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Données personnelles, jusqu’où Tinder nous surveille ?

Le RGPD lance une enquête sur l’application Tinder et l’utilisation qu’elle fait des données de ses millions de membres. Une occasion d’analyser les enjeux portés par le numérique dans nos sociétés.

Une collecte illimitée

Pouvoir rencontrer des personnes n’a jamais été aussi facile. Pourtant, ce n’est pas sans quelques contre-parties. Ce n’est désormais plus un secret, pour vivre économiquement, les applications gratuites et les réseaux numériques récoltent nos données personnelles pour les revendre à différents annonceurs. Dès lors, toute la question repose sur l’importance de cette collecte d’informations privées. Les dernières enquêtes sur les grandes plateformes numériques dressent un tableau glaçant.

Le marché des données est un territoire bien opaque. Tinder recueille en effet une masse colossale d’informations que l’on croyait privées par notre propre utilisation de sa plateforme. Caractère, niveau d’éducation, position sociale, préférence sexuelle, suivi géographique… L’application de rencontres récupère ce qui est susceptible de l’intéresser. Une fois acquis, le marché aux données commence. Elles peuvent être revendues, dans une légalité parfois floue, à des sociétés anonymes. Autrement, les autres applications du groupe contrôlant Tinder se partagent les données entre elles. Ou les échangent à d’autres plateformes importantes comme Facebook (avec qui Tinder est en collaboration).

Le RGPD, nouveau garde-fou des grandes sociétés numériques

Sans conteste, ces applications violent régulièrement les nouvelles réglementations sur les données personnelles. La loi européenne de 2018 de Règlement général sur la protection des données oblige sites et applications à recevoir un consentement clair pour l’utilisation qui sera faite de leurs données. Dans ce cas, l’utilisateur doit connaitre avec le plus de précision et de transparence ce que l’on recueillera de lui. La loi permet ainsi d’éclairer les zones sombres de la collecte de données personnelles. Parfois même de sanctionner les acteurs négligeant les nouvelles réglementations.

Vidéo de Le Point

Si dans cette affaire l’entreprise Match Group se veut collaboratrice et honnête avec les enquêteurs, le sourire est sans doute forcé. Le CNIL, organisme français des libertés numériques, avait infligé une amende record de 50 millions d’euros à l’entreprise Google en 2019 en s’appuyant sur le RGPD. De quoi faire froid dans le dos de Tinder, ou toute autre application gavée de données collectées sans consentement explicite.

Une question de société aux réponses diversifiées

Au-delà d’une enquête juridique, c’est un enjeu de société qui s’ouvre pour les sociétés actuelles : comment gérer les data ? Souvent considérées comme le nouvel or noir du XXIème siècle, chaque pays se doit désormais d’adopter la politique qui lui semblera la plus judicieuse. Aux États-Unis, berceau des nouvelles technologies de communication, on prône la libre circulation des informations comme un facteur déterminant de libéralisme économique. Mais on devient au contraire plus frileux dès qu’elle menace la liberté politique. Après les élections présidentielles de 2016, le scandale de Cambridge Analytica a révélé la collaboration de Trump à Facebook. De l’autre côté du Pacifique, la Chine utilise les informations pour accroître le contrôle de sa population. L’Etat utilise par exemple un système de notation pour juger les comportements de ses citoyens.

Entre les deux, l’Europe. C’est une politique de protection que semble choisir l’Union Européenne. Elle préfère le respect des données privées à une utilisation malveillante des informations par les entreprises. Néanmoins, allier course à l’innovation et respect des valeurs morales est un tour de force. Quant à adopter une politique de l’entre-deux, c’est recevoir des critiques de mollesse de chaque côté. Moquée par son retard scientifique et critiquée dès qu’elle adopte des nouvelles technologies de surveillance, l’Union Européenne fait face à un défi majeur pour son avenir politique. La réponse à ce défi se trouvera dans sa politique comme dans nos propres choix individuels.

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