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Eric Zemmour trace sa route pour 2022

Les campagnes d’affiches commencent, son livre publié bientôt, une équipe déjà constituée… l’éditorialiste de CNews Eric Zemmour se prépare activement avec pour seul objectif : l’Elysée.

Entre le statut d’essayiste et celui de candidat aux présidentielles, la frontière est franchie. C’est en tout cas ce qu’a confirmé mardi 29 juin la maison d’édition Albin Michel qui refuse de publier son prochain livre. « Eric Zemmour a décidé de changer de statut, il veut devenir un homme politique, engagé dans un combat idéologique personnel qui ne correspond tout simplement pas à la ligne éditoriale d’une grande maison généraliste comme Albin Michel », explique à l’AFP Gilles Haéri, le président de la maison d’édition qui compte cinq livres du polémistes dans leurs parutions.

Le contrat qui tenait en interne entre l’éditeur et l’essayiste très controversé est donc aujourd’hui révélé : la publication de Zemmour était acceptable à la seule condition de l’absence d’une démarche électorale. Et le nombre de ventes de ses essais ne serait pas un argument suffisant (Le Suicide Français avait dépassé les 500 000 exemplaires vendus). Selon Le Point, le livre devait donc être publié chez un éditeur du groupe Editis en septembre, soit 8 mois avant le premier tour des élections présidentielles qui se tiendront le 10 avril.

Sur la chaîne Youtube Livre Noir, tenue par Erik Tégner et François de Voyer, deux proches de Marion Maréchal, qui compte plus de 50 000 abonnés, se succèdent les entretiens de Florian Philippot, Marion Maréchal ou Aurore Bergé. Mais le 6 juin, c’est dans une interview intitulée « Eric Zemmour : les secrets d’une ambition » que l’essayiste s’exprime par quelques mots révélateurs : « Je ne peux pas ne pas me dire qu’il faut peut-être passer à l’action parce que la prédiction, et même la prophétie, ne suffisent pas ». Une réponse franche à une question qui n’était et ne sera pas posée de l’entretien : Eric Zemmour sera-t-il candidat en 2022 ?

Selon les révélations de L’Express, des réunions secrètes ont lieu autour de la figure de Sarah Knafo, énarque de 26 ans et magistrate à la Cour des Comptes qui était à l’organisation de la « Convention de la droite » en septembre 2019 et qui jouerait le rôle de conseillère politique auprès de lui. Des réunions à son domicile parisien rassemblant Jean Messiha, Nicolas Dupont-Aignan, Pierre Meurin, l’ex-directeur des études de l’Institut de sciences sociales économiques et politiques fondé par Marion Maréchal, ou François Miramont, un chef d’entreprise. Samuel Lafont fait également partie de cette équipe convaincue que la candidature du polémiste est plus qu’envisageable, selon L’Obs . Militant LR depuis Nicolas Sarkozy et très connu pour sa participation aux campagnes numériques du Printemps Français, groupement d’activistes proches des réseaux catholiques traditionalistes de La Manif pour tous, il serait au cœur de la stratégie d’Eric Zemmour sur les réseaux sociaux. Mais c’est bien la figure de Patrick Stefanini qui concentre toutes les attentions. Selon les informations de Politico, l’ancien directeur de campagne de Chirac en 1995 et de Fillon en 2017 et actuellement conseiller de Valérie Pécresse a été aperçu dans une réunion de travail autour de la candidature d’Eric Zemmour pour 2022. Il confirme que le polémiste lui a bien demandé d’être son directeur de campagne. Ce qu’il a refusé. Une tactique claire : fédérer les droites radicales qui se situent autour de la galaxie Le Pen.

Le plan d’attaque est tout tracé : imposer un match face à la candidate déclarée du Rassemblement national aux présidentielles en 2022. Et la sévère désillusion du parti d’extrême droite aux régionales a été une occasion en or pour le polémiste de faire comprendre qu’on devra composer avec lui. « Malgré les efforts des médias, des sondeurs, de Marine Le Pen et d’Emmanuel Macron, le second tour Macron-Le Pen n’est plus inéluctable. C’est la grande leçon qu’ont donnée les électeurs hier soir », a-t-il expliqué sur CNews le lundi 21 juin. Mais plus que ça, il décrédibilise la candidate en critiquant son entreprise ayant pour but d’effacer la figure planante de son père Jean-Marie Le Pen au-dessus du parti qu’il dirigeait autrefois : « Elle a décidé, au nom d’une stratégie de dédiabolisation, de se recentrer, alors qu’il y a, au contraire, une radicalisation, un durcissement de tous les électeurs […]. Marine Le Pen parle comme Emmanuel Macron, Emmanuel Macron parle comme Marine Le Pen, ils sont déjà dans le second tour, puisque personne n’est censé exister à part ce second tour-là, et on voit bien que les électeurs refusent cette carte forcée ».

L’intéressée en a-t-elle peur ? « Je considère qu’Eric Zemmour n’est pas un de mes concurrents, répond-elle sur Franceinfo le 25 juin. Il est le concurrent des Républicains ou de Nicolas Dupont-Aignan. Il a le droit de se présenter et ça ne me pose aucune difficulté ». En clair, la figure de Zemmour ne doit pas la recentrer et le doute qu’elle ne soit peut-être pas la seule représentante du camp nationaliste ne doit pas planer. Zemmour est un adversaire pour les candidats, pas pour elle. Point.

Le message est passé. L’électorat de droite, c’est le cœur de sa cible. Après Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez en janvier, Nicolas Dupont-Aignan début février, ce fut au tour de Guillaume Peltier, numéro 2 de LR, Eric Ciotti ou encore Philippe de Villiers, avec qui il s’est affiché le 19 mai dernier à la manifestation des policiers devant l’Assemblée nationale.

Mais c’est sur Internet que tous ses soutiens s’activent. Dans la nuit du dimanche 27 au lundi 28 juin, plusieurs villes ont vu certains de leurs panneaux électoraux repeints d’affiches « Zemmour président » représentant le principal intéressé en veste noire, chemise blanche et regard assuré. Une campagne financée par l’association « Les amis d’Eric Zemmour », dirigée par le LR Antoine Diers, directeur de cabinet à la mairie du Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine) et ancien directeur de cabinet de la maire de Calais Natacha Bouchart. Un certain Pierre Meurin s’est revendiqué de l’organisation de cette action lundi 28 juin sur BFM TV. Mais sur le terrain, c’est un collectif baptisé « Génération Z » qui est à l’exécution. « Ce sont 500 militants qui ont collé 10 000 affiches dans 86 départements », explique au Monde le militant catholique Stanislas Rigault, responsable du collectif qui s’organise sur Discord depuis trois mois.

Une candidature Zemmour est donc poussée par les sympathisants de l’éditorialiste star de CNews. Point d’orgue de cette offensive ? Une liste présentée aux élections régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Une initiative inédite sous forme de test dans une terre propice à la droite. Emmenée par Valérie Laupies, conseillère régionale et ex-élue Rassemblement National de Tarascon, la liste « Zou » n’a remporté que 1,6% des suffrages. Un symbole malgré un score très faible. A la manœuvre ? Jacques Bompard, l’ex-Front National et maire d’Orange (Vaucluse), également à l’origine de la pétition JesignepourZemmour.fr et premier à crier pour une candidature depuis plusieurs mois.

Et rien ne semble l’arrêter. Accusé par plusieurs femmes journalistes, attachées de presse ou stagiaires d’agression sexuelle dans une affaire révélée par Mediapart, Zemmour ne répond ni ne tremble. Il croit en son destin national. Pour l’instant, il est crédité de 5,5% des intentions de vote au premier tour s’il venait à se présenter dans une enquête Ifop publiée par Le Point le 17 juin. Mais le lendemain, une enquête du même institut de sondage pour la chaîne Youtube Livre Noir, 18% des Français se disent prêts à voter « certainement » ou « probablement » pour Zemmour au premier tour. Des chiffres à prendre avec des pincettes mais très suffisants pour permettre de nourrir les ambitions présidentielles du polémiste d’extrême droite. Pour lui, il y a une échéance : la sortie de son livre qui lui servirait à la fois de programme et de véritable test auprès des français pour savoir s’il pourrait avoir la force de se présenter.

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Journaliste culture, politique et société
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