Après un premier renvoi le 27 janvier dernier, le procès d’Ademo – l’un des deux frères du groupe PNL – a finalement eu lieu aujourd’hui et VL. était présent. Le prévenu, qui s’est illustré par son absence à l’audience, est accusé d’usage de stupéfiants, d’outrage à agent détenteur de l’autorité publique et de rébellion.
Les faits qui lui sont reprochés remontent au 5 septembre 2020, aux alentours de 17h50, alors que le prévenu Tarik Andrieu, plus connu sous le nom de scène d’Ademo, était en train de rouler « une cigarette artisanale de laquelle provenait une odeur de cannabis ». Une voiture, ou plutôt une camionnette – Renault trafic – de policiers passe à son abord à ce moment là et lui enjoint de s’arrêter. Le mis en cause ne s’arrête pas et continue son chemin. Les agents descendent donc du véhicule pour aller à sa rencontre, et lui demander une nouvelle fois de s’arrêter. Le rappeur de PNL devient alors agressif et menace d’être violent, selon les dires des policiers témoignant à la barre. Ces derniers décident donc de l’interpeller, et c’est là que ça dérape, Ademo ne se laisse pas faire et crie de plus en plus fort, afin d’ameuter les passants qui pourraient le reconnaître. Il répète également à plusieurs reprises aux agents qu’ils ne savent pas qui il est et qu’il y aura des représailles. Il les insulte à plusieurs reprise de « fils de p*** ».
Rappelons que Monsieur Andrieu a déjà été condamné à plusieurs reprises par le passé et possède déjà de nombreuses mentions à son casier judiciaire. Après une première condamnation en 2006 pour vol, il est condamné en 2009 et en 2010 pour violence et port d’armes, puis en 2014 pour trafic de stupéfiants et récidive. Ce qui a surement pesé dans la balance, de la justice.
Les policiers dénoncent un préjudice moral
Les policiers, qui se sont constitués partie civile au procès, portent immédiatement plainte contre le rappeur, et mettent en avant le fort préjudice moral qu’ils ont subit. En effet, en plus des quelques égratignures causées par cette interpellation quelque peu musclée, ils ont reçu de nombreuses menaces sur les réseaux sociaux et craignent pour leur vie. Ils rapportent lors de l’audience que l’interpellation a en effet été filmée et publiée sur les réseaux sociaux immédiatement, et on y voit apparaître leur visage découvert. Les policiers affirment avoir été menacés, ainsi que leur famille, et l’un d’entre eux révèle même avoir été intimidé en bas de chez lui, ce qui a précipité son déménagement. Le prévenu aurait également faire part, lors du trajet vers le commissariat, que son père « est un ancien bandit, qui connait du monde et n’aura pas de mal à les retrouver ». Deux d’entre eux ont quitté leur poste à la surveillance de la voie publique et le dernier, qui est toujours en arrêt de travail depuis, a demandé sa mutation en province.
La défense explique quant à elle tout le contraire. L’avocat du rappeur affirme que son client a voulu coopérer, et a tendu de lui même les bras pour se faire menotter, geste que les policiers auraient interprété comme une tentative de coup de poing. Il dénonce également le fait que son client ait été étranglé et qu’on lui ait fait une « balayette ». Ce à quoi répond la partie adverse : « il se croyait au dessus des lois et voulait mener lui même son arrestation« . Le défense dénonce également le fait qu’un des procès verbal ait été divulgué à la presse – en l’espèce au quotidien Le Parisien – ce qui constitue une violation de l’enquête.
Un véritable coup de com’
Pour les avocats des parties civiles, les policiers donc, le but du jeune rappeur était clair : se faire un coup de com’! « C’est tout benef pour lui » explique l’avocat, Ademo voulait qu’on le voit. Il représente une « culture délinquante et anti police », c’est un excellent « levier publicitaire pour lui qu’on le voit se faire interpeller » ajoute-t-il. De plus, du fait de sa notoriété, le rappeur expose les forces de l’ordre. L’un des avocat va même jusqu’à faire le parallèle avec le clip du groupe PNL « Deux frères » dans lequel on voit les 2 frères, Ademo et Nos, fumer un joint devant une voiture de police qui passe. Pour lui, il s’agit là d’une oeuvre autobiographique, d’une projection de leur vécu dans leurs chansons. Dans les faits rapportés, Ademo se sait filmé, tout comme dans ses clips, et se met en scène pour attiser l’hostilité contre les forces de police selon l’avocat. De ce fait, les avocats des parties civiles demandent 1000 à 1500 € d’indemnités par policier pour préjudice moral.
Un réquisitoire allégé
À l’issue de riches plaidoyers pour chaque partie, le procureur constate finalement les faits d’usage de stupéfiants caractérisé, d’outrage à personne détentrice de l’autorité publique et de rébellion et résistance active de la part du prévenu et requiert ainsi contre lui 2 mois de prison ferme – à domicile sous surveillance électronique – , 5 mois de sursis probatoire, une obligation de soin contre ses addictions au cannabis, une indemnisation des parties civiles ainsi que le règlement d’une amende de 1000€. Rappelons que le prévenu risquait jusqu’à 15 000 € d’amende et un an d’emprisonnement, il ne s’en sort pas si mal.
Le suspens reste à son comble puisque le prononcé de la sanction, après le délibéré, n’adviendra que le 5 mai 2021. Affaire à suivre…