Même si les « gilets jaunes » sont dans la rue, Emmanuel Macron ne doit pas abandonner la taxe carbone. Il doit faire le choix de la crédibilité au détriment de la popularité. Risqué mais payant à long terme.
Elle s’appelle Jacline Mouraud. Cette automobiliste bretonne est devenue l’égérie des « gilets jaunes » et des mécontents du macronisme grâce à une vidéo de 4 minutes diffusée sur internet où elle dit tout le mal qu’elle pense du gouvernement. Depuis, cette femme de 51 ans un brin complotiste parcourt les médias pour déblatérer des inepties et mobiliser les français contre la hausse des prix des carburants. Face à la colère, Emmanuel Macron avait deux options : stopper la hausse des prix et se refaire une santé dans les sondages ou « tenir bon » en faisant la pédagogie de son action. Le second choix, risqué à l’ère sondages quotidiens, sera payant car en politique reculer n’est jamais une option mais toujours un échec.
? FLASH – Des «gilets jaunes» bloquent déjà des dépôts https://t.co/H0nouAsjcg pic.twitter.com/RlR8dTiaFC
— Le Figaro (@Le_Figaro) November 16, 2018
Macron se fait engueuler par les français
Il aura fallu une « itinérance mémorielle » pour qu’Emmanuel Macron reprenne la parole face à la grogne ! Confronté à la « colère » dans des échanges parfois violents, Emmanuel Macron est revenu « groggy » de cette semaine d’itinérance. Il a pris conscience qu’il était en danger et qu’il fallait parler pour expliquer et répondre à l’incompréhension. Conséquence : l’Elysée passe à l’offensive. Des entretiens fleuves dans la presse quotidienne régionale, à la radio et surtout à la télévision. Sur TF1 et dans un ton inhabituel, Emmanuel Macron semblait à cœur ouvert, reconnaissant « ne pas avoir su réconcilier les français et ses dirigeants ». Pour autant, pas de changement de cap ! Telle est la marque Emmanuel Macron : prêt à écouter, entendre mais surtout… à convaincre. Ainsi, le chef de l’Etat – élu pour « faire de la politique autrement » – s’inscrit en faux de ses prédécesseurs et à raison de ne pas reculer.
LIVE | En direct du porte-avions Charles de Gaulle, je réponds aux questions de @GillesBouleau au 20h de TF1. https://t.co/7OyrcjsrJV
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) November 14, 2018
L’avenir politique du quinquennat Macron en jeu sur la taxe carbone.
Quelque soit l’importance de la mobilisation, Emmanuel Macron doit maintenir la taxe carbone car il a été élu sur la promesse de « transformer le pays ». Reculer sur la taxe carbone, c’est remettre en cause sa crédibilité et sa détermination, instruments de sa légitimité. Reculer, c’est aussi (et surtout !) faire comme ses prédécesseurs, à commencer par François Hollande. Tout le monde se souvient de l’abandon de « l’écotaxe » en 2014 face aux « bonnets rouges » et qui coûte près d’un milliard d’euros à la France. En outre, Emmanuel Macron doit tenir bon face à la grogne son avenir politique. Si le gouvernement recule sur la transition énergétique, il se condamne à ne plus pouvoir réformer sur les autres grands sujets de société durant le quinquennat. L’impopularité place dans une posture difficile pour réformer mais il y a des moyens d’y remédier tout en maintenant le cap.
Clarté des réformes : mention « peut mieux faire » pour le gouvernement
Incontestablement, l’exécutif doit faire des efforts pour expliquer l’intérêt de cette hausse et montrer qu’elle sera utile aux Français. C’est pourquoi les milliards de cette nouvelle taxe ne doivent pas être engloutis indifféremment par le déficit budgétaire mais utilisés concrètement pour la vie quotidienne de la population. L’exécutif ne peut pas se contenter de dire que l’argent récolté sera dans le budget du Ministère de la Transition Écologique. Le gouvernement doit aussi respecter la neutralité fiscale initialement prévue en baissant d’autres impôts dans les mêmes proportions et impossible de brandir la suppression de la taxe d’habitation, une promesse pour redonner du pouvoir d’achat et non servir de mesure compensatoire.
Pour le gouvernement, il est urgent de ne pas faire marche arrière mais d’améliorer la pédagogie qui suit l’adoption des réformes. L’exécutif doit trouver des mesures compensatoires plus significatives que celles annoncées « dans l’urgence ». Elles vont remettre le quinquennat En Marche !