Dans un article sorti le 3 janvier, le magazine hebdomadaire américain Newsweek s’est livré à une critique ouverte de la France, baptisée « France bashing », en réalité très commune dans les médias américains. Une réaction de masse plutôt ironique du côté français.
Un article pour le moins étonnant, qui fait réagir les médias français d’une manière résolument originale. Un article long de 119 lignes tout de même, où cohabitent pêle-mêle l’Edit de Nantes, les Huguenots, l’école alsacienne et les entrepreneurs. En gros, ça commence par un parallèle entre la France de François Hollande et celle de Louis XIV, quant à la « fuite des cerveaux » qu’ils auraient provoqué : Hollande avec les impôts, le Roi-Soleil avec la révocation de l’édit de Nantes.
Mais commençons par le commencement : qu’est-ce qu’un bashing ? C’est un terme venant de l’anglais (sans blague ?) « bash », signifiant « raclée », « gifle ». C’est une forme de défoulement, de dénigrement de quelqu’un sur un sujet particulier. On peut y rattacher l’expression aujourd’hui usuelle de « lynchage médiatique ».
Après ce point définition, revenons à l’article, et toujours sur ce curieux parallèle qui traverse les siècles. L’auteur, Janine di Giovanni, correspondant de l’hebdo à Paris (donc à priori bien placé pour connaître la situation de la France vue d’outre-Atlantique), estime que « les meilleurs penseurs de la France ont quitté le pays. Ce qui reste n’est que médiocrité ». Ou encore que « Le socialisme est en train de tuer la France ». Jusque là, rien de choquant, la liberté d’expression est encore un bien cher à la France, au moins il nous reste ça à défaut de garder nos fortunes. Mais quand on y rencontre « Fleur Pellegrin » (au lieu de Pellerin), ou qu’on apprend que nous sommes en vacances 7 mois par an, ou encore qu’il n’y a pas de définition en français pour le mot »entrepreneur », ça y est, on a plus envie de le prendre au sérieux. Les tweets moqueurs fusent sur Twitter, par milliers.
Allez, on ne va pas accabler plus longtemps Newsweek plus longtemps, ce serait leur rendre la pareille après cet affront. On va juste soulever une petite ironie du sort (vraiment du sort ?) : un an après l’arrêt de son édition papier, Newsweek est reparu sur print. Une décision étonnante quand on connaît le contexte actuel de la presse (surtout aux États-Unis), mais pas si surprenante que ça quand on connaît la nationalité du nouveau patron de Newsweek : quelle surprise, française ! Étienne Uzac, la trentaine, dirige IBT (International Business Time), qui a racheté Newsweek. Un certain masochisme de la part d’Étienne Uzac, ou une réelle volonté aux moyens colossaux de s’opposer à la politique de François Hollande ? Un peu des deux…
Cet article de Newsweek n’est pas sans rappeler le bashing de The Economist, qui avait titré « The time-bomb at the heart of Europe » en novembre 2012