Suite à la percée des écologistes aux dernières élections municipales en France, l’expression « Khmers verts » a surgi dans le débat public. Des commentateurs et hommes politiques désignent Khmers verts ; des écologistes partisans d’une écologie extrême et punitive qui représentent d’après eux un réel danger pour la société. L’utilisation de ces termes pose donc question, que veut-il dire, à quoi renvoient-ils ?
D’une révolution…
Cette critique d’une écologie politique jugée dangereuse et totalitaire fait en effet référence au massacre commis par les khmers rouges au Cambodge qui a engendré 1,7 millions de morts, soit un quart de la population cambodgienne de l’époque.
Le parti communiste du Kampuchea plus connu sous le nom des Khmers rouges était un mouvement politique et militaire d’inspiration communiste et maoïste.
Cette révolution sanglante se voulait en rupture avec l’influence occidentale et la bourgeoisie des villes, en ordonnant un retour à la vie dans les campagnes avec le travail forcé dans les champs. L’objectif des chefs khmers rouges Pol Pot, Ieng Sary en autres, est simple : rendre la pureté des Cambodgiens en les rééduquant physiquement et moralement. Cette rééducation passait la mort et la torture des intellectuels, des « riches » et des moines ou encore des personnes portant des lunettes, signe d’intelligence. Paysans, étudiants communistes anti-impérialistes et de très jeunes enfants furent endoctrinés dans cet « autogénocide » qui a mené à la destruction du pays entier.
… à un massacre.
Le 17 avril 1975, la capitale Phnom Penh est prise d’assaut par les soldats khmers rouges, prétextant un bombardement américain (contexte de la guerre du Vietnam). Phnom Penh est vidée comme dans toutes les villes du pays et la population forcée à un exode rural massif vers les campagnes.
Va alors durer pendant 4 ans jusqu’en 1979, un génocide reconnu officiellement en 2018 par les Nations Unies pour le massacre organisé des minorités musulmanes et vietnamiennes au Cambodge. Traumatisme profond encore présent aujourd’hui dans le pays du sourire mais aussi de la part d’une génération en France marquée par cette utopie meurtrière et de l’arrivée de réfugiés politiques cambodgiens fuyant la guerre.
Les khmers, histoire d’un peuple.
Le terme khmer désigne avant tout une ethnie, le peuple khmer, présent depuis 2 millénaires au Cambodge. Il représente un riche héritage, descendant de l’empire khmer, une civilisation qui a perduré entre le 7ème et 14ème siècle et s’étendait sur tout le territoire de la péninsule Indochinoise ( actuel Thaïlande, Laos, Cambodge,Vietnam du Sud).
Illustration de la grandeur éternelle khmère, la cité d’Angkor capitale de l’Empire fondé en 802 par le roi divin Jayavarman II, est à ce jour le plus grand monument religieux au monde.
Une grande civilisation, symbole du cambodge.
Aux influences de l’hindouisme, le monde khmer s’est bâti par le commerce entre les mondes indiens et chinois, et a été redécouvert par les Japonais, les Portugais et puis par les Français au XIXème siècle. Au Moyen Age, début du 13ème siècle, l’Empire Khmer comptait environ 10 millions d’habitants, dans le même temps Paris en recensait 200 000.
Les nombreux temples présents au Cambodge en Thaïlande, piliers de la culture khmère ont traversé les siècles et constituent le cœur du Cambodge, le temple d’Angkor Wat est d’ailleurs représenté sur le drapeau du pays comme le joyau national. La préservation de ces richesses, statuettes, sculptures est en partie exposée aujourd’hui au Musée Guimet, le musée des Arts asiatiques à Paris.
Le terme « khmer » renvoie, pour le grand public, à l’image d’un régime autoritaire mais il incarne davantage l’héritage d’un grand empire et le récit oublié de tout un peuple.