Ce Mardi 23 septembre est un jour très important pour la société espagnole. Le Chef du gouvernement conservateur, Mariano Rajoy vient de confirmer le retrait du projet de loi sur l’avortement proposé il y a quelques mois par le ministre de la justice, Alberto Ruiz-Gallardon.
Le Chef du gouvernement a déclaré ce mardi devant la presse, « Je crois avoir pris la décision la plus sensée ».
Vendredi dernier la numéro deux du gouvernement conservateur avait admis « c’est une loi compliquée, sensible socialement, le gouvernement veut travailler pour atteindre le consensus le plus large possible » remettant ainsi à plus tard l’idée d’une réforme de la loi sur l’avortement, promesse électorale de M. Rajoy.
La révision de la loi sur l’avortement avait provoqué un tollé dans la classe politique et au sein de la société espagnole. Le projet de loi proposé par le gouvernement avait pour principal objectif de considérablement limiter la législation de 1985 et d’annuler la loi de 2010. Cette dernière autorisait l’avortement pour les femmes enceintes depuis quatorze semaines et jusqu’à vingt-deux semaines pour celles qui présentaient une malformation du foetus.
L’existence de ce projet avait provoqué un soulèvement dans la société espagnole. Beaucoup, dont la presse nationale avait alerté sur « un retour de trente ans en arrière » comme l’avait titré le quotidien El Pais. En effet, le nouveau texte changeait radicalement la donne puisqu’il faisait de l’avortement, non plus un droit, mais une possibilité devant un cas de force majeure. Seules les victimes d’un viol ou les femmes ayant des grossesses présentant un « risque durable ou permanent » serait étroitement autorisées à recourir à la pratique médicale.
Bientôt, le débat était devenu le reflet d’une société espagnole en crise. Les partis politiques et les représentants religieux s’étaient lancés dans une guerre morale et El Pais avait dénoncé une confiscation du pouvoir par la sphère religieuse.
D’un autre côté, la presse conservatrice avait aussi critiqué le projet pour sa faiblesse et son manque de profondeur. El Mundo titrait « Le ministre de la justice considère vraiment les femmes comme le sexe faible, soumises au paternalisme et incapables de décider du sort de leurs entrailles » regrettant son manque de sérieux.
Le débat avait dépassé les frontières puisque Mariano Rajoy avait tenté de séduire les autres pays européens afin de légitimer ce changement très controversé.
Seulement une fois encore la loi s’était fortement heurtée à la voix de certains politiques et des représentants du monde associatif. Najat Vallaud-Belkacem, Ministre des droits des femmes et porte-parole du gouvernement Français à l’époque, avait fait parler d’elle en Espagne. En effet, elle avait qualifié le projet de loi de « recul en matière du droit des femmes » le 22 décembre 2013, entraînant la colère des conservateurs espagnols qui s’étaient sentis humiliés par cette « donneuse de leçon ».