Dans cette série d’articles, nous vous emmenons à la découverte d’écoles et d’universités partout dans le monde. À quoi ressemble la vie étudiante en Inde, au Japon ou encore en Finlande ? Réponse dans cette série !
Épisode spécial dans lequel nous partagerons la situation d’étudiants en Ukraine. Le pays est au cœur d’un conflit armé avec la Russie depuis 2014. Lancée le 24 février dernier, l’invasion de Vladimir Poutine à pousser sept millions d’ukrainiens à fuir leur quotidien. Tandis que pour les un million et demi d’étudiants qui sont restés, c’est l’incertitude la plus profonde qui règne.
1.5 million d’étudiants toujours sur place
L’Ukraine comptait 313 universités à l’origine, mais depuis l’annexion des régions du Lougansk, Donetsk, Kherson et Zaporijjia à l’Est du pays, certaines d’entre elles sont fermées.
Une éducation de qualité, connue et reconnue
L’enseignement supérieur ukrainien bénéficie d’une réputation sans précédent. La qualité des cours en sciences, en politique et en médecine est mondialement reconnue. La facilité d’admission pour les étudiants étrangers (cours en anglais) et la gratuité quasi-totale de la scolarité font partie d’une organisation bien rodée.
En Ukraine, le système éducatif est similaire à ses voisins occidentaux, mais il s’inspire aussi du modèle post soviétique, notamment pour le système de notation (allant de un à douze). Notons que l’école est obligatoire jusqu’à 17 ans, jusqu’à l’obtention du ZNO (équivalent du baccalauréat).
Le conflit avec la Russie n’a pas vraiment bousculé les habitudes d’enseignement à l’université. Car depuis la crise sanitaire du COVID-19, les jeunes ont le choix entre le présentiel ou le distanciel.
Pour VL, nous avons pu obtenir un témoignage exclusif, celui de Yana Reshyvska, une étudiante ukrainienne de 20 ans. La jeune femme étudie le droit à la Zhytomyr Polytechnic State University, situé à 140 kilomètres de la capitale Kiev.
Elle nous raconte son quotidien entre ses cours d’amphi et le bruit des obus
On joue de la guitare lors des bombardements
“Dans la fac, les étudiants s’habituent aux circonstances surréalistes de la vie, lorsque les sirènes anti bombardement retentissent, on se rejoint tous dans les sous-sols pour jouer de la guitare et écouter de la musique” nous dit-elle, en esquissant un sourire.
“Depuis le mois d’octobre, nous connaissons de nouveaux problèmes. L’armée russe coupe l’électricité et brouille les réseaux mobiles. J’ai déjà suivi des cours dans le noir total. Il faut aussi régulièrement contrôler la potabilité de l’eau, car les risques d’empoisonnement existent », explique-t-elle.
Dans un conflit qui semble s’éterniser, les victimes civiles s’élèvent autour des 40 000…
Nous essayons de comprendre les ambitions de Yana
Aujourd’hui Yana rêve de devenir notaire et du haut de ses vingt ans, elle appartient à une génération qui n’a jamais vraiment connu une scolarité « normale« , la faute aux confinements successifs et à la guerre qui frappe son pays.
Son patriotisme et sa ferveur semblent cacher beaucoup de tristesse. La jeune femme nous confie que plusieurs de ses amis ont été tués. Elle mentionne un étudiant-soldat mort sur le front de bataille quelques semaines plus tôt.
Dans ce pays, vous pouvez perdre la vie à tout moment
“De nombreux problèmes psychologiques surviennent chez les étudiants ukrainiens, et personne n’en parle”, poursuit-elle. Malgré ça, l’espoir reste intact pour toute une génération.
L’année prochaine Yana souhaite candidater à la prestigieuse université Yaroslav Mudryi National Law University, la meilleure université du pays, mais cette dernière se situe au cœur des bombardements de l’aviation russe.
Malgré des conditions d’enseignement inédites, les jeunes ukrainiennes comme Yana ont foi dans le système éducatif. En Ukraine, on croit fermement dans la réussite par les études.
Les universités continuent de proposer un enseignement de qualité durant cette période inédite.
“A l’avenir je souhaite vivre ici, j’aime la culture, la nature, la langue et le peuple ukrainien”, affirme-t-elle avec une grande fierté