Jeudi , Moscou a annoncé en réponse aux sanctions occidentales qui visaient les responsables russes un « embargo total » sur les produits agroalimentaires. En parallèle, le nombre de soldats russes postés à la frontière est passé de 12 000 hommes à 20 000 hommes en trois semaines. Simple démonstration de force ?
L’embargo alimentaire, un classique
L’Union Européenne, les Etats-Unis, l’Australie, le Canada, et la Norvège sont concernées par cette dernière mesure. La diplomatie russe a souvent utilisée les embargos alimentaires comme outils de pression diplomatique. Le Rosselkhonazdor, l’agence sanitaire russe, interdit régulièrement des produits en provenance de pays en situation conflictuelle avec Moscou.
A l’heure où Kiev avait annoncé sa volonté de se tourner vers ses voisins occidentaux au détriment de la Russie, un embargo sur le chocolat (qui est une des activités premières du pays) a été imposé. La Moldavie en a également fait les frais en se voyant imposer un embargo sur ses fruits et son vin par l’agence sanitaire au moment même où le pays négociait un accord d’association avec l’Union européenne. L’ambassadeur de l’UE à Moscou a avertit que se tourner vers l’Organisation Mondiale du Commerce restait une solution envisagée dans la situation actuelle.
Des sanctions « partielles »
Aujourd’hui, la réalité économique pousse les différents acteurs à agir avec précaution. Ces pays qui pour la majorité n’ont pas des économies fulgurantes ne peuvent se permettre de déclarer une guerre commerciale que certains spécialistes estiment à 40 milliards d’euros de coûts pour l’Union Européenne .
La marché européen reste la première zone d’exportations pour les entreprises russes. Les achats occidentaux de matières premières ne peuvent pas être négligés dans une économie qui n’est tirée que par l’exportation de ses ressources minières et gazières. A contrario, la Russie est le troisième partenaire commerciale de l’Union Européenne. Même si le pays représente un peu moins de 10% des exportations céréalières de la zone euro (soit 11 milliards selon la Comission européenne), certains pays comme la France voit leurs propres intérêts directement touchés.
Dans une situation diplomatique tendue, Paris reste hésitant quand il s’agit d’annuler un ancien contrat d’armement de 1,2 milliard de dollars. D’autant plus que la France, particulièrement concernée par les 10%, sera une des premières touchées par les restrictions. Les pays comme l’Allemagne, qui exporte beaucoup de pièces mécaniques et de machines (qui représentent la plus grosse part d’exportations vers la Russie) seront bien moins touchés
Moscou se penche sur des alternatives à l’UE
Au même moment, a été décidé de convoquer les ambassadeurs des pays d’Amérique latine (Brésil, Equateur, Chili, Argentine) afin de trouver des alternatives aux importations agricoles européennes. La Russie a déjà levée des interdictions sur la viande et les produits laitiers envers le Brésil qui a apporté des « garanties » sanitaires. Cette éventualité inquiète les entreprises européennes qui pourraient perdre des parts de marchés en ayant beaucoup de mal à les récupérer.
En parallèle, Vladimir Poutine a souligné que ces restrictions pourraient être modifiées en cas de besoin. Cela laisse entendre que cela sera le cas si les nations occidentales revoyaient leurs sanctions à la baisse.