Deux semaines après avoir lancé « En Marche ! », le ministre de l’Economie affirme clairement que son mouvement a vocation à « nourrir un projet présidentiel ». Jusqu’à quand François Hollande acceptera-t-il ce jeu de dupes ?
Ce jeudi, François Hollande et Emmanuel Macron se rendent bras dessus, bras dessous, à Chartres dans le cadre d’un déplacement à l’usine Novo Nordisk. Après plusieurs semaines de crispations, l’occasion d’afficher la fidélité du ministre au Président… Pour mieux le quitter ? Tout le laisse présager.
En Marche prend son envol
Le six avril dernier, le locataire de Bercy annonçait la création de « En Marche ! ». Grâce à ce mouvement dit « ouvert », Emmanuel Macron espérait dépasser « les blocages de la société » et travailler aussi avec « des gens qui se sentent à droite ».
Au JT de France 2 le 10 avril, le ministre avait clairement gonflé les chiffres en affirmant qu’ « il y a toutes les trente secondes un nouvel adhérent ». La page web du mouvement intrigue malgré tout car elle comptabilise déjà plusieurs millions de clics.
Le ministre s’est déjà mobilisé entièrement dans son projet. En témoignent les récentes modifications autour de son entourage. Selon le Point, Ismaël Emelien, conseiller en communication, a quitté son cabinet pour rejoindre « En Marche ! » où il se chargera de la stratégie et de la communication. C’est le second proche du ministre à se dédier uniquement au mouvement.
Le nouveau chouchou des sondages
Depuis janvier, Emmanuel Macron fait figure de coqueluche et récolte les bonnes opinions dans les sondages. Une étude parue ce jeudi souligne d’ailleurs qu’il a fait un véritable bond ce dernier mois. « En Marche !» n’y serait pas pour rien. Dans le baromètre Viavoice pour Libération, 38 % des personnes sondées (8 points de plus en un mois) estiment qu’il ferait un bon Président contre 28 % pour Manuel Valls (+ 4 points), et seulement 11 % (+ 1 point) pour François Hollande. Un ennemi certain pour le Président, au plus bas dans les sondages.
Des ministres qui ne cachent pas leur irritation
Face à cet engouement, ses collègues ne manquent pas de le rappeler à l’ordre. Mercredi, le Premier ministre a demandé à ce que « chaque ministre [soit] pleinement attelé à ses fonctions », en soulignant le besoin de « loyauté » de chacun. Ce message fait écho à celui de Jean-Yves Le Drian. Le ministre de la Défense a mis en garde Emmanuel Macron sur France Info : « La seule remarque que je pourrais faire (…) avec mon expérience, c’est que la vie politique et en particulier lorsqu’on est membre d’un gouvernement, c’est un peu comme au football: il faut jouer collectif sinon on ne gagne pas ».
Ce mardi, Michel Sapin minimise l’impact de son collègue de Bercy devant les élèves de Sciences-Po. Il ironise les charmes du ministre : « Il a plutôt une belle gueule et un sourire craquant. Et c’est beaucoup de buzz…» Beaucoup de buzz ou pas, il ne fait aucun doute que, dans ces conditions, Emmanuel Macron ne pourra pas rester éternellement au sein du Gouvernement. Par ici la sortie ?