Hier François Hollande effectuait sa dernière visite officielle dans un pays des Caraïbes, à Haïti plus précisément. Une visite historique également car c’est la première fois qu’un président français se rendait en visite officielle dans la République d’Haïti, ancienne colonie française de Saint-Domingue (Nicolas Sarkozy était venu quelques heures en 2010 suite au séisme).
Des manifestations mais un discours officiel bien reçu
A son arrivée, le président a été reçu par de nombreux manifestants à Port-au-Prince qui exigeaient le remboursement de la dette imposée à Haiti par la France en 1804 avec des slogans tels que « l’argent oui, la morale non », « Vive restitution », « à bas la France »…
Sa visite avait pour but de renforcer la coopération et de soutenir la reconstruction de ce pays après le tremblement de terre qui ravagea l’île le 12 janvier 2010 puisque cinq ans après ce séisme majeur le pays peine à se reconstruire. Les deux chefs d’Etats ont visité le musée du Panthéon national haïtien puis ils ont prononcé un discours sur la place du champ de mars devant la statue de Toussaint Louverture, père de l’indépendance. Dans son discours, Michel Martelly a dit « j’invite la France à un véritable Plan Marshall pour l’éducation« . Et François Hollande a répondu : « Vous ne demandez pas d’aide, mais du développement. Vous n’avez pas besoin d’assistance, vous demandez de l’investissement » en précisant que la France va soutenir Haïti en matière d’éducation et de formation. Des accords ont été signés pour renforcer les échanges économiques entre les deux pays notamment depuis les départements et régions d’outre-mer français (DROM) dans les Caraïbes, Guadeloupe et Martinique. Le discours du président français fut finalement très applaudi.
François Hollande a également inauguré l’hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti (HUEH), dont la reconstruction fut financée par la France et les Etats-Unis d’Amérique, en compagnie de l’acteur étasunien Sean Penn. L’acteur est d’ailleurs rentré avec François Hollande en France pour se rendre au festival de Cannes.
La question historique
Mais le volet historique de cette visite a également dû être évoqué. En effet, lors de son passage en Guadeloupe et de l’inauguration du Mémorial ACTe à Pointe-à-Pitre, François Hollande avait souligné « l’exceptionnel combat pour la liberté d’Haïti » et affirmé : « quand je viendrai à Haïti, j’acquitterai à mon tour la dette que nous avons« . Tout le monde pensait que la France allait donc s’acquitter financièrement de la dette imposée à la jeune république suite à l’indépendance de 1804. Mais non, l’Elysée a vite rectifié, le président Hollande parlait de la dette « morale ». Cette dette fut imposée par la France à la toute jeune république lors de son indépendance, Haïti avait dû s’acquitter d’une rente de 150 millions de francs-or pour dédommager les pertes des colons esclavagistes (somme qui serait aujourd’hui égale à 17 milliards d’euros). Cependant il a évoqué « ce passé douloureux de la traite et de l’esclavage » et souhaite que la France « regarde son histoire en face » tout en précisant que « l’irréparable ne peut pas être réparé ». Enfin, il a voulu délivrer un message sur l’avenir « Bien sûr, il y a l’histoire, on ne peut pas changer l’histoire, mais on peut changer l’avenir, c’est ce que je suis venu vous dire« .
Cette visite officielle du président français a eu lieu durant l’entrée du pays dans une période de campagne électorale. Michel Martelly, ancien musicien et président d’Haïti depuis 2011, voit sa présidence entachée par plusieurs scandales et compte de nombreux opposants.
Par cette visite, François Hollande a clos sa tournée dans les Caraïbes (avec des visites dans les territoires français : Saint-Barthélemy, en Martinique, en Guadeloupe ; puis à Cuba et à Haïti).