Ce sont des milliards d’euros que l’Espagne à investit dans la construction de grands ensembles. Mais au lendemain d’une décennie de la prospérité, dans un pays frappé par la crise économique, plusieurs infrastructures sont délaissées par les usagers, voire à l’abandon.
Il faut croire que l’argent n’était pas un problème, il y a en encore quelques années pour l’Espagne. Car avant d’être frapper de plein fouet par la crise économique, le gouvernement a lancé pendant 10 ans (1998-2008), de grands travaux d’envergures avec des fonds d’investissement public. Mais après deux récessions successives, on ne peut que constater la folie dépensière et la mentalité archaïque de cette décennie de prospérité, qui se résume, aujourd’hui, à un véritable « despilfarro ». Traduisez : gaspillage. Des aéroports sans avions, des villes nouvelles désespérément désertes sans le moindre habitant, des autoroutes payantes où les voitures se font rares, tout comme les wagons souvent vides pour une grande partie des lignes ferroviaires ; telles sont les scènes auxquelles on peut assister chez notre voisin européen.
L’aéroport « Don Quichotte » de Cuidad Real, situé à une heure de train rapide de Madrid, est sans doute l’exemple le plus frappant de cette dérive économique. Inauguré en 2008, l’infrastructure avait couté 1.1 milliard. Aujourd’hui, l’aéroport demeure inachevé et sans avion, mais il est surtout à vendre pour la somme de 100 millions d’euros, soit 10% de son coût initial. Une perte d’argent colossale, pour y ville qui ne compte que 74 000 habitants, et dont l’attractivité industrielle et touristique est faible. Une exaspération, d’autant plus que les pouvoirs locaux subventionnaient les compagnies durant son exploitation pendant près de trois ans. L’aéroport aura toutefois, eut le mérite de taper dans l’œil du cinéaste Pedro Almodovar, qui a tourné quelques scènes de son dernier film « Les amants passagers », avec notamment Penelope Cruz et Antonio Banderas.
Et certains chiffres sont édifiants. Les quatre autoroutes à péage convergeant vers la capitale sont en dépôt de bilan. L’Espagne possède le plus grand réseau de ligne à grande vitesse proportionnellement à sa population. Une hérésie, lorsque l’on sait que seuls quelques tracés font le plein de voyageur. Pour les aéroports espagnols, sur les 52 que compte le pays, seuls 8 d’entre eux sont rentables. Pas étonnant, puisque 27 des aéroports se situent à moins d’une heure de voitures d’un autre. A Victoria, capitale basque, c’est même 6 aéroports que l’on dénombre dans un rayon de 170 kilomètres.
La faute aux politiques ?
L’irresponsabilité des politiques est en cause. En particulier, les présidents de régions : « lorsque l’argent coulait à flot, chaque président de province voulait sa gare TGV, son aéroport et son centre de conventions », note Stephen Martin de la banque d’investissement Martin Associates. On déplore également des dépenses insouciantes sans la moindre étude économique préalable.