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Deux découvertes théâtrales : « Suzanne » et « Les quatre morts de Marie »

Généralement, on préfère être le public d’un théâtre plutôt que son lecteur. Toutefois il y a certaines pièces qui méritent qu’on s’y penche, du moins qu’on s’attarde sur la magie des mots qu’elles véhiculent. C’est le cas de deux pièces que nous avons lu pour vous et que nous aimerions vous partager afin que vous aussi vous puissiez entrer dans de nouveaux univers.

Les trois auteurs choisis sont de notre époque et jouent un rôle important dans l’activité théâtrale d’aujourd’hui. Il faudra tenter à travers ces lectures, de respirer les mots de ces auteurs, les intérioriser pour sentir la force du verbe et l’incroyable sensation que tout ce qui est écrit existe véritablement.

Suzanne, Roland FICHET

La pièce s’ouvre en 1961, sur une jeune fille de seize ans, éclatante de fraicheur, remplie d’une volonté de vivre, pleine d’amour et débordante de sincérité. La jeunesse dans ce qu’elle a d’innocent, de pure, d’allègre. Nous allons suivre l’histoire de cette jeune femme de 1961 à 2001. Dix ans après dix ans, le temps marquera tragiquement notre Suzanne d’une désillusion, d’une perte d’espoir et d’un inexorable manque d’amour et de foi en la vie. En Bretagne, dans un monde rural en crise, où l’industrialisation remplace progressivement la culture locale et son mysticisme, Suzanne, la fille du Hibou Blanc, décide d’écrire un livre sur son père afin de venger sa mort et de lui témoigner tout  l’amour infini qu’elle éprouve pour lui. Le père s’était pendu dans un chêne creux après avoir été accusé (à tort ?) de la mort d’un parachutiste. Suzanne, avec l’aide d’un jeune parisien dont elle tombera éperdument amoureuse, va tenter de recoller les morceaux de l’histoire de son père. Mais peu à peu, le parisien, Max, l’amant, le mari, va déposséder Suzanne de ce qu’elle est dans son intégrité : il va écrire l’histoire de Suzanne et en faire une pièce de théâtre dans laquelle celle-ci interprétera son propre rôle jusqu’à en oublier qui elle est. Suzanne cessera donc de vivre afin de ne plus être privée d’elle-même. Au milieu de tout cet univers débordant de cruauté et de poésie, se promènera un être, un fantôme, « la dernière personne », le père de Suzanne ? une projection d’elle-même ? en tout cas quelqu’un qui tel un ange protecteur suivra la jeune fille tout au long de sa vie. L’écriture de Roland FICHET peint merveilleusement la beauté d’un être décadent qui dans la violence d’un monde agonisant, se perd peu à peu sans jamais abîmer toutefois sa poésie.

Les quatre morts de Marie, Carole FRECHETTE

Elle s’appelle Marie. Elle est pleine d’imagination, de rêve et de fantaisie. Elle va mourir. Quatre fois. De chagrin, de solitude, d’abandon, d’absurdité, mais jamais elle ne perdra ce qui fait son essence et sa force : son désir de vivre et ce besoin qu’elle a de tout embellir par la puissance de l’imaginaire. Les quatre morts de Marie est une histoire très touchante, éminemment poétique, dans laquelle une jeune fille du nom de Marie se construira un monde merveilleux dans lequel elle écrirait les histoires de Mary Simpson, explorerait le monde et découvrirait la Terre de Feu où les femmes bougent et ne pleurent jamais. Même morte elle exprime encore toute sa beauté et son alacrité. Elle se laisse flotter avec légèreté dans un monde qui ne lui épargne aucune cruauté. Mais cette cruauté, cette dure réalité des choses qui ne sont jamais telles qu’on se les étaient imaginées, Marie ne la voit pas. Elle embellit tout ce qui se trouve sur son passage, et tout dans la vie est prétexte à l’imagination et au jeu. Carole FRECHETTE donne à Marie une volonté de vivre sans limite, une personnalité touchante et émouvante, et fait résonner les mots d’une jeune fille perdue dans sa poésie mais qui malgré les chutes, se relève toujours, plus forte que jamais.

 

On ne peut que tomber en amour devant ces deux jeunes filles qui même si elles n’ont pas la même histoire et le même auteur, se ressemblent un peu. Ces deux pièces ont pour point commun la poésie et la légèreté d’une âme mise au contact d’un monde cruel.

 

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