Vingt jours avant l’élection et pour la dernière fois, Hillary Clinton et Donald Trump se sont retrouvés pour un débat où beaucoup de sujets ont été abordés, ces derniers allant de la fonction présidentielle à la nomination des juges à la Cour Suprême ou encore à la politique étrangère et notamment de la Russie. Si le programme d’une heure et demie modéré par Chris Wallace de Fox News a une nouvelle fois vu la démocrate s’imposer, il a également encore un peu plus affaibli Donald Trump.
Comme lors du second débat, aucune poignée de mains n’est échangée entre les deux candidats. Il faut dire que les tensions entre les clans Trump et Clinton ont rarement été aussi fortes et que le candidat républicain est désormais largement mené par la démocrate dans de nombreux États selon plusieurs sondages.
La Cour Suprême
Le troisième débat s’ouvre sur une question dont on a peu parlé depuis le début de la campagne et qui est pourtant la première à laquelle le « président élu » sera confronté. En janvier dernier, le juge Antonin Scalia décédait, laissant derrière lui un siège vacant à la Cour Suprême, la plus haute juridiction des États-Unis. Barack Obama a sans succès proposé plusieurs noms mais le Sénat a refusé de considérer les candidats, arguant que ce serait le rôle du président désigné en novembre de le faire.
Hillary Clinton commence par évoquer l’importance de l’instance dans le système américain : « Nous avons besoin d’une Cour qui défendra les droits des femmes, et de la communauté LGBT« , avant d’ajouter que la « Cour Suprême ne doit pas revenir sur le mariage des couples homosexuels pas plus que sur l’avortement« . Un temps réticente à l’idée du mariage gay, la candidate démocrate est aujourd’hui l’un de ses plus grands défenseurs.
Obama félicite Hillary Clinton : [Performances incroyables lors des trois débats. Personne n’a jamais été autant qualifié pour être président]
Donald Trump décide de répondre à la question en abordant le deuxième amendement (qui garantit le port d’armes) en expliquant : « cet amendement est attaqué » et affirme que s’il est élu, il désignera un juge qui défendra cette position. Le candidat républicain revient également sur l’avortement, expliquant « qu’avec Hillary Clinton, on pourra retirer le bébé du ventre de sa mère lors du neuvième mois de la grossesse » et qu’il d’ajouter qu’il nommera « un juge pro-life« , comprenez contre l’avortement.
Politique étrangère et immigration
C’est la première fois qu’autant de sujets sont abordés par les candidats lors du débat et une nouvelle fois, la conversation s’oriente vers les questions de politique étrangère et d’immigration. Ce deuxième sujet est d’ailleurs un enjeu majeur de cette campagne et Donald Trump n’hésite pas à attaquer frontalement son adversaire : « elle veut une amnistie pour tous les migrants illégaux » et « des frontières totalement ouvertes« . Le candidat explique « [qu’]il est nécessaire d’avoir des frontières sécurisées et laisser la drogue dehors » ou encore « nous avons des bad hombres ici et nous devons les renvoyer chez eux« . Hillary Clinton répond qu’elle ne peut se résoudre « à séparer des familles entières et certainement pas par les brigades de déportation que Donald a évoqué« .
Enfin, la question de la Russie est une nouvelle fois abordée et Hillary Clinton est pour la première fois celle qui attaque : « il ne semble y avoir aucun problème pour Monsieur Trump que la Russie interfère dans le processus des élections« . Alors que Donald Trump répond que « Mr Poutine n’a aucun respect » pour la candidate, cette dernière offre la phrase la plus violente de la soirée : « c’est parce qu’il préfèrerait avoir une marionnette [comme Donald Trump] comme président des États-Unis. »
Donald Trump et « l’élection truquée »
C’est un élément de langage qui est apparu au sein des équipes de campagne de Donald Trump ces dernières semaines : « rigged elections » ou bien des élections truquées. Soyons honnêtes, si ce n’est pas un signe que Donald Trump commence à s’inquiéter des sondages de plus en plus nombreux qui donnent Hillary Clinton gagnante, on ne sait pas ce que c’est… En soi, cette expression ne surprend pas dans la bouche du candidat républicain, qui affirme depuis le début de la campagne que les médias sont contre lui et s’allieraient même à Hillary Clinton pour le faire tomber.
Donald Trump a ainsi posté un tweet dans lequel il affirme: [Pourquoi Hillary n’a-t’elle pas annoncé qu’on lui avait donné les questions avant le débat!]
Pourtant, l’affaire a pris une toute autre dimension hier soir. En effet, alors que le modérateur interrogeait Donald Trump sur la possible issue du scrutin, ce dernier a lâché une bombe. A la question de savoir s’il accepterait les résultats, le candidat a répondu : « Je verrai en temps et en heure. Je laisse le suspense » , une première dans l’histoire moderne des élections présidentielles. Hillary Clinton a tout de suite répondu : « Soyons clairs sur ce qu’il est en train de dire. Il est en train de dénigrer, de mettre à mal notre démocratie« .
Si la première demie-heure du programme a semblé être plus productive que les deux derniers débats combinés, les vieux réflexes de Donald Trump ont vite repris le dessus. Une nouvelle fois, Hillary Clinton s’impose face à un candidat républicain qui ne cesse de voir ses chiffres dans les sondages dégringoler. Il reste 19 jours avant l’élection qui, devrait mettre fin à la pire campagne présidentielle que les États-Unis aient connu.