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Emmanuelle Seigner (Insoupçonnable) : « J’aime l’idée d’aller là où on ne m’attend pas »

TF1 ouvre sa saison sérielle en proposant Insoupçonnable, son remake de The Fall portée par Melvil Poupaud et Emmanuelle Seigner, dès le 13 septembre. Nous avons rencontré cette dernière qui se livre en toute franchise sur ce qui l’a conduit vers la série.

C’est quoi Insoupçonnable ? Chloé Fisher, brillante criminologue parisienne, est dépêchée à Lyon pour enquêter sur le meurtre d’Alice Moreau, belle-fille du puissant député local Damien Moreau. Le tueur, c’est Paul Brodsky, un père de famille aimant, insoupçonnable, qui vient de repérer sa prochaine victime

Précédemment sur VLInsoupçonnable démontre dans ces deux premiers épisodes d’un fort potentiel et témoigne d’une vraie prise de risque pour une chaîne commerciale comme TF1 de mettre en prime un personnage central tueur en série dont on découvre l’intimité et qui ne nous épargne pas grand chose dans des séquences malsaines. Une prise de risque salutaire et qui confirme la montée en puissance de la chaîne du côté des séries.

Insoupçonnable est votre première série télé. Qu’est ce qui vous a convaincu de rejoindre ce projet qui constitue un gros pari pour la chaîne mais aussi pour vous ?

Emmanuelle Seigner : Plusieurs raisons m’ont convaincu de faire Insoupçonnable. D’abord le personnage de Chloé Fisher que j’aime beaucoup et c’est souvent le personnage que je dois jouer qui détermine mon choix pour un projet. Ensuite la série originale The Fall que je trouve absolument remarquable. Et puis il y a une dernière raison. Aux Etats-Unis, les acteurs de cinéma viennent faire des séries pour la télé depuis longtemps. En France, comme on est toujours en retard sur tout, ça se fait moins. Ou alors si ça se fait, on choisit d’aller sur Canal+ ou Arte pour faire chic. Et moi au contraire, j’adore l’idée d’aller là où on ne m’attend pas et d’aller vers une chaîne grand public.
Je trouve aussi que c’est très courageux de la part de TF1 de faire une série comme Insoupçonnable qui est très différente pour eux, qui est transgressive et ça m’intéressait d’être, et n’y voyez aucune prétention de ma part, à l’aube de quelque chose qui change, d’être là quand on se dit qu’on peut aller sur une chaîne grand public et faire des séries comme celle ci, à la fois très prestigieuse et très classe.

Le choix du casting a effectivement beaucoup surpris. Sur le papier, Emmanuelle Seigner et Melvil Poupaud, « ça fait pas très TF1 » …

Emmanuelle Seigner : Oui et c’est précisément ça que j’ai trouvé intéressant, plutôt que d’aller toujours vers les mêmes chaînes et finalement ne pas prendre de risques. Le goût du risque a toujours été quelque chose qui a guidé mes choix. Si on y ajoute le fait de pouvoir être vue par le plus grand nombre de gens, c’est un challenge qui ne se refuse pas.
J’aime beaucoup la façon dont TF1 veut évoluer. J’avais eu quelques signaux avec la venue de Yann Barthès sur TMC et ça m’a fait dire que la chaîne voulait évoluer dans la bonne direction.

Vous avez travaillé avec des réalisateurs qui connaissent bien le thriller, que ce soit évidemment Roman Polanski ou même Dario Argento. On imagine que vous avez fait attention à ce qu’on vous proposait de part cette expérience là ?

Emmanuelle Seigner : Bien entendu. D’abord l’adaptation de The Fall est extrêmement bien faite par Virginie Brac. Elle a réussi un exercice périlleux qui est de garder l’ADN de la série originale tout en la rendant plus grand public. Ensuite, le casting, les personnages sont autant d’éléments qui m’ont terriblement excités, à commencer par celui de Chloé comme je vous l’ai dit. Une femme féministe qui n’hésite pas à se comporter comme on l’attend plutôt d’un homme. Chloé est une femme très étrange, elle a un petit côté qui la rapproche des personnages de David Lynch. Elle est très intéressante à jouer car ce n’est un personnage de flic conventionnel. C’est le bon moment pour proposer ce genre de personnages. Trop longtemps, les femmes ont été montrées comme des objets au cinéma ou à la télé, voire pire comme « la femme de … » et ça ne m’intéresse pas de faire ça même si on me l’a proposé.

Est ce que ce n’est pas difficile de se faire dans les pas de Gillian Anderson (qui joue le rôle dans The Fall ndlr) ?

Emmanuelle Seigner : Mais non ça n’a tellement rien à voir. J’adore ce que fait Gillian Anderson mais ça n’a rien à voir. L’écriture est différente, ce n’est pas le même pays, la même ville et ça joue beaucoup. Et puis quand on fait une adaptation, il ne faut surtout penser à l’original. C’est comme quand on reprend une chanson, on essaye d’y apporter sa touche personnelle. Mais ça ne me dérange pas du tout par principe de participer à un remake à condition que ça soit bien fait. Quand ils m’ont contacté il y a deux ans pour le projet, j’ai lu les premiers épisodes et j’étais vraiment stupéfaite de ce que j’étais en train de lire. J’étais déjà addict rien qu’à la lecture du scénario.


A lire aussi : On débriefe pour vous … The Fall, Gillian Anderson à la poursuite d’un tueur en série


Comment s’est passé le travail avec Virginie Brac ?

Emmanuelle Seigner : Je l’ai rencontré très vite et je l’ai adoré comme personne, je l’ai trouvé brillante. Je trouve qu’elle a très bien cerné ce personnage de femme et qu’elle a une façon très moderne non seulement de voir cette héroïne mais plus largement les femmes. Elle a fait de Chloé un personnage punk, qui n’aime pas suivre les règles et qui sait où elle va, qui sait comment faire son enquête. Elle ne lâche rien. Et puis Chloé est fascinée par ce tueur qui la nargue, on se demande même parfois si elle n’a pas envie d’être « étranglée » par ce type. Et ça aussi c’est intéressant, ça rend le personnage pas tellement politiquement correct.

Sans spoiler et pour finir. Quand Chloé se retrouve face au tueur, ces ces moments sont d’une intensité folle. On aurait aimé en voir plus. 

Emmanuelle Seigner : Il y a de très grands moments entre les deux, c’est sûr. Peut-être en verra-t-on dans la suite … (rires).

Officiellement, Insoupçonnable est une mini série bouclée qui couvre les deux premières saisons de The Fall, série anglaise qui en compte 3. Mais ils nous aient apparu « amusant » de glisser ici cette petite allusion lâchée par Emmanuelle Seigner au détour de notre échange. Comme ça au cas où …

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Rédacteur en chef du pôle séries, animateur de La loi des séries et spécialiste de la fiction française
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