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Exclu : Taïro pousse son coup de gueule contre Nadine Morano

Après 20 ans de carrière, Taïro présente, cette année, son troisième album studio, « Raggae français ». L’artiste défend ses titres sur scène depuis le mois de septembre. Après le Divan du Monde, la Maroquinerie et bien d’autres encore, il sera à l’Olympia le 30 mars prochain.

Radio VL a eu la chance de s’entretenir avec l’icône et défenseur du raggae français. Le chanteur se livre. Engagé, il partage librement son avis sur la politique française et ça fait du bien !

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Comment décrirais-tu ton univers ?

C’est un peu difficile, c’est une question assez difficile. Moi je fais une proposition et puis c’est aux gens de se poser la question de savoir ce qu’ils en pensent je dirais. Mais moi ma culture musicale, comment j’ai appris à faire de la musique, c’est grace au raggae, grâce au sound system. Après ma culture musicale, elle a évolué avec le temps, j’ai rencontré la soul music que j’ai beaucoup aimé.
Et puis j’aime beaucoup la langue française aussi. Donc c’est un peu un mélange de tout ça. C’est un plaisir d’écrire des mots en français avec une culture mélodique jamaïcaine. Voilà je dirais que c’est à peu près ça.

Où en est le raggae selon toi ?

Je pense qu’il y a du monde. Qu’il y à la fois du publics et des acteurs nouveaux qui arrivent tout le temps, qu’il est très vivant mais par contre qu’il a du mal à se faire entendre. C’est pour ça que je vous remercie encore une fois de m’inviter.

Autre que le raggae, qu’est-ce que tu écoutes comme style de musique ?

J’écoute pas mal de choses de style très différents. Je ne suis pas du tout fermé. C’est pas tellement que je vais écouter un style et pas un autre, c’est plutôt que je vais être sensible à une chanson plus qu’à une autre, à une grille d’accords, à une voie, à des notes…

Quelle est ta plus belle rencontre artistique ?

Ma plus belle rencontre dans ma carrière c’est ma rencontre avec la Jamaïque. C’est Pierpoljak qui m’a emmené là-bas en 2000, en studio avec lui. Il travaillait à Tuff Gong et donc j’ai rencontré plein de gens, notamment Clive Hunt qui est un réalisateur jamaïcain et qui a enregistré et composé des titres comme Money in my pocket de Dennis Brown.
C’est plutôt une rencontre avec ce pays et cette culture que je voyais de loin et que je fantasmais beaucoup. Je me suis rendu compte à quel point raggae et Jamaïque, en fait, c’était qu’un seul mot et à quel point le raggae était puissant là-bas.

Quelle est ta scène préférée en France ?

Il y en a beaucoup que j’ai beaucoup aimées. Je dirais l’Olympia d’Ainsi soit-il en 2013. C’était complet, la salle était pleine et il y avait vraiment une énergie et une force impressionnante.

On va trouver quoi de nouveau dans ton nouvel album ?

Un nouvelle façon de chanter un peu, parce qu’on s’améliore de disque en disque. Enfin moi je m’améliore de disque en disque. J’ai participé avec des musiciens en studio, là il y a aucune programmation, il y a rien qui est fait à l’ordinateur. Donc il y a un nouveau souffle. J’ai aussi appelé des gens pour essayer de partager un peu l’écriture, pour rafraîchir mon écriture et pas tout le temps faire la même chose. Donc voilà, je dirais qu’il y a un nouveau souffle.

Qu’est ce que tu as envie de défendre dans cet album ?

Evidemment, justement ce côté live, c’est-à-dire de jouer avec les musiciens, un peu organique. Quelque chose qu’on pourrait appeler de la « vraie musique ». C’est pas pour dire que le reste c’est faux hein. Mais voilà, revenir à quelque chose d’un peu plus roots.
Et puis j’avais aussi envie de dire aux gens que je grandissais et que donc ma musique allait changer avec moi en fait. Et donc j’espère que cet album est un peu plus profond que les autres.
Sur les disques d’avant j’avais vraiment privilégié la musique et la mélodie. Je voulais vraiment que juste cette combinaison soit suffisante en elle même pour faire voyager. Là j’avais envie que l’écriture soit au centre aussi de mon projet. Pas que je l’avais abandonnée dans l’autre mais je l’avais mis un peu au second plan.

Il y a beaucoup de thèmes. Le message général est un peu résumé dans le titre. Raggae et français sont deux mots qui a priori ne vont pas ensemble. Parce que quand on va en Jamaïque, on se rend compte à quel point raggae et Jamaïque ne font qu’un seul mot. Et quand on vient en France, on voit bien que le raggae n’est pas dans la culture quotidienne de tous les jours.

« Si on devait séparer les gens (…) on en aurait pas fini de se séparer »

Donc c’est pour dire aussi que la culture c’est un pont. Un pont entre les différentes cultures. C’est aussi un pont entre les différentes origines. Et j’ai l’impression qu’en ce moment il y a des forces qui nous poussent à nous recroqueviller sur ce que eux considèrent être nos identités. C’est à dire notre couleur de peau, là où on est nés, la façon dont on prie, la façon dont on mange. Alors que pour moi en fait ce ne sont pas des choses qui nous définissent et pas des choses qui nous arrêtent, qui nous déterminent finalement.

Je pense que, oui, nos paroles, nos actes, notre façon d’envisager l’autre, ça c’est beaucoup plus révélateur de ce qu’on est que notre façon de manger ou la couleur de notre peau.

Et puis si on devait séparer les gens là-dessus on en aurait pas fini de se séparer. Il faudrait mettre les gens de moins d’1m60 ensemble, ceux machin, ceux qui ont les cheveux raides, ceux qui les ont plus frisés, ceux qui ont les yeux clairs, ceux qui les ont foncés. Les femmes d’un côté, les hommes d’un autre, les vieux, le petits, les gros, les maigres… On en aurait plus fini de se séparer. Effectivement nous sommes différents les uns des autres. Mais nous sommes différents tous les uns des autres. On n’est pas plus semblables parce qu’on est blancs ou parce qu’on est noirs.

Je sais pas pourquoi je vois en ce moment… Bon je vais parler d’elle, de Nadine Morano qui vient faire ses grandes sorties et de beaucoup d’hommes et femmes politiques qui sont sensés quand même avoir un niveau culturel, d’instruction, d’éducation, qui sont sensés nous représenter et qui sont sensé savoir des choses qui pourraient nous échapper et qui viennent nous raconter des conneries pour des stratégies politiques.

« Tout le monde fuit la guerre, tout le monde fuit la mort »

Je ne sais même pas si ces gens pensent vraiment ce qu’ils disent. Le problème c’est dangereux. Le problème c’est qu’à force diviser les gens comme ça, on fini par se faire tirer dessus dans la rue. Et c’est pareil, ces gens là qui disent « les migrants qui arrivent, ohlala on ne peut pas tous les accepter, dis donc ils veulent venir chez nous »… Déjà on est quand même tous Terriens. Donc qui peut dire de là où il est sur Terre que c’est chez lui et que l’autre il n’est pas chez lui. Ensuite, ces gens qui fuient la guerre, comment avec un peu d’humanité et un peu de dignité, on ne peut pas leur dire « mais évidemment vous êtes les bienvenus »? Même si ça va être compliqué même si ça va être difficile. Comment on peut les regarder en face et leur dire « non repartez chez vous »?

Et je vais vous raconter une petite anecdote vite fait. Le lendemain des attentats j’étais dans un café et il y a eu une alerte. Et en gros on nous a expliqué qu’il y avait des terroristes qui arrivaient qu’on allait se faire canarder. Tous les gens qui étaient dans le café se sont cachés sous la table et on fuit comme ils pouvaient, comme des rats. Donc je veux dire quand on est témoin de ça, on se rend bien compte que tout le monde fuit la guerre, tout le monde fuit la mort.

Donc il faut un peu, à un moment donné, être lucide et juste arrêter… Que ce soit à des fins politiques, ou alors si ce sont vraiment des convictions qu’ont les gens, je me demande vraiment qui ils sont.

« On peut se battre et avoir des idées et combattre pour ces idées de façon tout à fait positive »

Il n’y a rien de triste, il y a une force, une énergie, à trouver là dedans, dans ces convictions pour avancer dans la vie. Et même si c’est vrai que le climat n’est pas très apaisé c’est pas grave. On peut se battre et avoir des idées et combattre pour ces idées de façon tout à fait positive, le sourire aux lèvres. Il ne s’agit pas d’enfermer Nadine Morano ! Il s’agit juste de se mettre devant elle et de lui dire « expliquez-moi ce que vous dites parce que vraiment ça paraît complètement idiot et farfelu ». Et de trouver des arguments pour lui expliquer qu’à mon avis elle se trompe.

Moi je le fais avec la musique. Mais c’est vrai qu’à un moment donné je m’étais dit « tu n’es pas un homme politique et ton rôle c’est peut-être de permettre au gens de s’évader de leur quotidien. Les actualités ils en sont témoins comme toi et est-ce que t’as besoin de venir dire.. ». Mais la je me rend compte que malgré tout, et surtout avec la nouvelle génération, aujourd’hui prendre un micro en fait, c’est devenu une médaille que tu portes et au final tu n’as plus de responsabilités.
Evidemment c’est un espace de liberté la musique. Et chacun peut y faire ce qu’il a envie. Mais le fait de s’adresser au gens, c’est aussi une responsabilité. À partir du moment où tu as cette responsabilité là il faut que tu en aies conscience et au moins que tu envisages la façon dont ça va toucher les gens.

Quelles sont tes prochaines dates de concert ?

Le 31 octobre au Divan du Monde pour un show en acoustique qui n’aura lieu qu’une seule fois. Le 4 novembre à la Maroquinerie avec toute la Family Band, c’est le nom du groupe, et quelques invités. Le 11 novembre à la Machine du Moulin Rouge en sound system donc sur des platines et avec énormément d’invités : Pierpoljak, Daddy Mory, Daddy Nuttea, Maxwell, Junior Roy, Daddy Yod, Max Livio, Guive, Scars, Kenyon, Tiwony, Straika D, Féfé typical… Et j’en passe et des meilleurs, donc venez nombreux et nombreuses parce que ça va être quelque chose !

Et le 30 mars 2017 à l’Olympia !

À lire aussi : Disparition de l’artiste canadien Leonard Cohen

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