeture de l’ambassade de France en 2012 en raison des massacres qui ensanglantent le pays depuis 2011. Cette visite va donc à l’encontre de la ligne officielle de la République française qui souhaite écarter toute reprise de dialogue avec le régime syrien de Bachar Al-Assad. Une position, à vrai dire, mise à mal par la montée en puissance des terroristes djihadistes de l’Etat islamique.