Grâce à une loi récemment votée par le Parlement tunisien, un violeur ne pourra désormais plus épouser sa victime afin d’échapper aux poursuites en Tunisie.
Le Parlement tunisien a voté une loi très attendue pour lutter contre les violences faites aux femmes. La loi a été adoptée hier à l’unanimité des 146 députés présents (sur 217 élus). Désormais, en Tunisie, un violeur ne pourra plus épouser sa victime pour éviter les poursuites judiciaires. « C’est un moment très émouvant et nous sommes fiers en Tunisie (…) d’avoir pu nous réunir autour d’un projet historique » a déclaré la ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, Néziha Laabidi.
La loi entrera en vigueur six mois après sa publication au Journal officiel tunisien. Elle vise à « en finir avec toutes les formes de violences contre la femme ». Elle modifie également l’article 227 bis, très controversé, du Code pénal, supprimant la disposition qui prévoit l’abandon des poursuites contre l’auteur d’un acte sexuel « sans violence » avec une mineure de moins de 15 ans s’il se marie avec sa victime.
Reconnaissance de toutes les violences
Le texte introduit de plus « la reconnaissance de toutes les violences (physiques, morales, sexuelles etc). Ces violences ne sont en tout cas plus une question privée mais une question qui concerne à présent l’Etat. « La preuve, c’est que le retrait de la plainte n’arrête plus les poursuites » remarque la députée Bochra Belhaj Hmida. La loi prévoit également une assistance juridique et psychologique aux victimes et instaure des programmes spécifiques pour ancrer « les principes des droits humains et de l’égalité entre les genres » dans l’enseignement.
La nouvelle Constitution tunisienne, adoptée en 2014, stipule que les « citoyens et citoyennes sont égaux en droits et devoirs ». Pourtant, les femmes sont encore victimes de nombreuses discriminations dans de nombreux domaines au sein du pays. S’ils se félicitent du vote de cette loi qui est un pas en avant vers l’égalité, des militants des droits de l’homme appellent tout de même à s’atteler maintenant à faire évoluer les mentalités. Surtout que près d’une femme sur deux dit avoir déjà subi « une ou plusieurs formes de violences » en Tunisie, selon une étude réalisée par un établissement public.
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