Depuis son investiture, Donald Trump et son administration ont pris plusieurs mesures qui n’ont pas manqué de faire polémique. Entre le désormais fameux « travel ban », les « alternative facts » ou encore la demande d’ouverture d’une enquête sur une prétendue mise sur écoute de Donald Trump par Barack Obama, la nouvelle équipe en place à la Maison Blanche défraye la chronique.
Début février, c’est une autre annonce qui faisait la une des médias: John Kelly, responsable de la sécurité intérieure, annonçait que les États-Unis se réservaient le droit de demander aux personnes souhaitant rentrer sur le territoire américain, les mots de passe de leurs comptes sur les réseaux sociaux. Nous avons nous même évoqué cette information, mais cela est-il vraiment possible à mettre en place ? Nous avons mené notre petite enquête pour tenter de répondre à cette question !
Les réseaux sociaux sont depuis longtemps surveillés par les renseignements intérieurs américains
La surveillance des réseaux sociaux est pratiquée depuis déjà plusieurs années par les américains. Depuis 2011, le Département de la sécurité intérieure (DHS) peut, à l’aide d’une liste de mots-clefs prédéfinie, détecter les messages suspects, mais les révélations d’Edward Snowden prouvent que les États-Unis sont allés bien plus loin dans la surveillance. Depuis 2007, l’agence nationale de sécurité américaine (NSA) et le FBI disposent d’un programme baptisé PRISM permettant d’avoir accès à n’importe quel contenu privé en ligne. Néanmoins, si depuis décembre, les États-Unis demandent désormais aux nouveaux entrants d’indiquer les noms de leurs comptes Twitter ou Facebook, c’est bien la première fois que la possibilité de demander les mots de passe est évoquée.
Une mesure qui n’est pas forcément légale aux yeux de la loi
Est-ce légal ? C’est la question que tout le monde s’est posée après la surprenante déclaration de John Kelly. L’autorité compétente en la matière, l’EFF (Electronic Frontier Foundation), explique que seul un juge peut vous forcer à donner votre mot de passe, donc en aucun cas un agent des douanes ou la police des frontières. Néanmoins l’EFF légifère uniquement pour les ressortissants américains, c’est un vide juridique concernant les étrangers. On peut souligner qu’une « fouille ou saisie déraisonnables » est interdite par le quatrième amendement, reste à savoir si cela peut concerner une demande de mot de passe.
Une mesure peu prise au sérieux
Les États-Unis semblent déjà suffisamment armés pour une surveillance efficace en ligne. De plus, rien n’interdit de posséder plusieurs comptes sur les réseaux sociaux ou même plusieurs adresses mails, entre professionnelles et personnelles. Des entreprises comme 1&1 proposent très facilement d’ouvrir plusieurs comptes mails par exemple. Enfin qu’en est-il des personnes qui ne possèdent pas du tout de comptes en ligne ? John Kelly a eu du mal à se justifier sur ces points. On semble donc, plus faire face à un effet d’annonce qu’à une proposition réellement sérieuse.
Les révélations fracassantes d’Edward Snowden ont démontré que les américains ont depuis longtemps mis en place un système de surveillance en ligne. Le programme très contesté PRISM, leur permet d’avoir accès à tout type de fichier. L’annonce de John Kelly parait alors peu efficace d’autant plus qu’il n’est pas certain qu’elle soit totalement légale. Rassurez-vous, votre mot de passe restera vraisemblablement une information confidentielle, d’autant plus que les États-Unis n’ont certainement pas besoin de cela pour lire vos messages…