A 25 ans, le patineur artistique Florent Amodio est l’un des plus jeunes retraités de France. Malgré son âge, son palmarès est impressionnant: Champion d’Europe en 2011, quadruple champion de France, sans compter les différents podiums.
Après des adieux émouvants et réussis sur la glace de Bratislava (Slovaquie), il s’est confié à Radio VL sur sa discipline et ses projets à venir.
Tu as 25 ans et déjà retraité. Pourquoi s’être arrêté si tôt ?
Beaucoup de facteurs entrent en compte dans cette décision compliquée à prendre. Mon objectif était d’être champion du monde ou champion olympique. Malheureusement, ce n’est pas possible car techniquement le fossé s’est creusé avec les concurrents. En revanche, sur le plan artistique, je suis « loin devant ». Le contact avec le public, c’est ce qui me plaît dans le patinage. J’ai du mal à faire les quadruples axels (ndlr :4 tours sur soi-même) sont très durs à réaliser pour moi alors que c’est quelque chose qui doit être facile.
Une deuxième vie s’offre à toi maintenant, que comptes-tu faire ?
J’ai un nouveau challenge en intégrant une école de journalisme. Je veux me lancer à fond dans ce nouveau métier. Grâce à l’INSEP (Insitutit national du sport, de l’expertise et de la performance), on bénéficie d’une formation sport et communication. Pour le patinage, dorénavant j’ai envie de profiter mais aussi de partager tout ce que j’ai vécu. Je souhaite aider les plus jeunes, en montant des chorégraphies, par exemple. Leur apprendre, qu’au-delà de la technique, qui doit être irréprochable certes, il faut donner de l’émotion au public. Il faut continuer à faire évoluer ce sport.
Florent Amodio, champion d’Europe en 2011
Que penses-tu de l’évolution du patinage artistique ?
Je me suis battu à chaque compétition pour faire avancer mon sport. J’ai tenté de faire évoluer les choses, bouger les lignes avec mon style, mon caractère, mes choix. Par exemple, je suis le premier à avoir utilisé des musiques avec paroles, ce qui était interdit, dans le but d’obtenir l’autorisation pour tout le monde. C’est dur à faire mais je m’y suis attelé tout au long de ma carrière.
Comment doit se renouveler cette discipline pour continuer à faire rêver, voire à exister?
Je regrette qu’il n’y ait pas beaucoup de patineurs comme moi, du moins pas assez. Au championnat d’Europe à Bratislava, je suis le seul avec avoir reçu une standing ovation. C’est lié à mon départ bien sûr mais aussi à mon style. L’évolution de la technique est incroyable, cela va à une vitesse incroyable mais on ne doit surtout pas oublier le côté artistique de la discipline, l’émotion et le spectacle. On a eu tendance à le délaisser. On pense moins au public et par conséquent il y a moins de spectateurs.
Vas-tu continuer à patiner, notamment lors de galas?
Bien sur, à fond ! C’est là où je m’épanouis. La compétition, c’est merveilleux mais patiner, danser dans des patinoires avec 20 000 personnes, c’est encore mieux. Faire la fête, c’est ce que les gens aiment dans le patinage. Je vais en profiter un maximum car j’ai vraiment envie de partager cette expérience.
Comment vit financièrement un patineur de haut niveau ?
Grâce à ce sport, j’ai découvert mes premières sommes d’argent importantes. Par rapport à d’autres sports, il faut le reconnaître : on est bien loti. Mais il faut le mériter. Etre appelé en gala ou par des promoteurs de gros show n’est pas donné à tout le monde. On doit avoir envie de partager avec le public. L’argent vient avec mais on ne doit pas penser à cela. Mon principal leitmotiv reste de faire aimer à n’importe qui le patinage artistique.
Si tu avais un conseil à donner aux jeunes à propos du patinage, quel serait-il ?
C’est la plus grande piste de danse pour faire des délires, le spectacle, le show. On a une scène incroyable de 60m par 30 mètres, dans des patinoires pouvant contenir jusqu’à 30 000 personnes. Il y a rien de mieux pour faire le spectacle.
Les adieux de Florent Amodio sur la glace de Bratislava (Slovaquie)
Crédits photo: sporth24.fr