Président en exercice le plus impopulaire de la Vème République, François Hollande a préféré renoncer à se présenter pour un second mandat. Retour sur les éléments déterminants de son quinquennat, symboles de son aveu d’échec.
« Moi président de la République, il y aura un code de déontologie pour les ministres, qui ne pourraient pas rentrer dans un conflit d’intérêts. »
19 mars 2013 : Séisme au sein du gouvernement. Jérôme Cahuzac, alors Ministre du Budget, démissionne après l’ouverture d’une enquête judiciaire pour blanchiment de fraude fiscale. Il jure alors « les yeux dans les yeux » qu’il est innocent… jusqu’au 2 avril, où il avouera détenir un compte non déclaré en Suisse. Son engagement concernant une République irréprochable prend donc déjà du plomb dans l’aile.
« Moi président de la République, j’essaierai d’avoir de la hauteur de vue, pour fixer les grandes orientations, les grandes impulsions, mais en même temps je ne m’occuperai pas de tout, et j’aurai toujours le souci de la proximité avec les Français. »
23 avril 2013 : Cette date sonne la fin du débat. La loi autorisant le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels est adoptée à l’Assemblée Nationale. Mais à quel prix ? L’affrontement est direct et sans concession. Il se met en première ligne de ce combat. L’image du Président est considérablement écornée par sa gestion de l’événement. Il a généré un mouvement social d’une ampleur sans égal depuis la Seconde Guerre Mondiale. En effet, plus d’un million de Français s’est mobilisé contre la loi pendant des semaines durant. La proximité avec les Français a simplement disparu à cet instant du quinquennat.
« Je n’ai qu’un seul regret : avoir proposé la déchéance de nationalité »
13 novembre 2015 : Une nouvelle vague d’attentats frappe la France en ce soir de Novembre. Bilan : plus de 300 blessés et 130 morts. François Hollande veut frapper fort contre les djihadistes. Après avoir convoqué les différents chefs de partis à l’Elysée (dont Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy), il propose la déchéance de nationalité aux binationaux condamnés en France pour terrorisme. Cette mesure a fait un tollé à gauche. Après plusieurs mois de polémiques publiques autour de cette mesure, qui a entraîné le départ de Christiane Taubira, le Président fait machine arrière. Encore une hésitation qui lui a été fatale, puisqu’elle a déçu encore un peu plus les électeurs de son bord politique.
Je n’ai qu’un seul regret et c’est d’avoir proposé la déchéance de la nationalité. Je pensais qu’elle pouvait nous unir, elle nous a divisé
— François Hollande (@fhollande) 1 décembre 2016
« Moi président de la République, je ferai en sorte que les partenaires sociaux puissent être considérés, aussi bien les organisations professionnelles que les syndicats, et que nous puissions avoir régulièrement une discussion pour savoir ce qui relève de la loi, ce qui relève de la négociation. »
20 juillet 2016 : Cette date marque la rupture définitive entre l’électorat socialiste et François Hollande. Il s’agit de l’adoption de la loi El-Khomri, communément appelée loi travail. Après 5 mois de combats politiques entre les syndicats et le gouvernement et trois recours à l’article 49.3 de la Constitution pour l’adopter, le dialogue social s’est enlisé. Et sans retour possible. François Hollande a franchi la ligne rouge une fois de trop. Surtout quand les chiffres du chômage sont encore en hausse, après s’être personnellement engagé en 2013 pour inverser la courbe…
« Moi président de la République, je ferai en sorte que mon comportement soit en chaque instant exemplaire. »
12 octobre 2016 : Déjà mal embarqué dans les sondages à la rentrée 2016, le livre Un président ne devrait pas dire ça, de Fabrice Lhomme et Gérard Davet a sonné le glas de son quinquennat. Des magistrats « lâches », des footballeurs qui auraient besoin de « muscler leur cerveau », des déclarations qui relèvent du secret d’État. Bref, de quoi nourrir des polémiques dans chaque institution présente en France. Décrié, désavoué, parfois bafoué au sein d’une société qui le rejette, François Hollande aura lui-même tiré la dernière balle de ce suicide politique.
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