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Emmanuel Macron officialise la suppression de l’ENA

Annoncé depuis le début de son mandat, c’est maintenant officiel : Emmanuel Macron supprime l’École Nationale d’Administration et annonce son remplacement par une nouvelle structure : l’Institut du service public. 

C’est lors d’une allocution prononcée, le 8 avril 2021, à l’occasion de la convention managériale de l’État, qu’Emmanuel Macron a présenté les grandes lignes d’une réforme de la formation des cadres de l’État. Avec la suppression de l’ENA, il s’agit de diversifier les profils qui entrent dans la haute fonction publique.

Le chef de l’Etat avait déjà évoqué ce projet à l’issue du grand débat national à l’issue de la crise des gilets jaunes, avant de finalement se raviser et laisser entendre en février qu’elle serait simplement réformée. Mais finalement, l’ENA qui forme des hauts dirigeants depuis près de 40 ans, va bel et bien disparaître. « Est-ce que notre haute fonction publique ressemble à la société que nous sommes ? »  avait interrogé le président de la République. ​« Non. Dans notre recrutement et notre formation, nous avons plutôt reculé durant cette dernière décennie par rapport à notre situation du début de la Ve République : ce ne sont plus des filières méritocratiques où, quand on vient d’une famille d’ouvriers, de paysans, d’artisans, on accède facilement à l’élite de la République. Ça n’est plus si vrai. Il faut s’interroger».

La fin d’une véritable institution

Pas moins de quatre chefs d’Etat, neuf premiers ministres, parmi lesquels Édouard Philippe et Jean Castex, ainsi que de nombreux dirigeants d’institutions et de grandes entreprises furent formés par cette école d’élite.

L’ENA sera ainsi remplacée par une nouvelle école : l’Institut du service public (ISP), qui sera également situé à Strasbourg. L’Elysée assure qu’il ne s’agit pas d’un simple changement de nom. « L’ISP formera tous les élèves administrateurs de l’Etat et intégrera un tronc commun à 13 écoles de service public », « une révolution profonde en terme de recrutement » dans la fonction publique, a précisé le chef de l’Etat devant 600 fonctionnaires réunis lors de cette visioconférence. Objectif affiché : diversifier le recrutement, l’enseignement et ainsi favoriser l’égalité des chances et le mérite. 

Emmanuel Macron n’est pas le premier des chefs de l’Etat à avoir voulu réformer l’ENA. Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy avaient déjà formulé cette volonté auparavant, sans jamais joindre le geste à la parole. Preuve que l’établissement, créé en 1945 par la volonté du général de Gaulle, avait fini par devenir intouchable, s’érigeant en totem de la Haute fonction publique.

La fin des privilèges

Mais cette fois-ci, c’est pour de bon, plus de retours en arrière possibles. Emmanuel Macron va bel et bien réformer l’ENA. Le président veut y attirer des profils plus variés, issus par exemple des universités françaises, trop peu représentées à son goût – pour ne pas dire pas représentées du tout – la quasi totalité des bancs de l’ENA étant occupés par des élèves issus de Sciences Po. Sur les 82 élèves de la promotion 2019-2020, un seul était fils d’ouvrier. À l’inverse, 72 % de ses anciens élèves sont des enfants de cadre.

On ne verra plus de jeunes de 25 ans propulsés à des postes à haute responsabilité, les diplômés de l’ISP devront d’abord passer plusieurs années sur le terrain pour prendre leurs marques et s’exercer avant de pouvoir accéder aux postes de direction, a expliqué le chef de l’Etat ce jeudi. L’ISP sera aussi le centre de formation continue des hauts fonctionnaires. « Je veux qu’en nous inspirant du modèle de l’Ecole de guerre, nous puissions prévoir un rendez-vous de carrière avant d’accéder à des éminentes responsabilités », a-t-il poursuivi. Le nouvel ISP, qui devrait rester à Strasbourg, assurera le socle de formation commun de tous les élèves administrateurs de l’Etat.Au-delà des seules considérations symboliques, le chef de l’Etat promet de casser la logique des grands corps d’Etat. 

Pour éviter la case Parlement qui risquerai de ralentir le processus, voir de l’avorter, une grande partie de la réforme passera par ordonnance, qui doit être adoptée avant le 7 juin 2021, selon les dires du Président.

À lire aussi : Emmanuel Macron testé positif au Covid-19

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