Lors des Fêtes de fin d’année, les programmes télévisés peuvent très vite tourner au cauchemar : brochette de dessin-animés infantiles et superficiels, flot incessant de téléfilms déprimants… Pour remédier à cela, la rédaction vous propose une liste (non-exhaustive) de quelques films à savourer pendant Noël pour profiter au mieux de vos vacances.
La vie est belle, Frank Capra (1946)
La vie est belle raconte l’histoire de George Bailey, un homme qui a abandonné ses rêves dans le but d’aider les autres. Alors qu’il sombre dans la précarité et que tout le monde semble l’abandonner, George projette de se suicider en se jetant d’un pont à la veille de Noël. Mais cette tentative est avortée par l’intervention de Clarence, un ange-gardien dans l’attente de l’obtention de ses ailes, envoyé par Dieu. Clarence propulse George dans une réalité alternée où il n’a jamais existé afin de lui montrer tout le bien qu’il a pu faire autour de lui.
S’il fut à sa sortie un échec commercial relatif, La vie est belle n’en demeure pas moins un des films les plus acclamés par la critique et un grand classique indémodable. Considéré comme un standard du cinéma américain populaire, il est devenu le film de Noël par excellence, constamment diffusé à la télévision américaine en cette période. La vie est belle est peut-être le film le plus personnel de Frank Capra, cinéaste majeur d’avant-guerre à qui l’on doit notamment la réalisation de It Happened One Night, Vous ne l’emporterez pas avec vous, Monsieur Smith au Sénat, etc. Ce drame bouleversant devint une œuvre capitale dans le cœur du cinéaste, qui avait misé tous ses espoirs de réussite sur lui : il le considérait en effet comme le plus grand film qu’il ait jamais fait. La vie est belle constitue une authentique démonstration du rêve américain et de ses interprétations, le tout exprimé à travers une tragédie optimiste s’adressant à nos affects les plus profonds.
La réussite du film est en partie due à la prestation extraordinaire d’un James Stewart au sommet de son art. Cet acteur ayant réussi à s’intégrer dans l’univers si particulier de cinéastes comme Alfred Hitchcock ou John Ford, fait preuve d’une adaptabilité prodigieuse et incarne l’un des personnages les plus touchants du cinéma américain. Ce véritable concentré d’humanité réalisé avec une magie indéfinissable ne pourra qu’enchanter vos fêtes de fin d’année.
Miracle sur la 34e rue, George Seaton (1947)
À New York, Doris Walker, employée de la chaîne de magasins Macy’s, cherche désespérément quelqu’un pour jouer le rôle du père Noël afin d’animer sa boutique pendant les fêtes. Elle embauche finalement Kris Kringle, un hurluberlu qui prétend être le vrai père Noël. Devant le scepticisme de son employeur, mais aussi de la fille de celui-ci, Susan, Kris décide d’aller au tribunal pour apporter publiquement la preuve de son identité.
Avec La vie est belle de Frank Capra, Miracle sur la 34e rue est le film de Noël de référence, constamment diffusé lors des fêtes de fin d’année aux États-Unis. De prime abord, ce film a mal vieilli et propose une histoire pleine de naïveté et de bons sentiments. Pourtant, Miracle sur la 34e rue a le mérite de présenter une formule qui fonctionne toujours avec la même habileté. L’ensemble est très bien équilibré : un scénario simple mais inventif relevé de nombreux rebondissements, une mise en scène légèrement scabreuse qui contribue cependant à la simplicité de l’ensemble, des dialogues finement construits et enfin et surtout, un excellent casting avec notamment Maureen O’Hara – qui nous a malheureusement quitté en octobre dernier – et la jeune Natalie Wood alors âgée de neuf ans, dans son premier rôle remarqué au cinéma.
Miracle sur la 34e rue n’égale pas la puissance cinématographique et artistique de La vie est belle mais il reste un des plus grands classiques du genre et une petite merveille d’écriture. Le fil conducteur du film est assez intéressant et révélateur de certains penchants de la société de consommation. Observant la frénésie commerciale autour de Noël, le scénariste s’était demandé ce que penserait le vrai Père Noël s’il débarquait à l’improviste.
White Christmas, Michael Curtiz (1954)
Deux hommes de spectacle plutôt talentueux, chanteurs, danseurs et amis (Bing Crosby et Danny Kaye), s’associent après la Seconde Guerre mondiale pour créer le numéro le plus attrayant du show business. Deux femmes se joignent un hiver à leur duo pour célébrer un « Noël Blanc » dans le Vermont. Ils découvrent un peu plus tard que l’auberge de montagne où ils vont se produire, est tenue par leur vieux général d’armée qui connaît quelques difficultés financières.
White Christmas est l’un des derniers succès de Michael Curtiz, réalisateur incontournable de la Warner Bros des années 30 et 40, à qui l’on doit entre autre le chef-d’œuvre Casablanca (1942). Ce film musical dénué de toute prétention, sent bon la joie de vivre et le sapin de Noël et nous entraîne dans un festival de costumes flamboyants, de paillettes et de chorégraphies endiablées. Si rien n’est inoubliable dans ce film, il contient en revanche, assez d’éléments sympathiques pour nous faire passer un agréable moment. Le scénario se base sur des caractéristiques fréquentes du genre : diverses romances imbriquées, quiproquos vaudevillesques et plusieurs numéros musicaux placés plus ou moins artificiellement dans l’intrigue.
Le succès du film est particulièrement dû aux chansons, pour la plupart excellentes, d’Irving Berlin, incluant l’éternelle White Christmas. Cette chanson qu’il composa au début des années 40, reçut un Oscar après sa participation au film Holiday Inn (1942). Elle devint vite un classique du genre et compte aujourd’hui des centaines de reprises. En définitive, White Christmas est un petit enchantement très modeste, présentant un casting talentueux évoluant au sein d’un Technicolor très pigmenté. Il est, plus que tout autre long-métrage présent dans cette liste, le film de circonstance en cette période de Noël, n’ayant assurément pas le même charme s’il est visionné à une autre époque de l’année.
L’Arbre de Noël, Terence Young (1969)
Comme chaque année, depuis qu’il a perdu sa mère, Pascal revient à Paris pour passer les vacances avec son père Laurent. Ils partent en Corse, et, au cours d’une promenade en mer, un avion explose au dessus de leur embarcation et une bombe retenue par un parachute tombe lentement dans l’eau. Laurent qui était en plongée à ce moment-là ne gardera aucune séquelle de cet incident, mais son fils est irradié et contracte une leucémie qui le condamne irrémédiablement…
« Considérez que vous venez de naître en compagnie d’un enfant de dix ans et que vous avez tous les deux six mois à vivre. » Tel est le terrible constat que le médecin délivre au père du garçon. Et c’est cette tragédie inévitable qui constitue la grande réussite de L’Arbre de Noël, car si la mise en scène est assez plate et le scénario relativement tiré par les cheveux, il est impossible de rester de marbre devant une peinture aussi sévère de la fatalité. Pendant l’intégralité du film, un père décide d’offrir à son fils la vie la plus merveilleuse qui soit, tout en étant conscient du destin funeste auquel il est promis. La relation qui en découle n’en est que plus intense et rend l’inéluctable final encore plus poignant.
L’Arbre de Noël est en grande partie dû à un casting de qualité avec l’acteur américain oscarisé William Holden, l’italienne Virna Lisi et l’inoubliable Bourvil, qui, fidèle à son rôle d’homme simple et bienveillant, campe l’un des rôles les plus dramatiques de sa carrière. La connotation chaleureuse des célébrations liées à Noël est en totale contradiction avec la dimension tragique du film et sollicite davantage la compassion du spectateur.
Au service secret de sa majesté, Peter R. Hunt (1969)
Au service secret de sa majesté est le sixième film de la franchise James Bond : peu connu par certain et adulé par d’autres, il en est peut être l’épisode la plus contrasté. Si à sa sortie, la prestation de George Lazenby n’a pas réussi à convaincre le public, ce qui l’a d’ailleurs poussé à abandonner le rôle, Au service secret de sa majesté s’est progressivement détaché de sa mauvaise réputation et a fini par devenir pour certains l’un des meilleurs films de la saga.
En qualité de James Bond, il n’est évidemment pas un film sur Noël, mais une grande partie de l’intrigue se déroule pendant les fêtes de fin d’année. Ernst Stavro Blofeld, le grand ennemi de l’agent 007, s’est établi au sommet d’une montagne suisse, dans une infrastructure panoramique appelée Piz Gloria et s’apprête à répandre dans le monde entier une bactérie capable de tuer des millions de personnes. Sa demeure est ornée de superbes décorations de Noël et ses résidents s’y délectent du réconfort et de la tiédeur des feux de cheminée. Dans la vallée surplombée par ces montagnes, on se prépare à fêter Noël : sapins magnifiquement décorés, patinoire en plein air et festivals de lumières sont au rendez-vous. Les décors alpins sont exploités au maximum, que ce soit en hélicoptère, à ski ou en bobsleigh. Au service secret de sa majesté met d’ailleurs en scène la première course-poursuite à ski de la saga James Bond, un élément récurrent par la suite.
La bande originale est composée par un John Barry toujours aussi inspiré, qui signe ici l’une des meilleures partitions de la franchise – il composa à ce titre une chanson intitulée Do You Know How Christmas Trees Are Grown?, que l’on peut entendre plusieurs fois pendant le film. Au service secret de sa majesté dispose en outre d’un casting de marque avec entre autre Telly Savalas dans le rôle du grand méchant Blofeld, et surtout, la sublime Diana Rigg qui fera flancher le cœur de notre espion préféré.
Black Christmas, Bob Clark (1974)
À la veille de Noël, la plénitude d’une pension de jeunes filles va être bouleversée par un dangereux psychopathe adepte des appels téléphoniques sordides, qui va sombrer peu à peu dans une folie meurtrière interminable.
S’il est considéré comme le premier slasher movie de l’histoire du Cinéma, Black Christmas n’en demeure pas moins méconnu du grand public. Plusieurs techniques et éléments du scénario sont devenus des standards du genre, tels un petit budget, des acteurs jeunes et débutants, un tueur masqué ou ici invisible, des meurtres nombreux et sanglants à l’arme blanche. Il réunit également, et ce, bien avant d’autres grands classiques du genre, tous les éléments diégétiques essentiels à la conception d’un film d’horreur typique : groupe de jeunes filles livrées à elles-mêmes, harcèlement téléphonique, etc. Certaines figures de style comme l’usage de la caméra subjective pour représenter le tueur, deviendront récurrentes dans les films d’horreur ultérieurs tels Les Frissons de l’angoisse de Dario Argento, Halloween de John Carpenter, The Evil Dead de Sam Raimi ou encore Maniac de William Lustig.
Avec Black Christmas, Bob Clark réalise l’une des pierres angulaires du cinéma d’épouvante contemporain et pose les bases d’une formule vouée à une déclinaison interminable. L’ambiance insidieuse et oppressante du film est parfaitement maîtrisée et relevée de voyeurisme, de fétichisme macabre et de meurtre graphique – une séquence flirte même avec le giallo (cinéma d’horreur italien), dans sa conception et dans son style. Dans ce film, la prééminence de Noël apporte un côté non pas rassérénant, mais malsain et dérangeant, dépeignant un conte macabre régi par la déviance et la déréliction. Servi par une distribution solide, avec entre autre Olivia Hussey – révélée par son rôle dans le Roméo et Juliette de Franco Zeffirelli – et Margot Kidder, Black Christmas demeure un modèle inaltérable d’efficacité horrifique.
La vie de Brian, Terry Jones (1979)
En l’an 0, Brian naît à Bethléem, d’une mère juive possessive et revêche. D’abord, elle refuse l’entrée de sa crèche aux rois mages. Puis, un samedi de l’an 33, alors que Brian veut aller écouter un certain sermon sur la montagne, elle l’entraîne à une lapidation. Devenu membre du Front du peuple de Judée, Brian couvre le palais du gouvernement de graffitis antiromains.
Véritable comédie satyrique et loufoque, La Vie de de Brian, souleva lors de sa distribution, de nombreuses protestations. Plusieurs groupes chrétiens crièrent au blasphème, particulièrement choqués par la scène finale où les victimes d’une crucifixion de masse chantent la chanson d’Idle, Always Look on the Bright Side of Life. Lors de sa sortie initiale au Royaume-Uni, le film fut interdit par plusieurs conseils municipaux e des militants distribuèrent des pamphlets devant les cinémas, offrant d’ailleurs un tapage publicitaire gratuit au film.
Les comédiens britanniques jouent la plupart des rôles du film et s’en donnent à cœur joie. Le collectif a toujours défendu que le film était hérétique plutôt que blasphématoire, car il se moque des pratiques religieuses plus que de Dieu lui-même. En comparaison avec leur film précédent, Sacré Graal !, La Vie de Brian est clairement plus scénarisé et l’humour y est plus satyrique qu’absurde – on pourrait même y voir une parodie des péplums… Il tend à tourner en dérision différents tabous comme la croyance aveugle de certains groupes ou personnes en matière de religion, la supériorité supposée de certaines civilisations et souligne en la caricaturant à outrance la complexité du contexte historique, politique et confessionnel de l’époque et des lieux hautement symboliques où se déroulent les événements. Pour un Noël blasphématoire : choisissez La Vie de Brian.
Le père Noël est une ordure, Jean-Marie Poiré (1982)
Un soir de Noël, Pierre et Thérèse, deux bénévoles de la SOS Détresse Amitié, prennent leur permanence téléphonique, mais cette nuit caritative va vite tourner au cauchemar. Tandis que madame Musquin, la responsable de l’association, reste coincée dans l’ascenseur, un défilé de personnages marginaux et farfelus provoquent des catastrophes en chaîne…
À la suite du succès de la pièce homonyme créée par la troupe du Splendid en 1978, le producteur Yves Rousset-Rouard lance l’idée d’une adaptation cinématographique, avec Jean-Marie Poiré à la réalisation. Sortie en 1982, Le père Noël est une ordure est une comédie noire caricaturant le petit commerce de la solitude et de l’exclusion, faisant partie des films les plus drôles et les plus populaires du cinéma français. Il est de ce fait, constamment diffusé à l’approche des Fêtes. Le film décrit de manière humoristique, comment des bénévoles se retrouvent confrontés à la vraie misère et à l’exclusion sociale, puis finalement submergés, en recevant physiquement des marginaux et non en s’adressant à eux par téléphone. Film très politiquement incorrect allant à l’encontre des clichés que les gens ont sur la détresse et sur les pauvres, Le père Noël est une ordure soulève des questions sociales peu abordées à l’époque : misère des sans-abris, homosexualité et travestissement, immigration, dépression nerveuse, etc.
Ces personnages infernaux et horripilants dévoilent occasionnellement un côté émouvant, comme lorsque le personnage de Katia, travesti interprété par Christian Clavier, prononce une tirade cruellement réaliste sur sa condition de marginal. Indépendamment de cette critique sociale évidente, Le père Noël est une ordure représente une œuvre maîtresse de la comédie à la française, avec des gags défilant à une vitesse inimaginable, un concentré de répliques cultes et un rythme impeccable. Comme dans les deux premiers opus des Bronzés, on retrouve une bonne partie des acteurs du Splendid tels Thierry Lhermitte, Christian Clavier, Gérard Jugnot, Josiane Balasko, Marie-Anne Chazel, Bruno Moynot, ainsi qu’une comédienne invitée, Anémone.
A Christmas Story, Bob Clark (1983)
Aux États-Unis dans les années 1940, à Hammond dans l’Indiana, le jeune Ralphie, âgé de 9 ans, cherche par tous les moyens à convaincre ses parents de lui offrir pour Noël le cadeau de ses rêves : la fameuse « carabine à double action de Red Ryder ». Et s’ils pensent qu’il pourrait se blesser avec un tel jouet, alors il ne reste plus qu’à convaincre le Père Noël en personne.
A Christmas Story est un grand classique des fêtes de Noël aux États-Unis où il est rediffusé chaque année. Le film est mprunt d’un humour très décalé à la limite du burlesque, notamment lorsque le petit Ralphie, se laisser aller à des rêveries éveillées. La voix du narrateur est celle du garçon devenu adulte, qui raconte ses souvenirs et revit son enfance, apportant ainsi à l’ambiance générale du film, un goût très prononcé pour la nostalgie. Comédie irrésistible, qui a le mérite de ne jamais adopter le ton niaiseux de ce sous-genre, A Christmas Story est probablement l’un des films qui reflètent le plus le véritable esprit de Noël. Ce dernier a acquis au fil du temps une réputation considérable, notamment aux États-Unis où il est considéré par certains comme l’un des meilleurs films de l’année 1983.
Un fauteuil pour deux, John Landis (1983)
D’un côté, Louis Winthorpe III, un jeune directeur, est chargé des investissements chez Duke & Duke, une puissante banque de Philadelphie. De l’autre, Billy Ray Valentine est un Noir combinard mais fauché. Tous deux vont faire l’objet d’un pari insensé, passé entre les patrons de Louis.
Un fauteuil pour deux est une excellente comédie réalisée par John Landis à qui l’on devait déjà le film culte des Blues Brothers. Le scénario est très original et rondement mené avec humour et subtilité. En effet, le film dénonce avec légèreté le fonctionnement de l’économie américaine et la manière dont les hommes riches et puissants peuvent tout contrôler. Tous les personnages sont intéressants et amusent par des traits de caractères bien particuliers. La réussite du film repose également sur un casting de choix. Dan Akyord et Eddie Murphy excellent dans le registre comique et les acteurs secondaires sont tous parfaits – on retiendra notamment Jamie Lee Curtis, Denholm Elliott, Raplh Bellamy et Don Ameche. Un fauteuil pour deux est une comédie de Noël bien travaillée, sympathique à regarder et très divertissante.
Gremlins, Joe Dante (1984)
Rand Peltzer, un inventeur farfelu, décide à l’occasion de Noël, d’offrir un cadeau original à son fils Billy. Dans un magasin chinois, il trouve un étrange animal, un mogwai, qu’il renomme Gizmo. Avant de le laisser rentrer chez lui, l’ancien propriétaire du mogwai insiste sur certaines précautions à respecter impérativement : il ne faut pas exposer l’animal à la lumière, lui éviter tout contact avec l’eau, et surtout, surtout, ne jamais le nourrir après minuit…
Gremlins est une comédie horrifique ayant connu un très grand succès commercial en 1984. Produit par Steven Spielberg, scénarisé par Chris Columbus et réalisé par Joe Dante, ce film réunit la crème du divertissement des années 80. Gremlins met en scène une petite famille lambda, avec ses propres soucis quotidiens, dans une banlieue américaine typique dont le calme et la sérénité seront troublés par l’apparition de créatures terrifiantes. Le film démarre comme un film d’horreur lambda, édulcoré par un conte de fée contemporain sur fond de célébrations des fêtes de Noël, et se transforme en comédie hilarante et burlesque pour le plaisir des petits et des grands.
Si Gremlins n’est pas un véritable film d’horreur, il n’oublie cependant pas d’effrayer le public : les créatures sont loin d’être inoffensives et exposent les habitants de la petite ville fictive de Kingston Falls à une violence très crue. Cette violence à la fois brutale et désinvolte catapulte l’humour noir à des sommets encore rarement atteints au cinéma. S’appuyant sur des effets spéciaux remarquables pour l’époque et des créatures au design parfaitement conçu, Gremlins est un petit chef-d’œuvre du cinéma fantastique, et prouve, à l’inverse de nombreux films actuels, que l’on peut plaire à un large public, et surtout, que l’on peut s’adresser aux enfants sans pour autant les prendre pour des idiots.
Die Hard, John McTiernan (1988)
John McClane, un policier new-yorkais, est venu rejoindre sa femme Holly, dont il est séparé depuis plusieurs mois, pour les fêtes de Noël et espère pouvoir se réconcilier avec elle. Celle-ci est cadre dans une multinationale japonaise, la Nakatomi Corporation. Son patron, M. Takagi, donne une soirée en l’honneur de ses employés, à laquelle assiste McClane. Tandis qu’il s’isole pour téléphoner, un commando de terroristes allemands investit l’immeuble et coupe toutes les communications avec l’extérieur…
Conçu avec un budget de 28 millions de dollars, Die Hard en rapporta plus de 140 au box-office mondial. Le film fut réalisé d’une main de maître par John McTiernan, cinéaste spécialisé dans les films d’action, dont l’œuvre s’appuie régulièrement sur la figure du héros viril et solitaire. C’est avec Die Hard que Bruce Willis fut propulsé au rand de star internationale et d’icône du cinéma d’action. Il y arbore pour la première fois les caractéristiques qui reviendront dans ses rôles ultérieurs, à savoir une alliance entre charme ironique et puissance physique. C’est également dans Die Hard qu’Alan Rickman effectue ses premiers pas au cinéma. Ce grand comédien britannique de renom, rencontra le succès dès ce premier rôle qui lui a permis de se glisser à la 46e place du classement des 100 plus grands méchants de tous les temps de l’American Film Institute.
Véritable course la montre située à mi-chemin entre le film catastrophe et le film d’action, Die Hard est souvent considéré comme l’un des meilleurs du genre. Dans cet immense building, la caméra traque l’action du film dans ses moindres recoins : halls, salles, couloirs, ascenseur et cages d’escaliers deviennent les éléments de cette jungle de verre, d’acier et de béton. La tour déserte se transforme en un véritable lieu d’angoisse, rythmé par un jeu de cache-cache haletant entre le héros et les terroristes. Cascades impressionnantes, éclats de verre, alternance de calme troublant et de situations violentes, effets spéciaux particulièrement ingénieux pour l’époque… tels sont les ingrédients de cet étonnant film d’action. On retiendra notamment des crashs d’hélicoptères à la dimension réaliste rarement égalée qui vous laisseront pantois.
Edward aux mains d’argent, Tim Burton (1990)
Pendant les fêtes de Noël, une grand-mère raconte une histoire à sa petite-fille pour lui expliquer d’où provient la neige qui tombe sur la ville. Cette histoire commence avec un jeune homme appelé Edward créé par un inventeur vivant seul dans un sombre château perché sur une colline. Mais l’inventeur meurt avant d’avoir pu achever son œuvre, laissant Edward avec des ciseaux aux lames extrêmement acérées à la place des mains.
Véritable œuvre emplie de poésie et d’émotion, Edward aux mains d’argent est l’un des plus grands succès du cinéaste Tim Burton, qui le considère comme son œuvre la plus personnelle. Cette comédie dramatique atypique traite de l’exclusion, de la découverte de soi et de la confrontation entre fantastique et conformisme. Elle lança la carrière de l’un des acteurs les plus prolifiques de notre temps, Johnny Depp et marque aussi l’une des dernières apparitions de Vincent Price au cinéma. C’est également avec ce film, que Tim Burton fut définitivement associé au mouvement gothique.
Selon lui, Edward aux mains d’argent est aussi et surtout, un film sur l’isolement. Les ciseaux du personnage symbolisent à la fois son côté créatif et destructeur. Quant au château gothique de l’inventeur, il est une réaction à la banlieue résidentielle ordinaire. Tim Burton évoque cette banlieue comme un endroit où il n’y a ni histoire, ni culture, ni passion pour quoi que ce soit. Véritable conte de fées moderne où le héros doit sortir de son isolement à travers un parcours initiatique et relevé d’une romance pour le moins singulière, Edward aux mains d’argent est une œuvre débordante de sensibilité, teintée d’une magnifique noirceur digne de son auteur. Saisissant toute la subtilité de la culture gothique, Tim Burton s’érige comme l’accusateur des stéréotypes négatifs répandus par les médias. C’est un film parfait pour la période de Noël.
Maman j’ai raté l’avion, Chris Colombus (1990)
La famille McCallister a decidé de passer les fêtes de Noel à Paris. Seulement, Kate et Peter McCallister s’aperçoivent dans l’avion qu’il leur manque le plus jeune de leurs enfants, Kevin, âgé de 9 ans. D’abord désespéré, Kevin reprend vite les choses en main et s’organise pour vivre le mieux possible et profiter de l’absence de sa famille… quand deux cambrioleurs choisissent sa maison pour commettre leurs méfaits.
Maman j’ai raté l’avion est la comédie de Noël de référence des années 90 ayant marqué toute une génération de jeunes spectateurs. Quel enfant n’a jamais rêvé d’avoir sa maison pour lui tout seul et de la transformer en terrain de jeu géant ? Commander des pizzas, veiller tard le soir et regarder des films d’action interdits aux plus jeunes.. tel est le quotidien de Kevin, une fois sa famille partie. Bénéficiant d’un casting de marque avec le jeune Malcauley Culkin dans le rôle vedette, et surtout Joe Pesci, Maman j’ai raté l’avion est un film drôle, inventif et émouvant au rythme particulièrement bien tenu. Réalisée par l’ancien scénariste de Gremlins, le talentueux Chris Columbus, cette comédie est devenue l’une des plus rentables de l’histoire du cinéma américain. Souvent imitée, jamais égalée, aucune autre comédie n’a réussi à réitéré un tel succès.
L’Étrange Noël de Monsieur Jack, Henry Selick (1993)
L’Étrange Noël de Monsieur Jack est un film d’animation sorti en 1993, réalisé par Henry Selick et basé sur un poème de Tim Burton, à qui l’on doit également la conception des personnages. Il raconte l’histoire de Jack Skellington, sorte de grand squelette mince et élancé, éminent personnage de la ville d’Halloween. Fatigué de célébrer la fête des morts chaque année avec la même virtuosité, Jack Skellington décide de s’approprier la préparation de Noël.
Véritable succès critique et commercial, ce long-métrage réalisé image par image, est considéré par beaucoup comme l’un des chef-d’œuvre du cinéma d’animation. Le film est bercé par une bande originale d’exception composée par Danny Elfman et comprenant des chansons devenues cultes comme This Is Halloween. L’Étrange Noël de monsieur Jack traite de la marginalité, une thématique récurrente dans les œuvres de Tim Burton qui a dit lui-même : « Aux États-Unis, on te colle une étiquette. On te dit qu’un tel est intelligent, un autre est beau, et tel autre est stupide. C’est dans mon agacement envers ces principes qu’il convient de trouver l’origine d’Edward aux mains d’argent et de L’Étrange Noël de monsieur Jack ».
Sans prétention, Tim Burton nous livre une simple leçon de tolérance, imprégnée de l’univers d’Edgar Allan Poe, auteur fétiche du cinéaste. Tel son maître à penser, Tim Burton met en scène des personnages sombres rongés par la solitude, dont l’histoire vire à la comédie burlesque et macabre. L’Étrange Noël de monsieur Jack est de loin le meilleur film d’animation né de l’imaginaire de Tim Burton, réalisateur énigmatique et conteur d’exception, et demeure une excellente démonstration de l’univers sombre et poétique de ce dernier.
Eyes Wide Shut, Stanley Kubrick (1999)
Sorti en 1999, Eyes Wide Shut est l’ultime opus de l’œuvre de Stanley Kubrick qu’il a coécrit, produit et réalisé. Le film se base sur une nouvelle de l’auteur autrichien Arthur Schnitzler intitulée Traumnovelle et publiée en 1926. Dernier chef-d’œuvre du maître décédé quelques mois avant la sortie du film, il explicite de manière définitive le penchant de l’artiste pour les thématiques sombres et troublantes. L’intégralité de l’histoire se déroule pendant les fêtes de fin d’année et s’immisce dans la relation d’un couple de jeunes bourgeois new-yorkais. Le film se focalise sur les tribulations du mari, Bill Hardford, au cœur une nuit débordante d’aventures aussi insolites les unes que les autres, qui le conduiront dans un château où une puissante société secrète organise des orgies masquées.
Selon certains critiques, Kubrick aurait choisi de situer le film pendant la période de Noël parce qu’elle évoque la naissance et le rajeunissement. Quoi qu’il en soit, elle a permis au réalisateur d’employer quelques unes de ses méthodes de photographie bien personnelles, incluant les emplacements des sources d’éclairages – comme il put le faire sur le tournage de Barry Lyndon. Les lumières de Noël illuminent les moindres recoins du film, lui accordant ainsi un charme inégalable.
S’il n’est pas le meilleur film de Stanley Kubrick, Eyes Wide Shut est sans nul doute avec Barry Lyndon (1975), l’une des plus belles créations du réalisateur sur les plans esthétique et visuel. Plus qu’une simple œuvre testamentaire, ou qu’une compilation des thèmes chers à son auteur, Eyes Wide Shut est un petit chef-d’œuvre menant à leur paroxysme le thriller érotique et le drame psychologique, et marque avec virtuosité, la fin de la carrière d’un des cinéastes majeurs du XXe siècle. Malgré certaines longueurs, Eyes Wide Shut n’attise jamais l’ennui. La beauté visuelle, l’habile suspense et le génie du cinéaste nous tiennent en haleine du début à la fin.
La Bûche, Danièle Thompson (1999)
Noël approche. Pour trois soeurs et leurs parents, c’est l’heure de vérité. Louba, Sonia et Milla arrivent toutes à un moment charnière de leur vie. Louba, la chanteuse, est enceinte de son amant de toujours, marié et déjà père de cinq enfants. Sonia, la bourgeoise, trompe son mari et son ennui avec un fleuriste. Pour sa part, Milla, la jeune rebelle, enchaîne les échecs sentimentaux. Stanislas, leur père, violoniste tzigane à la retraite, semble vouloir révéler un lourd secret. Quant à Yvette, la mère, elle enterre son second mari. Les trois filles aimeraient bien la réconforter, mais elles sont toutes préoccupées par leurs propres soucis…
La Bûche est la première réalisation de Danièle Thompson, fille de Gérard Oury et auteur de renom ayant signé les scenarii d’un grand nombre de classiques du cinéma français, dont ceux de La Grande Vadrouille, La Folie des grandeurs, Les Aventures de Rabbi Jacob, La Boum ou encore La Reine Margot. Il s’agit d’un petit film choral sans prétention, doué d’un casting transgénérationnel permettant de s’adresser à un large public. On rencontre ainsi une pléiade de comédiens français tels Sabine Azéma, Emmanuelle Béart, Charlotte Gainsbourg, Jean-Pierre Darroussin et surtout un duo exceptionnel formé par Claude Rich et Françoise Fabian. Comédie dramatique cinglante sur l’univers de la famille et les tracas du quotidien souvent mis en exergue à l’approche des fêtes, La Bûche est avant tout un film d’acteurs. Ses qualités reposent évidemment sur ce casting de choix et sur des répliques parfois enlevées qui font de lui un excellent divertissement pour la fin d’année.
Les Rois Mages, Bernard Campan, Didier Bourdon (2001)
Gaspard, Melchior et Balthazar sont tombés dans une faille temporelle : en voulant rejoindre l’étable de Jésus, ils se retrouvent en 2001 à Paris pendant les fêtes de Noël et rencontrent notamment des producteurs de télévision très enclins à profiter de l’opportunité médiatique. Balthazar rencontre une jeune comédienne, Macha tandis que Melchior rencontre Jo, un jeune maghrébin de banlieue. Les trois rois vont finalement se retrouver et entraîner Macha et Jo involontairement dans leurs aventures.
S’il n’est pas aussi réussi que Les Trois frères ou Le Pari, deux premières réalisations des Inconnus au cinéma, Les Rois Mages n’en demeure pas moins une comédie irrésistible. Compte tenu du scénario fantastique, l’humour lapidaire habituel du trio d’humoristes bascule relativement dans le comique loufoque, mais les gags fonctionnent et la plupart des répliques sont hilarantes et devenues cultes. S’il avait été interprété par d’autres acteurs, la mayonnaise n’aurait surement pas prise. Quoi qu’il en soit, Les Rois Mages est un très bon divertissement, parfait pour passer un bon moment et se vider la tête pendant Noël.
Huit femmes, François Ozon (2002)
Années 1950, dans une belle demeure bourgeoise de province. Alors que l’on se prépare à fêter Noël, Marcel, le maître de maison, est assassiné dans son lit par un couteau planté dans le dos. Autour de lui, huit femmes rongés par d’obscurs secrets, et le coupable est forcément l’une d’entre elles…
Avant tout, Huit femmes jouit d’un casting exceptionnel, associant le jeu de huit actrices formidables. Le film offre un subtil mélange de tonalités et l’intrigue ballotte adroitement entre plusieurs registres : dramatique, comique, ironique. Son humour caustique à l’inclination grotesque lui assure une tournure récréative et drolatique, au travers de répliques délicieusement vitriolées. La mise en scène, qui pour être artificiellement stylistique n’en est pas moins ingénieuse. Les costumes sont adaptés à la personnalité surfaite et au rang social de chaque femme. Les décors sont polychromés, la musique pompeuse, quant à l’ambiance faussement chaleureuse de Noël avec le sapin orné de lumières, l’incessante chute de neige et le feu de cheminée, elle vivifie la tension et l’asphyxie des personnages à foison. Tous les ingrédients filmiques sont un agglomérat de pures clichés, mais l’astuce est là et on en redemande !
Chaque femme interprète une chanson du répertoire français. Les titres sont très variés : Papa, t’es plus dans le coup, Message personnel, À quoi sert de vivre libre, Mon amour, mon ami, Pour ne pas vivre seul, À pile ou face, Toi jamais. Puis le film se conclut sur les pessimistes mais néanmoins tristement irréfutables paroles du poème d’Aragon : « Il n’y a pas d’amour heureux… ». L’ambiance de l’œuvre policière initiale est parfaitement retranscrite et enjolivée par la dimension comique. Au demeurant, Huit femmes constitue un véritable hommage au Cinéma. Avant d’être une apologie de la femme et de sa condition, il est une ode aux actrices et à leur tempérament. Un vrai petit bijou.
Love Actually, Richard Curtis (2003)
Film choral avec une prestigieuse distribution parmi lesquels Hugh Grant, Liam Neeson, Colin Firth, Laura Linney, Emma Thompson, Alan Rickman, Keira Knightley, Martine McCutcheon, Bill Nighgy et Rowan Atkinson, Love Actually ambitionne de se pencher sur différents aspects figurés par les relations amoureuses. Située principalement à Londres, l’histoire du film commence cinq semaines avant Noël et se déroule comme un compte à rebours jusqu’à la fête.
Cinéphiles exigeants, passez votre chemin, car Love Actually n’a absolument rien d’un chef-d’œuvre. Il s’agit purement et simplement d’une comédie romantique dénuée de toute prétention, dont l’intrigue se focalise sur les fêtes de fin d’année. Le film reste néanmoins un excellent divertissement destiné à réchauffer les cœurs fragiles lors des froids hivernaux. Humour très britannique, situations loufoques et scènes émouvantes sont les maîtres mots de cette première réalisation de Richard Curtis, qui avait auparavant écrit les scénario de deux comédies britanniques cultes des années 90, Quatre mariages et un enterrement et Coup de foudre à Notting Hill.
Contrairement à ses précédents longs-métrages, Richard Curtis se propose, avec Love Actually, d’évoquer le destin amoureux d’une vingtaine de personnages principaux au travers de plusieurs histoires s’entrecroisant au fil du récit. Le réalisateur explique avoir voulu rendre compte que : « Dans une même seconde se côtoient le sublime et le ridicule, la confiance et la trahison. Au moment où vous êtes fou de bonheur, ailleurs, quelqu’un d’autre désespère. Tous ces moments sont autant de notes qui font la partition du monde, sa musique et sa vie. » Par ailleurs, comment imaginer une comédie romantique sur Noël sans une reprise de All I Want for Christmas Is You, ici chantée par Olivia Olson devant un public très attentif.
Collision, Paul Haggis (2004)
Les fêtes de fin d’année se préparent à Los Angeles. Un vol de voiture, un accident de la route, des individus de couches sociales et ethniques différentes qui vont être amenés à se croiser. Une peinture réaliste sur la composition sociale de l’Amérique et de son communautarisme exacerbé, où la différence, qu’elle soit sociale ou raciale, est omniprésente dans les rapports humains.
Réalisé par le futur scénariste de Million Dollar Baby et de Quantum of Solace, Collision diffère beaucoup d’autres films sur le racisme dans son approche impartiale de la question. Au lieu de présenter un clivage simpliste entre racistes et victimes de racisme, le film insiste également sur l’attitude préjudiciable de ces victimes, celles-ci étant souvent enclines à la discrimination. Les remarques et les actions racistes mises en scène sont souvent attribuées à l’ignorance et aux malentendus, plutôt qu’à des personnalités profondément malveillantes. Le film est à ce titre, vu par certains comme une peinture tristement réaliste d’une Amérique post-11 septembre en proie à des tensions raciales.
S’il a été relativement bien été accueilli par la critique et le public de l’époque et reçut notamment l’Oscar du meilleur film, Collision a été, par la suite, victime d’une lapidation médiatique sans précédent. Il est d’ailleurs régulièrement cité dans les pires films ayant reçu l’Oscar tant convoité, qui aurait du, selon une partie du public, revenir au Brokeback Mountain d’Ang Lee. Cependant, peut-être que l’universalité des thèmes abordés dans Collision s’adressait à un plus large public que celle d’une relation homosexuelle. Il convient de saluer l’ambition du film, qui réussit avec une puissance émotionnelle très forte, à faire vivre un drame choral sur les incompréhensions et les affrontements interraciaux. Les seuls points faibles du film demeurent un penchant pour les stéréotypes outranciers et une avalanche de bons sentiments vers la fin de l’histoire.
Joyeux Noël, Christian Carion (2005)
Pendant l’été 1914, la Première Guerre mondiale éclate et entraîne des millions d’êtres humains dans son tourbillon. Et puis arrive Noël, ce soir-là un événement extraordinaire va bouleverser le destin de plusieurs personnages, qui, à la faveur de cette nuit sacrée, font se retrouver au cœur d’une fraternisation sans précédent entre les soldats français, allemands et britanniques…
Le film effectue un mélange de plusieurs épisodes de fraternisation, survenus en différents endroits du front à la Noël 1914. Si cet assemblage a parfois été accueilli par la critique comme une surestimation de la volonté de pacifisme des Poilus, il permet néanmoins de renforcer le propos du film. Tous les faits rapportés dans Joyeux Noël sont attestés par différents témoignages et preuves historiques. Ainsi, la fraternisation, l’envoi de sapins dans les tranchées allemandes, la partie de football, les échanges de denrées, les chants, la messe de Noël commune dans le no man’s land, la trêve pour relever les corps, la photo de groupe, et le passage d’une tranchée à une autre pour se protéger des bombardements d’artillerie ont donc réellement existé.
Le film traite avec intelligence chacune des parties et montre par les images la curieuse trêve qui a pu avoir lieu entre des hommes que tout leur environnement préparait à s’entre-tuer ; l’humanité en chacun d’eux s’avère la plus forte, ne serait-ce que l’espace de cette fête, connue quel que soit le pays. Bénéficiant d’un casting européen de marque avec entre autre Diane Kruger, Guillaume Canet et Daniel Brühl, Joyeux Noël est une œuvre profondément émouvante et joliment racontée par Christian Carion, qui éveillera sans doute chez vous une petite lueur d’espoir pendant les Fêtes.
The Holiday, Nancy Meyers (2006)
Amanda, une californienne directrice d’une agence de publicité, et Iris, anglaise rédactrice dans un tabloïd, ont toutes les deux été déçues par les hommes et décident, alors qu’elles ne se connaissent pas, d’échanger leurs maisons par internet pour les vacances de Noël. Iris débarque alors dans une demeure de rêve à Los Angeles, tandis qu’Amanda découvre un petit cottage anglais sans prétention. Les deux jeunes femmes pensent pouvoir passer de paisibles vacances à l’abri de la gente masculine, mais cela ne se passera pas comme prévu…
Dans la lignée de Love Actually, The Holiday est une petite comédie sentimentale dont l’intrigue tourne autour des Fêtes de fin d’année. Le film dispose avant tout d’un bon casting comprenant Cameron Diaz, Kate Winslet, Jude Law et Jack Black. On retiendra également qu’il permit à Eli Wallach d’effectuer l’une des dernières apparitions remarquées au cinéma. Le scénario de The Holiday n’apporte rien de très original au genre de la comédie romantique, mais permet de passer un agréable moment et de se détendre pendant les vacances… Simplicité et légèreté sont au rendez-vous.
Le crime est notre affaire, Pascal Thomas (2008)
Prudence et Bélisaire Beresford coulent des jours heureux dans leur propriété. Alors que Prudence s’ennuie à mourir et rêve d’aventure, sa tante Babette, au cours d’un voyage en train pour lui rendre visite, est témoin d’un meurtre. Dans un train roulant à contre-sens de sa voie, elle aperçoit une femme se faire étrangler. Plus tard, Prudence découvre l’existence d’une propriété mystérieuse jouxtant l’endroit où le cadavre a probablement été jeté : la Vallée aux Loups, résidence de la famille Charpentier.
Le crime est notre affaire est sûrement la meilleure adaptation d’Agatha Christie réalisée par Pascal Thomas après Mon petit doigt m’a dit… (2005), et L’Heure zéro (2007). L’intrigue de base est une nouvelle fois abordée avec humour et dérision, et pourtant, le film est plus sombre que ses prédécesseurs, et ce, sur les plans scénaristique et esthétique. On retrouve, comme dans les films des années 70-80 adaptés de l’œuvre d’Agatha Christie, une pléiade de suspects ténébreux aux secrets les plus inavouables.
L’ambiance du film rappelle un peu celle de Huit Femmes, avec des décors particulièrement clichés, une mise en scène artificielle et l’ambiance faussement chaleureuse de Noël. Les chutes de neige sont d’un irréalisme et d’une kitscherie palpables… mais le résultat est divin. Le suspense est parfaitement maîtrisée et l’intrigue passionnante – bien plus compréhensible que celle de Mon petit doigt m’a dit... (2005). Le duo Frot-Dussolier est encore plus impayable que dans le premier opus et leurs chamailleries remarquablement désopilantes.
Un conte de Noël, Arnaud Despleschin (2008)
Voici un résumé de l’intrigue, quelque peu complexe de ce film d’Arnaud Despleschin : À l’origine, Abel et Junon eurent deux enfants, Joseph et Elizabeth. Atteint d’une maladie génétique rare, le petit Joseph devait recevoir une greffe de moelle osseuse. Elizabeth n’était pas compatible, ses parents conçurent alors un troisième enfant dans l’espoir de sauver Joseph. Mais Henri qui allait bientôt naître, lui non plus, ne pouvait rien pour son frère – et Joseph mourut à l’âge de sept ans. Après la naissance d’un petit dernier, Ivan, la famille Vuillard se remet doucement de la mort du premier-né. Les années ont passé, Elizabeth est devenue écrivain de théâtre à Paris. Henri court de bonnes affaires en faillites frauduleuses, et Ivan, l’adolescent au bord du gouffre, est devenu le père presque raisonnable de deux garçons étranges. Un jour fatal, Elizabeth, excédée par les abus de son mauvais frère, a « banni » Henri, solennellement. Plus personne ne sait exactement ce qui s’est passé, ni pourquoi. Henri a disparu, et la famille semble aujourd’hui dissoute. Seul Simon, le neveu de Junon, recueilli par sa tante à la mort de ses parents, maintient difficilement le semblant d’un lien entre les parents provinciaux, la soeur vertueuse, le frère incertain et le frère honni…
Dans cette maison surchargée, où des masques et des statuettes semblent, sans cesse, sourire des tourments de ceux qu’ils contemplent, les héros d’un conte de Noël, à la fois complexes et légers, nous séduisent d’autant plus qu’ils demeurent jusqu’au bout mystérieux. Comme dans la vie, les questions importent plus que les réponses. Et les doutes l’emportent sur les certitudes. Tout reste constamment ambigu. Plus il suit ses héros, plus Desplechin en accentue l’étrangeté. Il s’attarde, souvent sur les visages – celui de Deneuve, notamment, filmé sous des angles multiples –, pour suggérer, exactement comme un romancier avec ses mots, les différentes facettes d’un personnage. Un conte de Noël est un film loufoque très étonnant qui ne pourra que vous surprendre…
La rédaction vous souhaite un joyeux Noël, en espérant que cette liste vous aidera à choisir vos programmes.