Le Parquet de Paris a confirmé, ce vendredi 17 octobre, la mise en examen de Dieudonné M’bala M’bala pour fraude fiscale, blanchiment et abus de biens sociaux à Paris.
Il croyait son humour inébranlable et se voyait déjà à l’affiche de tous les Zeniths de France. Mais qui sème le vent récolte la tempête. L’information n’a été dévoilée que ce vendredi mais Dieudonné a été mis en examen le 10 juillet dernier pour fraude fiscale, blanchiment et abus de biens sociaux. Après une enquête préliminaire portant notamment sur son patrimoine et ses mouvements de fonds, une information judiciaire avait été confiée en avril dernier au juge Renaud Van Ruymbeke. Elle portait également sur une potentielle organisation frauduleuse d’insolvabilité et escroquerie mais l’humoriste controversé n’avait pas été mis en examen pour ces chefs.
Les enquêteurs se sont notamment interrogés sur un transfert de 415 000 euros expédiés depuis 2009 au Cameroun alors que le polémiste, condamné à plusieurs reprises par les tribunaux, n’acquittait pas le montant de ses amendes qu’il a depuis, payées. Ces transferts s’effectuaient, selon le Canard enchaîné, en retrait liquide ou sous forme de virement à partir des comptes de l’ex-femme du comédien, Marine Lutinier, et de son fils, Merlin. Or, hasard ou non, le 11 janvier 2013 est créée à Yaoundé une société baptisée « Ewondo Corp SARL ». Le site Internet JJS News publie alors un extrait du registre du commerce camerounais où il apparaît que le responsable légal d’Ewondo Corp n’est autre que Dieudonné M’bala M’bala, et le directeur général son fils, Merlin.
Les enquêteurs s’interrogeaient également sur les conditions dans lesquelles la société de production gérée par sa compagne, Noémie Montagne, avait racheté pour 550 000 euros une propriété de l’humoriste, mise aux enchères publiques forcées en raison d’une dette fiscale de près de 900 000 euros.
Fin janvier, à l’occasion de l’enquête préliminaire, les policiers de l’office anticorruption de la police judiciaire avaient découvert 650 000 euros en liquide à son domicile, en Eure-et-Loir. Son avocat s’était alors empressé d’expliquer qu’il s’agissait du produit de la billetterie de son spectacle. Mais Dieudonné, qui visiblement recherche l’attention des projecteurs, n’est pas prêt de s’en extirper. Il accumule en effet les ennuis judiciaires.
En septembre, le parquet de Paris a ouvert une nouvelle enquête pour « apologie d’actes de terrorisme » après la diffusion d’une vidéo dans laquelle il ironise sur la décapitation du journaliste américain James Foley par l’organisation terroriste Etat islamique. Il doit aussi être jugé le 26 novembre à Paris pour l’appel aux dons qu’il avait lancé sur Internet pour payer ses condamnations pécuniaires, ce qu’interdit la loi.
Il doit enfin comparaître le 28 janvier 2015, toujours à Paris, pour provocation à la haine raciale après des propos sur le journaliste de France Inter Patrick Cohen. « Quand je l’entends parler, Patrick Cohen, je me dis, tu vois, les chambres à gaz… Dommage », avait lancé Dieudonné lors de son spectacle Le Mur, au Théâtre de la Main d’Or.