C’est un unitaire qui va vous bouleverser que proposera Arte le 5 novembre, sur une idée d’Elodie Wallace (qui joue aussi dedans) et avec Muriel Robin. Magistral !
C’est quoi Doutes ? Agnès Baer est rédactrice en chef et présentatrice d’une émission d’investigation à succès. Mariée à Gabriel, son partenaire de toujours et producteur de l’émission, elle est à l’apogée de sa carrière quand les révélations d’une jeune femme provoquent un chaos dans sa vie. Malgré le choc, Agnès décide de mener une enquête personnelle, au risque de tout perdre.
« Tout savoir de ces moments
Que j’ai vu dans des films seulement
Et pouvoir revenir en arrière
Pleurer dans les jupes de ma mère »
Sous le choc, bouleversé, époustouflé par ces prestations ! Voilà comment résumer les sentiments qui nous habitent après le visionnage de Doutes, le nouvel unitaire à l’ambiance très hitchcockienne et au sujet si fort. Tant sur la forme que sur le traitement du fond, cette nouvelle fiction n’a rien de commun avec ce qu’on a pu voir jusque là.
Au départ, il y a une jeune autrice, Elodie Wallace, qui porte un projet de pièce et qui veut que Muriel Robin joue dedans. Muriel Robin, qui sait si bien et avec tant de pudeur, porter la parole de ces femmes qui souffrent sous les coups de leur conjoint, se voir offrir un rôle sublime, celui d’une femme dont le monde s’écroule quand elle « doute » de son mari, accusé d’être un pédophile. François Hanss met en scène cette histoire quasiment sous la forme de théâtre filmé, comme dans certains grands films d’Hitchcock justement à l’image de La corde ou Le crime était presque parfait. Le parti pris mis en images ici permet une immersion totale dans le psyché de ces deux femmes qui se font face, qui se parlent, s’entendent mais ne s’écoutent pas forcément. Car ce que Jeanne dit à Agnès, c’est que son monde repose sur le plus horrible des secrets. Et si elle ne peut l’entendre, elle le devra pourtant.
En seulement 70 minutes, ce film magistral à l’écriture éblouissante d’intelligence et de sobriété, mettant de côté tous les effets scénaristiques habituels, offre à 2 comédiennes le rôle et la prestation d’une vie. Muriel Robin n’a jamais été aussi impressionnante (et pourtant, elle l’a déjà démontré dans de nombreux autres rôles ce talent) et Doutes marquera un tournant dans sa carrière. Charismatique au possible durant l’intégralité du film, elle est y tout simplement bluffante. De son côté, Elodie Wallace, nous étonne doublement. D’abord par cette histoire qu’elle co-écrit avec Anne-Claire Jaulin, mais aussi par cette interprétation qui ne peut que retourner, notamment lors du face à face (à face) avec Olivier Claverie (également remarquable) et Muriel Robin. Son cri déchirant « Mais je n’ai pas menti ! » parlera à toutes les femmes qui souffrent de ne pas voir leur parole prise au sérieux. Et comment ne pas être glacé d’effroi face à cette homme qui ne dit pas « Je suis innocent » mais « J’ai le droit à la présomption d’innocence« .
Et si vous n’êtes pas encore sous le coup de ces uppercuts pris à répétition, la sublime partition d’Alex Baupin, ajoutée à la chanson d’Elsa, Quelque chose dans mon cœur, suffiront à vous assener les derniers coups.
Enfin, il y a un regard. Celui de Muriel Robin dans les dernières minutes de ce film. Il y a tout dans ce regard et c’est bouleversant !
