Battue avec les honneurs en finale de « son » Euro par le Portugal (1-0 a.p.), l’équipe de France sort énormément grandie de la compétition. L’heure de faire le bilan sur ce groupe des 23, sans relâche possible ; dès début septembre, la Coupe du monde 2018 sera en ligne de mire.
Les media l’ont très peu évoqué, les joueurs eux-mêmes également. Pourtant, dans les 23 Bleus ayant disputé l’Euro 2016, huit d’entre eux sont trentenaires. Le tiers de l’effectif. Ça veut forcément dire que d’ici quelques années, l’équipe de France va être profondément renouvelée. Parmi les huit « vieux », leur leader spirituel : Patrice Evra. Privé de capitanat depuis le douloureux épisode de Knysna, où il fut l’instigateur de la « grève du bus », le défenseur de la Juve, 35 ans, est à la croisée des chemins. Sa future absence est une des principales problématiques qui se pose aux Bleus en ce lendemain de défaite.
Une défense vieillissante…
Bien au-dessus du capitanat officiel que campe Hugo Lloris, Evra est le vrai patron de la défense française. À ses côtés, Laurent Koscielny, autre senior de l’équipe. Le Gunner d’Arsenal n’a pas été au top contre le Portugal, mais demeure un atout incontestable en défense centrale. Sa future absence n’est pas à l’ordre du jour, lui qui est arrivé sur le tard en équipe de France (à 25 ans, en 2011). Rami, Jallet et Sagna, qui l’accompagnent en défense, sont aussi plus près de la fin que du début de leur carrière. Bref, à part peut-être Samuel Umtiti et Lucas Digne, qui n’a pas eu l’occasion de faire ses preuves, la défense est vieillissante. En attendant, ils ont fait le boulot : seulement trois buts encaissés dans le jeu à l’Euro (un contre le Portugal et deux, presque bradés, contre l’Islande).
… Et une attaque rafraîchissante
Les jeunes, au contraire, sont davantage devant. Kingsley Coman, Anthony Martial, Paul Pogba, Antoine Griezmann ou même N’Golo Kanté. Des noms qui parlent plus ou moins récemment, et qui illustrent ce qui sera sans doute le futur squelette des Bleus. Coman joueur le plus rapide de l’Euro, flashé à 32,8 km/h, le plus rapide de l’Euro. Griezmann meilleur joueur de l’Euro et auteur de six buts, total jamais vu en équipe de France à l’Euro depuis Michel Platini en 1984, et ses stratosphériques neuf réalisations. Cela donne à la France la meilleure attaque de l’Euro. La jeunesse a clairement fait ses preuves, et sauf accident sur le long terme, continuera longtemps de mouiller le maillot pour les Bleus.
Benzema, peut-être assez d’eau sous les ponts
Entre ces deux grandes problématiques, entre la vieillesse de la défense et l’envie jeune de l’attaque, il y a le cas Karim Benzema. Vrai paria français, interdit d’Euro 2016, le Merengue du Real Madrid a un temps été le mal-aimé. L’est-il toujours autant en ce 11 juillet ? Ses récentes sorties en soutien aux Bleus (comme ci-dessous sur Twitter) ont peut-être commencé à inverser la courbe de popularité de l’ex-Lyonnais. La sex-tape est déjà loin dans les media. Mais l’important, c’est qu’elle le soit aussi dans la tête de Didier Deschamps, qui a été confirmé à la tête des Bleus jusqu’à la Coupe du monde 2018. De l’eau va forcément couler sous les ponts de la Clairefontaine…
Pas le temps de souffler pour Deschamps et les Bleus en tout cas, car dès le 6 septembre, retour sur les terrains, direction la Russie et la Coupe du monde 2018. En face d’eux aux éliminatoires, ce sera notamment les Pays-Bas, la Suède et la Bulgarie. Après deux ans de matches sans enjeu, comme celui contre l’Italie le 1er septembre, retrouver cette pression continue devra être bien géré par cette équipe de France aux âges cosmopolites.
Photo de Une : FRANCK FIFE / AFP