Ce dimanche, les Italiens étaient appelés aux urnes afin de composer la Chambre des députes et le Sénat pour le prochain quinquennat. Si aucune majorité ne se détache, le M5S et la Ligue sortent gagnants de ces élections.
Luigi Di Maio est le grand homme de ce scrutin législatif, son allure rassurante a fini par faire triompher le populisme. Qui aurait pu imaginer qu’un parti anti-système serait un jour en tête dans une nation fondatrice de l’Union Européenne ? Avec environ 32% des voix, le leader du Mouvement 5 étoiles va obtenir entre 195 et 235 sièges.
Une trajectoire précoce
Il est certain que le fils d’ex-dirigeant néo-fasciste a connu une ascension fulgurante. Militant depuis 2007 aux côtés de Beppe Grillo, fondateur du Mouvement en 2009. Il échoue aux municipales de 2010 où il s’était présenté dans un village proche de sa ville natale, Naples. Il rebondit vite et devient vice-président de la Chambre des députés en 2013, à seulement 26 ans. Pour le reste, il n’a qu’un court CV, études de droit inachevées avant d’enchaîner de brèves expériences professionnelles. Opposé à l’utilisation du mot populiste, l’homme de 31 ans a affirmé ne pas vouloir de l’extrémisme et de l’anti-européanisme. Des convictions pourtant différentes de l’idéologie militante du mouvement.
Berlusconi, c’est fini
Il Cavaliere peut s’inquiéter. À 81 ans l’ancien Premier ministre, déjà inéligible jusqu’en 2019, a peut-être vu sa dernière bataille politique s’achever. Malgré le fait que sa coalition de droite et d’extrême droite obtienne 37% des suffrages, le parti du Caïman, Forza Italia (14%) est devancé par la Ligue emmenée par Matteo Salvini avec 18%. Ce dernier, allié de Marine Le Pen et adorateur de Donald Trump, brigue toujours le poste de Premier ministre. Il a affirmé avoir « le droit et le devoir de gouverner ».
Une situation bien éloignée de celle de Matteo Renzi, et du pouvoir en place. Le parti démocrate atteint péniblement 19% des votes, la coalition de centre-gauche, un peu plus de 23%.
Europhobie et incertitude
La question qui se pose est désormais « Qui va diriger l’Italie ? » En effet, sans majorité absolue, il va désormais falloir faire place aux négociations. Des pourparlers qui, depuis 1992, prennent en moyenne 51 jours chez les transalpins.
Ce délai est déjà soumis au spectre de l’incertitude, car si ce matin le trentenaire Luigi Di Maio est à la tête du premier parti d’Italie, il a toujours refusé les alliances. « Tout le monde devra parler avec nous », s’est tout de même réjoui son député Alessandro Di Battista.
La dernière bataille entre Di Maio et Salvini est donc lancée. À moins que ces deux euro-sceptiques décident d’oeuvrer ensemble, ce qui ferait de leur entente une majorité absolue. Une perspective inquiétante pour la troisième économie de la zone euro. Cela touche les marchés, ce matin la bourse de Milan a perdu 2% à son ouverture.
À LIRE AUSSI… Les populistes avaient déjà percé aux élections municipales