Début Mai, Robert Ménard avait créé la polémique en déclarant avoir fiché les enfants de sa commune. Sans aucun complexe et se basant uniquement sur leurs prénoms, le maire de Béziers avaient catalogué des enfants de maternelle en supposant une corrélation entre prénom, origine ethnique et religion.
Robert Ménard était alors arrivé à la conclusion qu’il y avait « 64,6% d’élèves de confession musulmane dans les écoles publiques de Béziers« , son étroitesse d’esprit ne pouvant imaginer qu’on puisse s’appeler Mohamed ou Yasmine sans être musulman. La journaliste Nadia Daam, chroniqueuse sur Arte et rédactrice à Slate avait livré un témoignage montrant l’aberration de l’action de Robert Ménard dans un article « Je m’appelle Nadia et je ne suis pas musulmane« .
Une polémique, mais malheureusement pas la première
Cette polémique avait provoqué des réactions à gauche, notamment avec un tweet de Manuel Valls : « Honte au maire de Béziers. La République ne fait AUCUNE distinction parmi ses enfants« , mais aussi à droite : Alain Juppé avec fait part de son indignation : « À Béziers le maire trie les enfants musulmans. S’indigner bien sûr. Mais surtout faire respecter nos lois qui prohibent les discriminations« .
La campagne Emmaüs vise ici les responsables d’extrêmes droite, mais aussi tous les comportements d’élus déviants et qui continuent à stigmatiser des populations. On se souvient de la tournure de phrase « musulman d’apparence » employée par Nicolas Sarkozy en 2012 à propos d’Abdel Chennouf, militaire abattu par Mohamed Merah. Il était pourtant catholique et d’origine kabyle.
Une attaque visée et assumée
Sur l’affiche, nous voyons un homme noir tenant sa carte d’identité. Au-dessus, une inscription indique « « Emmaüs pratique l’accueil inconditionnel de tous. Que l’on s’appelle Ali, Ivan, Jacob, Mustafa, José et même Robert… de Béziers ou d’ailleurs »: l’attaque est clairement visée.
« Cette riposte du mouvement Emmaüs face à un comportement indigne d’un élu de la République s’inscrit dans la plus pure tradition des coups de gueule de l’Abbé Pierre« , souligne Thierry Kuhn, président d’Emmaüs France. Selon lui, « des bancs sous cages d’Angoulême à l’instrumentalisation des repas servis à la cantine, les dérapages du personnel politique sont légion alors même que les signes de dislocation de la société sont bien réels« .
Ainsi, Emmaüs rappelle son « accueil inconditionnel« , quelle que soit l’origine, la religion ou l’orientation sexuelle. C’est aussi ce que devrait faire les politiques avec tous les citoyens de la République, en somme. On est visiblement loin du compte.