Soixante ans après la fin de la guerre d’Algérie, la France fait un pas vers la reconnaissance de sa responsabilité dans la souffrance des harkis en présentant des excuses officielles. Pour rappel, les harkis sont des auxiliaires algériens de l’armée française qui ont combattu durant la guerre d’indépendance de 1954 à 1962, traités indignement par la France à la suite de l’indépendance de l’Algérie.
Le discours du président
À l’occasion d’une réception consacrée à la mémoire des harkis, Emmanuel Macron a convié à l’Elysée ce lundi 20 septembre, environ 300 personnes, dont desharkis, mais aussi leurs descendants et des responsables d’associations.
En fin de matinée, le président de la république a pris la parole et a demandé « pardon » aux harkis au nom de la France. « La République a contracté à leur égard une dette. Aux combattants, je veux dire leur reconnaissance, nous n’oublierons pas. Aux combattants abandonnés, à leurs familles qui ont subi la prison, je leur demande pardon. Nous n’oublierons pas. Depuis la République s’est ressaisie. Elle s’est engagée sur la voie de la vérité et de la justice. »
En 2016, François Hollande avait déjà reconnu « les responsabilités des gouvernements français dans l’abandon des harkis ». « Le président considère que le travail accompli depuis soixante ans est important mais qu’il faut franchir un nouveau pas », explique l’Elysée.
Un traitement indigne
Le président de la République a également reconnu cet abandon de la France des harkis. « Après la guerre d’Algérie, la France a manqué à ses devoirs envers les harkis, leurs femmes, leurs enfants » dit-il. Ce dernier semble vouloir« ouvrir le chantier de la réparation » .
Les harkis sont d’anciens combattants algériens recrutés comme auxiliaires de l’armée française pendant le conflit qui a opposé la France et les indépendantistes algériens. A l’issue de cette guerre, le gouvernement français a refusé le d’accueillir ces derniers, après s’être engagée à le faire. Abandonnés par Paris, ces derniers ont été victimes de représailles en Algérie. Une dizaines de milliers d’harkis ont été transférés en France dans des camps de transit aux conditions de vie indignes et traumatisantes.
En 2000, le président algérien Abdelaziz Bouteflika les avait qualifiés de « collaborateurs » et avait exclu leur retour en Algérie, qui selon lui n’était « pas leur pays ». D’un autre côté, les harkis ont connu une intégration difficile en France, à la fois assimilés à des immigrés et rejetés par les immigrés.
Un pas vers la réparation ?
Soixante ans plus tard, le gouvernement annonce qu’il « portera avant la fin de l’année un projet visant à inscrire dans le marbre de nos lois la reconnaissance et la réparation à l’égard des harkis », comme l’a annoncé le président. Cette loi, malheureusement ne retirera en rien les souffrances de ces anciens combattants.
Pour rappel, cette réception se tient cinq jours avant la journée nationale d’hommage aux harkis, qui est célébrée tous les 25 septembre depuis 2003.