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Ecrans d’ailleurs (partie 3) : Mémoire en Corée

Les régimes autoritaires successifs ayant marqué la Corée jusqu’au milieu des années 80 ont laissé derrière eux des générations traumatisées et en pleine crise identitaire au tournant du XIXème siècle. Doit-on oublier, pour ne pas rester prisonnier du passé et aller de l’avant ? Ou au contraire se souvenir, pour vivre de façon plus apaisée le quotidien ? De nombreux cinéastes du pays du matin clair se sont investis de ces problématiques et interrogent le passé collectif douloureux pour mieux appréhender le présent.

Lee Chang-dong, dans son film Peppermint Candy, sorti en 1999, incarne parfaitement cette tendance. En reconstituant des évènements du passé et mesurant leur impact sur son héros en perdition, le cinéaste nous offre une réflexion sur le travail de mémoire. Après la vengeance et la folie, c’est avec cette thématique tout aussi emblématique, qu’Ecrans d’Ailleurs clôturera son introduction au 7ème art coréen.

Peppermint Candy de Lee Chang-dong

Alors qu’un groupe de quarantenaires se réunit au bord d’un lac pour un pique-nique, ils reconnaissent un ancien collègue, Yongho. L’homme, vraisemblablement désespéré et sous l’emprise de l’alcool, crie, saute tout habillé dans le lac, avant de se jeter sous les rails d’un train en hurlant « je veux revenir en arrière ! ». Ce souhait de Yongho est exaucé, du moins pour le spectateur, qui remontera le temps à bord de ce même train, avançant à reculons.

Rails du train qui remonte le temps

Rails du train qui remonte le temps

De flashback en flashback, nous réalisons que le destin tragique de Yongho est intimement lié à celui de la nation coréenne. Guerre, dictature, crise économique et culturelle ont fini de briser la vie du jeune homme. Yongho est déchiré entre le besoin d’oublier et la nécessité de se souvenir, de se remémorer. Une douleur à la jambe le poursuivra toute sa vie, l’empêchant de se libérer de son passé traumatisant.

Peppermint candy (Bonbon à la menthe) de Lee Chang-dong est très représentatif d’une tendance des cinéastes coréens à fondre la trajectoire du héros avec l’histoire tragique collective. Ce cinéma interroge toute une génération qui cherche encore à masquer les effluves désagréables des régimes autoritaires, comme elle camoufle les arrière-goûts de Kimchi (plat national à l’ail) avec un peppermint candy…

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